Un Néerlandais au chevet des derniers éléphants vietnamiens

Le vétérinaire néerlandais Willem Schaftenarr a consacré sa vie à soigner les animaux sauvages. En 2015, il a débarqué au Vietnam avec la ferme intention de s’occuper de ses derniers éléphants.

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Les éléphants ont été victimes d’un braconnage.
Photo : Duong Giang/VNA/CVN

Depuis deux ans, rien ne peut dissuader Willem Schaftenarr de retourner dans le Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre) plusieurs fois par an. Non pour faire du tourisme, mais pour soutenir les vétérinaires et cornacs vietnamiens dans les soins aux derniers éléphants domestiques. Ce sexagénaire part régulièrement faire des interventions à l’étranger quand les vétérinaires locaux n’ont pas le matériel ou les compétences nécessaires.

«Mon métier demande beaucoup de sacrifices. Je suis souvent absent. Heureusement, ma femme et ma fille m’encouragent !», confie Willem Schaftenarr, le sourire aux lèvres.

Un vétérinaire sincère et dévoué

Pourquoi a-t-il choisi le Vietnam ? «On ne s’intéresse pas à la protection des éléphants vietnamiens, bien qu’ils soient proches de l’extinction. Je suis au regret de dire cela, mais c’est la triste réalité», répond tout de go le Néerlandais.

Willem Schaftenarr est aujourd’hui bien connu dans le village de Dôn, niché dans le district de Buôn Dôn de la province de Dak Lak. L’image du maigre vétérinaire étranger aux cheveux gris soignant les éléphants dans la touffeur estivale a ému bien des locaux.

Deux ou trois fois par an, Willem Schaftenarr s’envole pour le Vietnam afin d’y soigner les derniers éléphants.
Photo : Thái Bá Dung/CVN

«C’est la troisième fois que je viens au village de Dôn. Les deux précédentes pour traiter un éléphant, baptisé Jun, qui était tombé dans un piège en forêt, et pour examiner les travaux de préservation des éléphants sauvages de la province de Dak Lak», raconte-t-il.

Le Néerlandais a dévoilé avec enthousiasme et précision les activités de sauvegarde des éléphants auxquelles il a pris part au Vietnam, à commencer par l’opération de Jun. Il a beaucoup de souvenirs avec ce dernier. Pour le sauver, il a passé plusieurs semaines à ses côtés.

Selon Huynh Trung Luân, directeur du Centre de protection des éléphants de Dak Lak, en avril 2015, son centre a récupéré Jun qui était en piteux état. Il avait des ulcères à la trompe et l’une de ses pattes était blessée. La gangrène menaçait. Jun ne pouvait plus marcher. Devant la gravité de la situation, les responsables du Centre ont fait appel à des experts étrangers. «J’ai immédiatement pensé au vétérinaire Willem Schaftenarr, confie Huynh Trung Luân. En apprenant la nouvelle, il a promis de venir nous aider dès que possible. Quelques jours plus tard, il est arrivé».

Rapidement, le vétérinaire a identifié aux rayons X un objet étranger dans la patte de Jun. «Lorsque j’ai tiré ce fil de fer barbelé, j’ai été assez choqué», se souvient-il.

En 2015, Willem Schaftenarr a débarqué au Vietnam avec la ferme intention de s’occuper de ses derniers éléphants.
Photo : TT/CVN

Aux yeux de ses confrères vietnamiens, Willem est un vétérinaire simple, sincère et dévoué. Il a apporté de grandes contributions à l’amélioration de l’état de santé des éléphants de Dak Lak. Il leur a transmis non seulement ses expériences professionnelles, mais aussi son savoir-faire sur tous les plans.

Éléphants sans défenses

De retour aux Pays-Bas, Willem Schaftenarr est resté en contact avec ses collègues du Centre de protection des éléphants de Dak Lak, et les a conseillés par e-mail lors d’opérations. Plusieurs fois par an, il vient au Vietnam, sur ses propres deniers, afin de suivre le développement de l’établissement comme l’état de santé de ses pensionnaires.

Lors de sa visite au village de Dôn en juillet 2015, il a opéré Thoong Ngân, l’un des plus beaux éléphants du village, qui avait frôlé la mort à cause de criminels qui souhaitaient le délester de ses magnifiques défenses.

Willem Schaftenarr est guère optimiste quant à l’avenir des éléphants vietnamiens, aussi bien les spécimens domestiques que sauvages. «Vous êtes à présent dans une situation où la reproduction de vos éléphants est devenu problématique», se lamente-t-il. Les derniers éléphants domestiques sont principalement utilisés pour transporter les touristes dans les forêts des hautes terres centrales du Vietnam. Mais ils sont trop exploités pour avoir le temps de s’accoupler et passent trop de temps enchaînés quand ils ne travaillent pas. Les données montrent que la population d’éléphants domestiques de Dak Lak a connu une forte baisse, passant de 500 en 1980 à seulement 43 en mars 2016. Leurs congénères sauvages ne sont plus que 70 dans tout le pays contre 1.500-2.000 en 1980, disséminés dans de petites hardes, et menacés de toute part par la fragmentation de leur habitat, la déforestation et le braconnage. «Vous avez commencé à résoudre ce problème. Mais il faudra un changement radical. Si cette situation ne s’améliore pas, les éléphants disparaîtront du Vietnam dans 10-15 ans», alerte-t-il.

Phuong Nga/CVN

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