Un membre du Parti communiste français apprécie la politique diplomatique du Vietnam

"Le Vietnam mène une diplomatie très active et constructive". C’est ce qu’a observé Denis Rondepierre, membre de l'Exécutif national du Parti communiste français (PCF), à la veille du 76e anniversaire de l’établissement de la diplomatie vietnamienne (28 août) et de la 76e Fête nationale du Vietnam (2 septembre), lors d'une interview à l'Agence Vietnamienne d'Information.

Denis Rondepierre, membre de l’Exécutif national du Parti communiste français (PCF).
Photo : VNA/CVN

Plusieurs experts estiment que le Vietnam est l'un des acteurs dynamiques de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) et un pays actif dans la région Asie-Pacifique. Les activités du Vietnam en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies contribuent à rehausser sa position et son prestige dans la communauté internationale. Qu'en pensez-vous ?

Le Vietnam mène une diplomatie très active et constructive.

Son adhésion à l’ASEAN en 1995 a marqué son processus d’intégration régionale et mis fin à son isolement.

Le pays a apporté des contributions notables au développement de cette association. Il a activement promu l’admission du Laos, du Myanmar et du Cambodge et cette "maison commune" regroupe aujourd’hui plus de 630 millions de personnes. L’ASEAN s’est fortement développée pour devenir la 5e région économique au monde.

Le Vietnam joue aussi un rôle central dans la détermination des objectifs et orientations de développement, ainsi que dans l'élaboration des principales politiques de l’organisation régionale, telles que "Vision 2020", "Charte et Feuille de route de l’édification de la Communauté de l’ASEAN 2015", et de nombreux autres accords importants dont la connexion et la réduction des écarts de développement. Il a également participé activement à l’élaboration de la Vision communautaire ASEAN 2025, dans le but d’approfondir la connectivité et de jouer un rôle plus important dans la région.

L’année 2020 a marqué une étape capitale, puisque le Vietnam a assumé la présidence tournante du bloc régional. Le pays a rapidement privilégié la lutte contre la pandémie de COVID-19 dans l’agenda 2020, dont l’un des thèmes était "cohésion et réactivité", deux qualités qui se sont avérées indispensables pour affronter une année marquée par la crise sanitaire et économique due à l'épidémie.

Le 15 novembre 2020, lors de la dernière journée du 37e Sommet de l'ASEAN, tenu en visioconférence et sous la présidence de Hanoï, a été signé, après huit ans d’âpres négociations, le Partenariat régional économique global (Regional Comprehensive Economic Partnership - RCEP) par les dix pays de l’ASEAN et la Chine, le Japon, la République de Corée, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Les 15 pays d'Asie-Pacifique concernés regroupent 2,2 milliards de personnes. C’est un succès diplomatique pour le Vietnam.

En avril 2021, assumant la présidence du Conseil de sécurité de l'ONU, le Vietnam a proposé un agenda mensuel dont 15 réunions publiques et 10 à huis clos sur les questions relatives à la paix et à la sécurité internationales telles que la situation au Moyen-Orient, la Syrie, le Yémen, le Soudan, le Soudan du Sud, le Mali, la région des Grands Lacs, le Sahara occidental, la Colombie et le Kosovo.

Le Conseil de sécurité a adopté quatre débats ouverts présidés par le Vietnam, sur le règlement des conséquences des mines (8 avril), les violences sexuelles dans les conflits armés (14 avril), la coopération entre les Nations unies et les institutions dans différentes régions et sous-régions (19 avril) et la protection des infrastructures essentielles (27 avril).

Le 24 juin, le Vietnam a voté en faveur de la Résolution de l'ONU contre l’embargo économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis.

Ce sont autant d'empreintes importantes du Vietnam sur la scène internationale.

Que pensez-vous des performances vietnamiennes dans le domaine des affaires extérieures ?

2020 était une année historique pour le Vietnam en matière d'ouverture économique.

Le 1er août 2020, l'Accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Vietnam (EVFTA) est entré en vigueur avec l'objectif de supprimer 99% des droits de douane bilatéraux d'ici 2030. Signé conjointement à l’Accord de protection des investissements (EVIPA), l’EVFTA a été ratifié par 63% des voix au Parlement européen le 12 février 2020, puis par 100% des suffrages à l’Assemblée nationale du Vietnam le 8 juin 2020. Après Singapour, le Vietnam est donc le deuxième pays d’Asie du Sud-Est à signer un accord de libre-échange avec la coalition des 27. Selon une estimation de la Banque mondiale, cet accord commercial serait susceptible d’accroître les exportations du Vietnam de 12% d'ici 2030.

Avec la signature du RCEP, le Vietnam aura bientôt des liens commerciaux privilégiés avec deux zones représentant ensemble près de 50% du PIB mondial.

Nous nous réjouissons de ce développement économique positif et appelons de vœux le renforcement des coopérations entre le Vietnam et la France. Nous continuerons pour part d’y œuvrer.

Contrôle de la qualité des vêtements destinés à l'exportation vers l'Union européenne de la Compagnie de confection de Thai Nguyên (Nord).
Photo : Trân Viêt/VNA/CVN

Que pensez-vous des relations entre le Vietnam et la France ? Et quels sont leurs potentiels ?

La France partage une histoire complexe avec le Vietnam et la normalisation de leurs relations a été longue. Aujourd’hui, les échanges commerciaux entre nos deux pays se concentrent sur quelques secteurs clés : aéronautique, pharmaceutique, agroalimentaire (vers le Vietnam), électronique et textile (vers la France). De nombreuses entreprises françaises ont fait le choix de s’installer au Vietnam pour son marché domestique et son environnement régional, séduites notamment par sa croissance moyenne de 7,2% ces dix dernières années et sa position géographique centrale.

La France et le Vietnam sont liés par un partenariat stratégique et ces liens se sont renforcés au fil des années. Fin 2020, la France était le 3e pays européen investisseur au Vietnam, derrière les Pays-Bas (10e) et le Royaume-Uni (15e). Au niveau mondial, notre pays se classe à la 16e place avec 614 projets pour un montant total de 3,6 milliards USD.

Au-delà des relations économiques et commerciales, d’autres partenariats devraient se développer, notamment dans la lutte contre le changement climatique auquel le Vietnam est particulièrement exposé. Le Vietnam souhaite développer davantage les énergies renouvelables dans le cadre de sa politique sur la croissance verte initiée en 2011. La France pourrait apporter plus largement son savoir-faire dans domaine.

Alors que le Vietnam s'organise pour relever le défi de la vaccination anti-COVID, la France a toute sa place à prendre pour participer à la fourniture de vaccins et à la levée des droits d’exploitation des brevets.

Dans le domaine de la francophonie, le Vietnam est apte à jouer un rôle pivot dans les relations entre l’Asie et l’Europe.

Les liens franco-vietnamiens sont historiquement marqués par la qualité des relations, des échanges, de la solidarité entre le Parti communise du Vietnam (PCV) et le PCF. Le renforcement et le développement de cette coopération recouvrent des objectifs concrets que nous avons à cœur de réaliser.

Propos recueillis par Thu Hà NGUYÊN/CVN

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