Un maître de vovinam et ses fleurs immortelles

Nguyên Công Hoá réussit le tour de force de conserver des fleurs depuis des années. Grâce à un traitement spécial - et secret -, il parvient à garder toute leur fraîcheur et leur éclat. Ce magicien, qui a mis au point l'élixir d'immortalité florale, vit à Ðà Lat, province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre).

Nguyên Công Hoá est maître de vovinam, art martial traditionnel vietnamien. Lors du 3e Festival floral de Ðà Lat, il a établi un record inédit : réaliser un tableau de 1.000 roses conservées fraîches grâce à des produits chimiques fabriqués par ses soins.

En l'honneur de la Grande fête du Millénaire de Thang Long-Hanoi, 1.000 roses fraîches aux pétales veloutés ont été placées en fonction de leurs coloris afin de représenter un paysage de Ðà Lat. Cette oeuvre d'art, unique en son genre, a littéralement ensorcelé les spectateurs. Pour Huynh Thanh Sang, du Conseil de reconnaissance des records Guinness du Vietnam, "elle a suscité une très vive curiosité et beaucoup d'admiration". Après des années de travail au sein de ce conseil, c'est la première fois qu'il voyait un tableau végétal utilisant une telle matière, en l'occurrence des roses et de nombreuses autres espèces de fleurs coupées depuis un long moment, mais restées fraîches somme si elles avaient été cueillies le jour même. "Les autres records que nous avons homologués étaient des compositions de fleurs fraîches ou séchées, mais jamais de fleurs conservées fraîches comme cette fois-ci", dit-il, admiratif.

En considérant son œuvre, l'artisan Nguyên Công Hoá confie : "Cinq ans après avoir réussi à conserver en l'état mes premières roses, je peux désormais faire la même chose avec 16 autres espèces. Et ce tableau est la première œuvre qui les réunit toutes ! Je l'emmènerai à la Grande fête du Millénaire de Thang Long-Hanoi".

Roses et arts martiaux

Nguyên Công Hoá, qui a grandi dans le célèbre village floral de Van Thành, à Ðà Lat, a une autre passion : les arts martiaux. Dans cette région horticole, tout le monde connaît le maître Hoá, expert en conservation des fleurs et président de l'Association de vovinam de Lâm Ðông.

Les premiers jours où il a commencé à pratiquer ce sport sont aussi ceux où il a fait ses premières armes dans l'entretien des rosiers… Voilà bientôt quelques dizaines d'années que ses cheveux sont devenus blancs, mais, malgré les vicissitudes de la vie, brille toujours en lui ce feu de vouloir "faire quelque chose pour les fleurs".

Sa maison regorge de fleurs. Roses, chrysanthèmes, œillets, fleurs de frangipanier… Au bout des tiges déjà sèches, les fleurs conservent encore toute leur fraîcheur, leurs formes et leur éclat. On reste ébahi devant le talent de cet artisan. Même les premières fleurs traitées il y a 5 ans gardent encore cette douceur et cette beauté naturelle comme si elles venaient tout juste d'être coupées. Concernant leur longévité, M. Hoá sourit : "Le temps nous donnera la réponse…".

Déjà 30 ans que l'enfant de Bình Ðinh (Centre), province surnommée "la terre des arts martiaux", est installé à Ðà Lat. Peut-être que pour bien des gens, il paraît difficile d'associer horticulture, contemplation des fleurs et arts martiaux, comme il en est de la rigidité et de la souplesse, mais pour lui, au contraire, ces 2 arts sont en parfaite harmonie et s'équilibrent parfaitement… La volonté dans l'esprit des arts martiaux a excité la passion et la conquête de la beauté des fleurs en lui. "Mon amour pour les fleurs m'a poussé à chercher à immortaliser leurs moments les plus beaux", exprime-t-il.

Ne voulant pas voir les fleurs qu'il avait cultivées se faner à l'issue des réjouissances (anniversaires, mariages...), en particulier les roses, considérées comme le symbole de l'amour immortel, Nguyên Công Hoá s'est mis à rechercher un procédé permettant de conserver leur éclat. Il s'est donné beaucoup de mal pour soigner plus de 60.000 plantes à fleurs dans son jardin, de la culture à la floraison. Actuellement, les fleurs conservées fraîches peuvent avoir tous les coloris qu'il souhaite leur donner : vert, rouge, brun, jaune... Nguyên Công Hóa est le premier artisan vietnamien à avoir découvert "l'élixir de jouvence" pour les fleurs fraîches.

Les potentialités des fleurs de Ðà Lat ne sont pas encore exploitées à plein régime

Dans le cadre du 3e Festival floral de Ðà Lat 2010, a eu lieu un symposium sur les fleurs de cette capitale provinciale de Lâm Ðông (hauts plateaux du Centre).

De nombreux conférenciers ont fait part de leur appréciation à propos de la qualité des fleurs de Ðà Lat, grâce notamment aux conditions climatiques particulières qui y règnent. Selon un représentant du Service des sciences et des technologies de Lâm Ðông, la superficie totale des serres pour l'horticulture à Ðà Lat occupe 1.200 ha, soit la plus importante de la région d'Asie du Sud-Est. Environ 80% de sa production florale sont exportés. Ayant une valeur économique plus élevée que les autres cultures, l'horticulture dans la ville de Ðà Lat contribue à hauteur de 10% au PIB provincial.

Cependant, entreprises et horticulteurs estiment que les potentialités des fleurs de Ðà Lat ne sont pas encore toutes exploitées. Cette situation est due notamment à la réduction de la superficie des terres cultivables et aux modestes prêts à court terme (1-2 milliards de dôngs) accordés aux horticulteurs et entreprises de petite envergure, par rapport à l'investissement nécessaire pour les serres (au moins 7-9 milliards de dôngs/ha). De plus, le manque d'informations, de connaissances et de savoir-faire observé chez certains horticulteurs nuit à la production des fleurs fraîches de Ðà Lat.

Hông Nga/CVN

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