>>Turquie : au moins 30 morts dans un attentat contre un mariage
>>Le PKK reprend sa violente campagne d'attentats après le putsch
Dégâts sur le site de l'attentat meurtrier en plein mariage, le 21 août à Gaziantep, en Turquie. |
Recep Tayyip Erdogan a déclaré que l'attentat commis dans le centre de cette grande ville, le pire de l'année en Turquie, avait été perpétré par "un kamikaze qui avait entre 12 et 14 ans et qui soit s'est fait exploser, soit portait des explosifs actionnés à distance". Comme il l'avait fait dans la nuit, le président a réaffirmé, devant la presse à Istanbul, qu'il soupçonnait l'EI.
L'utilisation d'enfants ou d'adolescents comme kamikazes est apparemment une première dans la vague d'attentats particulièrement meurtriers qui secouent la Turquie depuis un an et sont imputés aux jihadistes de l'EI ou à la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le chef de l'État a indiqué que 69 personnes étaient toujours hospitalisées, parmi lesquelles 17 dans un état critique, dans la ville située à 60 km de la frontière syrienne.
"Un grand nombre des blessés sont des femmes et des enfants", a dit le ministre de la Santé, Recep Akdag.
"D'où que vienne la terreur, cela ne change rien pour nous", a déclaré M. Erdogan. "En tant que nation, nous utiliserons toute notre force, unis, main dans la main, pour lutter contre le terrorisme comme nous l'avons fait le 15 juillet", a-t-il ajouté, en référence au putsch raté.
Les restes d'une veste d'explosifs ont été retrouvés sur les lieux, avait annoncé peu auparavant le parquet, confirmant la thèse d'un attentat-suicide.
L'attentat a visé un mariage auquel assistaient de nombreux Kurdes, dont certains ont manifesté le 21 août leur colère contre le gouvernement, lors des enterrements de 37 victimes.
"Bain de sang"
M. Erdogan, qui s'est beaucoup plaint du manque de solidarité des Occidentaux après le putsch avorté, a vu les messages de solidarité affluer rapidement des États-Unis, de France, d'Allemagne, de l'Union européenne, mais aussi de l'OTAN, de la Russie et du Vatican, ainsi que des engagements à renforcer la lutte conjointe contre le terrorisme.
Un responsable turc a indiqué que le mariage "se déroulait en plein air" et dans un quartier du centre de Gaziantep à forte population kurde, donnant du crédit à la piste jihadiste.
Les mariés, originaire de la région kurde de Siirt qu'ils avaient quittée pour fuir les violences, ont survécu au carnage.
"Ils ont transformé notre mariage en bain de sang", a déclaré à l'agence Anadolu la mariée Besna Akdogan, alternant crises de larmes et d'évanouissement depuis le drame. Légèrement blessée, elle a dû être à nouveau hospitalisée le 21 août en raison de son grand état de faiblesse.
D'après l'agence de presse Dogan, le kamikaze s'est mêlé aux invités avant d'actionner sa charge. Les forces de sécurité recherchaient deux personnes qui l'accompagnaient.
Des témoins ont livré des descriptions effroyables de la scène. "Lorsque nous sommes arrivés il y avait des tas de morts, une vingtaine, des personnes (avec) la tête, le bras, la main éparpillés sur le sol", a dit un homme.
"Regardez, ce sont les morceaux de ferraille qui sont entrés dans les corps de nos proches, ces billes les ont tués, il n'y a plus rien à dire", a déclaré un autre.
Sur les lieux de l'explosion, de nombreux bâtiments proches ont eu les vitres brisées par le souffle. Ici et là traînaient des chaussures ou chaussons d'enfants.
M. Erdogan a jugé que les auteurs de l'attaque avaient pour objectif de semer la division entre les différents groupes ethniques en Turquie.
AFP/VNA/CVN