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>>Jeux mondiaux : une vietnamienne médaillée d’or en muay-thaï
Bùi Yên Ly a l’ambition de remporter l’or aux SEA Games 31 prévus en 2021 au Vietnam. |
Photo : CTV/CVN |
Un matin d’octobre, la boxeuse de Muay thaï Bùi Yên Ly range et arrange ses quelque 30 médailles et souvenirs de compétition. Elle en prend bien soin, elle qui pratique depuis dix ans ce sport de combat créé à la base pour les militaires thaïlandais au XVIe siècle.
Parmi ces nombreux exploits sportifs, une médaille d’or qu’elle a remportée lors du Championnat du monde de Muay thaï IFMA (Fédération Internationale des Associations de Muay thaï, appelée Fédération Internationale de Muay thaï Amateur), tenu en juillet 2019 à Bangkok. La boxeuse vietnamienne avait effectivement dû affronter Ekaterina Gurina, une grande combattante russe particulièrement coriace, après trois matches qu’elle avait réussi à dominer.
La même année, Bùi Yên Ly a aussi reçu le titre de meilleure boxeuse féminine de l’IFMA.
Sacrée championne du monde à cinq reprises, elle a également remporté deux médailles d’or à deux Jeux d’Asie du Sud-Est (SEA Games), une de bronze au Championnat d’Asie organisé en 2019 aux Émirats arabes unis et une d’argent au Championnat du monde de Muay thaï IFMA 2018 au Mexique.
"Après des années à avoir reçu des coups de poing, j’ai enfin été reconnue internationalement", sourit Bùi Yên Ly, pleine de satisfaction.
Souffrir pour être performante
Bien qu’elle ait toujours été passionnée d’arts martiaux, Yên Ly est finalement devenue boxeuse de Muay thaï un peu par hasard. En effet, il y a dix ans, elle a participé à un petit tournoi tenu à Bac Giang (Nord), sa province d’origine, et a immédiatement attiré l’attention des entraîneurs de l’équipe de Hanoï qui ont vu en elle un "diamant brut" de par ses aptitudes physiques, notamment ses puissants coups de poing.
Bùi Yên Ly est connue comme l’une des plus grandes combattantes de Muay thaï au niveau international. |
Photo : CTV/CVN |
À l’époque, le Muay thaï n’était pas très populaire, considéré par beaucoup comme une discipline cruelle qui "laissait l’adversaire s’effondrer sur le sol". Les parents de Yên Ly ne faisaient par ailleurs pas exception, mais voyant la passion de leur enfant, ils ont fini par la laisser poursuivre son rêve.
Au début, la jeune fille était sujette à des évanouissements, des saignements de nez, avait les gencives boursouflées, les mains et les pieds contusionnés. Mais plutôt que de se décourager, elle a su apprendre à accepter la douleur en pratiquant et en se passionnant de plus en plus pour la discipline. "Mon objectif était de décrocher au moins un coup de poing même si je devais finir par perdre", confie-t-elle.
Afin d’augmenter la force de ses coups de pieds, Yên Ly s’est entraînée sur des pneus de camion qui subissaient environ 500 coups par séance. "J’ai continué à m’entraîner à frapper pour pouvoir atteindre mes cibles, même les yeux fermés".
La boxeuse a ensuite commencé un régime et un entraînement rigoureux basés sur la sueur pour perdre du poids. Au Championnat du monde en 2019, Yên Ly est passée de 62 kg à 51 kg en deux mois, ce qui lui a coûté une certaine quantité d’énergie.
"En fait, je trouve le régime beaucoup plus difficile que la compétition. J’ai faim après l’entraînement et je dois manger pour reprendre des forces. Mais je prendrais du poids si je mangeais trop car tous les boxeurs doivent être pesés avant un match. Ils seront automatiquement disqualifiés s’ils dépassent le poids de leur catégorie", explique Ly.
Une tactique payante
Collection de médailles de Bùi Yên Ly. |
Photo : Zing/CVN |
Elle a également pratiqué avec des sacs de sable et des haltères pour augmenter la puissance de ses attaques et a fait des pompes pour tonifier ses abdos.
La jeune boxeuse a des objectifs bien précis qu’elle ne perd pas de vue et vise des tournois présentant des catégories de poids plus élevées. "Ma passion grandit chaque fois que je gagne une nouvelle médaille", dévoile-t-elle.
Le Muay thaï permet d’utiliser ses mains et ses poings comme dans la boxe, ses jambes comme dans le karaté et les mêmes rotations et verrous que dans le judo et l’aïkido. Chaque séance d’entraînement peut brûler plus de 1.000 kcal, offrant aux athlètes un équilibre, une souplesse et une forme physique acérés.
La fille de 1,7 m aux 54 kg et aux cheveux courts est souvent identifiée à tort comme un garçon à l’extérieur des rings. "Je ne fais pas trop attention à mon apparence. L’important est que cela aide ma performance. Il est difficile d’avoir les cheveux longs en compétition", explique Yên Ly.
En novembre 2010, elle a participé à une compétition nationale dans la catégorie des moins de 48 kg, remportant la première médaille d’or de sa carrière. Depuis, elle a connu un vif succès au Vietnam comme à l’étranger en obtenant une série de victoires importantes.
Le secret de Yên Ly réside dans le fait de toujours faire des recherches sur ses adversaires avant de décider d’un plan de match. Lors des tournois internationaux, par exemple, ses adversaires sont souvent physiquement plus forts et nécessitent donc de privilégier la défense à l’attaque.
Actuellement, Yên Ly se concentre sur les SEA Games 2021, prévus du 21 novembre au 2 décembre au Vietnam. Bien qu’elle ait déjà remporté deux médailles d’or lors de ces jeux régionaux, l’édition 2021 sera plus spéciale puisqu’elle combattra à domicile.
"Mon souhait est de remporter la médaille d’or, de chanter l’hymne national en regardant le drapeau rouge avec l’étoile jaune au milieu hissé au plus haut", partage Ly, pleine d’étoiles dans les yeux.