Muranushi Ryu (Muranushi Luu) peut confirmer l'adage "Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années". En effet, le gamin a déjà 2 expositions personnelles à son actif et un prix dans un concours de peinture au Japon. Située dans la rue Trân Thúc Nhân, à Huê, sa maison de 3 étages est devenue une galerie remplie des œuvres du jeune talent en herbe.
Muranushi Luu est le 3e fils d'un professeur japonais d'une université à Tokyo. Selon sa mère vietnamienne, Nguyên Thi Câm, dès tout petit, Luu s'est passionné pour les livres et l'observation des animaux. Ses premiers jouets étaient d'ailleurs des livres illustrés. À l'âge de 6 ans, il a commencé à gribouiller des animaux. "Je peins très mal, explique sa mère, mais j'aime bien regarder ses dessins. J'ai gardé ses premiers crayons pour suivre son parcours. Je regarde chacun de ses dessins et je lui donne mon avis".
À 7 ans, Luu avait déjà une petite collection de dessins. Avec comme principal sujet d'inspiration : les animaux. Le petit peintre a notamment bien rendu 2 vers du poète Luu Trong Lu dans Tiêng thu (La voix de l'automne) : "Le jaune faon désorienté marche sur les feuilles mortes" (Con nai vàng ngo ngác, dap trên lá vàng khô), grâce aux explications de sa mère. Il a représenté un faon au milieu de la forêt, la tête tournée vers l'arrière, le regard hagard mouillé de larmes, des feuilles sèches volant au ras du sol sous les pas de l'animal...
Un autodidacte qui souhaite le rester
Un an plus tard, grâce à du matériel envoyé par son père du Japon, Luu parfait sa technique. Mme Câm l'emmène au Centre de l'enfance et de la jeunesse de la ville pour qu'il apprenne le dessin. Mais, au bout de quelques jours, le jeune prodige est lassé. Ce qu'il souhaite par dessus tout, c'est peindre selon son inspiration, sans qu'on lui dicte comment s'y prendre...
Sous les auspices de l'Association d'amitié vietnamo-japonaise, sa famille lui a organisé 2 expos personnelles à Huê. En 2008, l'un de ses tableaux a remporté un prix à un concours au Japon puis a été imprimé dans un calendrier nippon. Il participe aussi à des concours de dessins d'enfants à l'échelle du Japon et même de l'Asie.
Avec de 2 à 4 tableaux quotidiennement, le moins que l'on puisse dire, c'est que Muranushi Luu est un artiste très productif. Certains sont exposés à l'hôtel Song Câm de sa mère. L'un d'entre eux a été vendu 1.000 dollars à un touriste hanoïen de passage à Huê. Ce n'est qu'avec l'accord de Luu que sa mère a "osé" vendre cette peinture pour acheter papier à dessin, pinceaux et cadres. "Il n'est pas rare que des touristes désirent en acquérir un, mais je refuse toujours", avoue-t-elle.
Muranushi Luu est un bon élève. Ses matières préférées : la peinture bien sûr, mais aussi le vietnamien et la gymnastique. Il aime aussi les bons petits plats concoctés par sa mère. Parfois, il participe à des activités philanthropiques, collectant de l'argent pour aider ses camarades de classe en situation difficile.
Le rêve de Luu n'est pas de devenir un peintre célèbre mais "un chercheur sur les animaux et les océans pour pouvoir toujours les admirer, les observer...".
Thuy Quynh/CVN