Un arbre à ruches à Diên Biên

Un vénérable arbre dans la commune de Thanh Chan, province de Diên Biên (Nord-Ouest), abrite depuis des lustres de centaines d’essaims d’abeilles. Il est protégé des habitants, qui lui prêtent des vertus magiques.

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Le tronc de l’arbre Mày Noong fait deux mètres de diamètre.
Photo : Tuân Anh/VNA/CVN

Situé dans la forêt du village de Pung Nghiu, l’arbre Mày Noong («arbre sacré» en langue Thai) mesure une quarantaine de mètres de haut. Son tronc est tellement massif qu’il faut trois adultes se tenant la main pour en faire le tour. Ce qui le rend extraordinaire, c’est sa centaine de ruches accrochées aux branches. Chaque fois que le vent souffle fort, des débris riches en miel tombent au sol.

Personne ne sait quel âge a cet arbre. «Il était déjà là avec des nids d’abeilles quand je suis arrivé en 1954. Même les vieillards ne connaissent pas son âge», a partagé Tong Van Tinh, âgé de 75 ans, habitant du village.

L'ange-gardien de la région

D’après les habitants locaux, cet arbre est sacré et punit n’importe qui lui porte atteinte. Selon une légende, durant la résistance contre les colonialistes français (1945-1954), il aurait aidé les habitants à chasser les envahisseurs. D’où le respect qu’on lui porte. Depuis 2007, au Nouvel An, dans le cadre de la fête Xên Ban-Xên Muong, on organise à son pied une cérémonie cultuelle et des activités festives. L’occasion de remercier les génies, ainsi que de prier pour de bonnes récoltes.

L’arbre compte une centaine d’essaims d’abeilles accrochés aux branches.
Photo : Tuân Anh/VNA/CVN

Avant d’entrer en forêt, il faut demander au Génie de la forêt la permission, ce qui passe par certains rites. La fête Xên Ban-Xên Muong est l’occasion de s’approcher de l’arbre Mày Noong, ce qui est interdit les jours ordinaires. Les habitants protègent la forêt, il est impossible d’y couper des arbres, et même de ramasser des branches tombées au sol. Toujours selon Tong Van Tinh, on ne connaît pas exactement le nombre d’essaims d’abeilles accrochés à ses branches. En fait, personne n’est jamais monté sur l’arbre de peur d’être piqué.

Pung Nghiu est l’un des 18 villages de la commune frontalière de Thanh Chan, district de Diên Biên de la province éponyme. Il compte environ 70 foyers Thai. Depuis des dizaines années, les villageois ont décrété que la forêt locale est interdite et sacrée. Elle les protège des crues et leur fournit des produits alimentaires. On y organise des fêtes, on y enterre les morts. Un proverbe Thai dit d’ailleurs : «Tai Pa phang, nhang pa liêng» (Vivre de la forêt, reposer en paix dans la forêt).

Débris d’un nid d’abeilles tombé.


Le maître des abeilles

Bùi Duy Nhât, domicilié au village de Na Sang 1 (commune de Nua Ngam dans la province Diên Biên), est réputé pour sa capacité exceptionnelle à domestiquer les abeilles sauvages. Se lançant dans l’élevage des abeilles en 1993, il lui a fallu des années pour acquérir les compétences nécessaires. À l’ouïe, il peut repérer un essaim d’abeilles à des centaines de mètres. Il lui faut seulement cinq minutes pour «persuader» un essaim sauvage de rentrer dans sa ruche – cela s’appelle un «enruchement». «Je ne prend qu’une partie du nid. Il ne faut pas tout prendre car cela énerve les abeilles et menace même leur existence», a-t-il confié. Bùi Duy Nhât peut laisser des abeilles lui couvrir le visage et le cou sans le piquer. Une chose extraordinaire car les piqûres des abeilles sauvages sont parfois fatales.


Mai Quynh/CVN

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