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Le président américain Donald Trump (droite) et son homologue mexicain Andres Manuel Lopez Obrador s'expriment depuis les jardins de la Maison Blanche le 8 juillet. |
Pour leur premier tête-à-tête à la Maison Blanche, les deux dirigeants n'ont annoncé aucune initiative nouvelle, s'en tenant à la célébration du nouveau traité de libre-échange nord-américain, en dépit de l'absence remarquée du Premier ministre canadien Justin Trudeau.
"Notre coopération est fondée sur la confiance et le respect mutuel", a lancé M. Trump, qui durant sa campagne de 2016 avait lancé une violente charge contre des "violeurs" venus du Mexique et promis de faire payer à son voisin du Sud la construction d'un mur frontalier pour lutter contre l'immigration clandestine.
"Les Mexicains sont incroyables", a-t-il même ajouté, prenant soin de saluer, à l'approche du scrutin du 3 novembre où il briguera un second mandat, "la contribution extraordinaire des Américano-Mexicains".
"Je suis ici pour dire aux Américains que leur président nous a traités avec gentillesse et respect", a affirmé en écho celui qui est surnommé "AMLO". "Nous sommes amis et nous resterons amis", a-t-il ajouté, se félicitant d'avoir déjoué les pronostics de ceux qui leur promettaient une relation tendue.
Lors d'une déclaration sous un soleil de plomb dans les jardins de la Maison Blanche, M. Trump s'est longuement employé à mettre en lumière ses points communs avec son visiteur du jour, assurant avoir été élu, comme lui, sur "la promesse de combattre la corruption".
Ces effusions n'ont pas convaincu son adversaire démocrate Joe Biden.
"Trump a lancé sa campagne 2016 en traitant les Mexicains de violeurs", a-t-il tweeté. "Il a depuis alimenté le racisme contre notre communauté Latino", a-t-il déploré, appelant à redonner "dignité" et "humanité" au système d'immigration américain.
L'objectif et le calendrier de cette visite - la première à l'étranger d'"AMLO" depuis son arrivée au pouvoir il y 18 mois - ont suscité des interrogations et de vives critiques des deux côtés de la frontière.
Pour l'élu démocrate de Chicago Chuy Garcia, né au Mexique, Donald Trump cherchait avant tout, à l'approche de l'élection, une jolie photo avec Lopez Obrador pour faire oublier "quatre années d'insultes, d'attaques et de politiques désastreuses" pour les Latinos.
"Visite inutile"
Nombre de figures de l'opposition mexicaine ont, de leur côté, dénoncé avec force ce déplacement, certains y voyant une forme de capitulation.
"C'est une visite inutile, qui comporte de nombreux risques et aucun avantage pour le Mexique", a déclaré l'ancien ministre mexicain des Affaires étrangères Jorge Castañeda.
Si le dirigeant mexicain a loué l'attitude du locataire de la Maison Blanche, il s'était montré plus combatif en 2018, en campagne, promettant de lui tenir tête. "Si (Donald Trump) lance un tweet offensif, je me chargerai de lui répondre", avait-il lancé.
Pour l'historien mexicain Enrique Krauze, la rencontre entre les deux hommes, qui ont en particulier en commun "le mépris de la science" et sont coutumiers des attaques contre la presse, suscitera un ressentiment durable dans les deux pays.
"Nous n'oublierons pas la révérence de M. Lopez Obrador face à un homme qui nous a dénigrés", a-t-il écrit dans une tribune publiée dans le New York Times. "Et les démocrates américains n'oublieront pas le service que rend M. Lopez Obrador à un président qui leur a fait tant de mal".
Soucieux de son image de président austère, le président mexicain est arrivé mardi soir à Washington par vol commercial.
Fait notable : il portait un masque à bord de l'avion. Donald Trump n'a, à ce jour, jamais été vu avec un masque en public.