>>Les Croates votent à des législatives serrées dans l'ombre du virus
>>Législatives en Croatie d'ici juillet, selon le Premier ministre
Le Premier ministre croate Andrej Plenkovic (centre) célèbre sa victoire aux législatives, le 5 juillet à Zagreb. |
Le scrutin, qui s'est déroulé à l'ombre d'une résurgence de la pandémie, était annoncé comme extrêmement serré. Mais le HDZ du Premier ministre Andrej Plenkovic a réussi son pari de convaincre les électeurs de rester fidèles à un parti qui domine la vie politique depuis l'indépendance de la Croatie en 1991.
Les conservateurs ont nettement distancé leurs principaux rivaux de la coalition de centre gauche emmenée par les sociaux-démocrates de Davor Bernardic.
"Un tel résultat pour le HDZ constitue non seulement une grande victoire mais aussi une victoire qui nous engage", a lancé le Premier ministre à ses partisans. "Nous avons derrière nous un mandat avec de multiples défis mais les défis à venir sont encore plus grands", a-t-il prévenu.
D'après les résultats officiels après dépouillement de près de 90% des voix, le HDZ consolide sa présence au Parlement avec 68 sièges sur 151, le centre gauche a hérité de 42 sièges tandis que parti de Miroslav Skoro, un chanteur populaire et populiste qui était présenté par les sondages comme un faiseur de roi, a remporté 15 sièges.
S'ils n'ont pas obtenu la majorité absolue, les conservateurs devraient pouvoir compter sur le soutien des huit députés membres des minorités. Ils pourraient se passer d'une alliance avec le "Mouvement patriotique" du chanteur folk nationaliste afin d'atteindre les 76 sièges nécessaires à la formation d'un gouvernement.
Peur de l'avenir
Les incertitudes sur l'avenir ont dominé la campagne alors que l'économie croate, très dépendante du tourisme, devrait reculer de près de 10%, la pire contraction depuis des décennies.
Miroslav Skoro, leader du parti le "Mouvement patriotique" arrive à un bureau de vote à Zagreb pour les élections, le 5 juillet. |
"Le vainqueur sera confronté à de gros problèmes économiques à l'automne. Ca ne va pas être facile", explique Igor Ivic, économiste.
Andrej Plenkovic, 50 ans, ancien diplomate versé dans les affaires européennes et soutenu à Bruxelles, a joué la carte des temps moroses à venir pour demander aux électeurs de continuer à lui faire confiance.
"Il faut faire des choix sérieux et non du charlatanisme", a martelé le Premier ministre. "La Croatie n'a pas besoin d'expérimentations comme avec Bernardic ou Skoro".
Le parti au pouvoir a aussi mis en avant sa maîtrise relative de la crise sanitaire, avec environ 110 morts et 3.000 contaminés. Le pays des Balkans membre de l'Union européenne a évité les scénarios explosifs vus ailleurs même si depuis deux semaines quelques dizaines de contaminations sont recensées quotidiennement comme au pic initial.
La lourde défaite des sociaux-démocrates (SDP) est une surprise alors que les sondages les plaçaient coude à coude avec le HDZ et Davor Bernardic s'est dit prêt à démissionner de la tête du parti.
Émigration massive
Une Croate dépose son bulletin dans une urne pour les élections législatives à Zagreb, le 5 juillet. |
D'après les analystes, le SDP a été victime de la concurrence d'une alliance entre verts et petites formations de gauche ainsi que du manque de charisme de son patron alors que c'est un social-démocrate, Zoran Milanovic, qui avait remporté la présidentielle de janvier.
Le SDP avait accusé le gouvernement d'avoir mis la Croatie "en danger" en décidant de tenir les élections pendant la pandémie.
L'opposition avait également tenté de saisir l'occasion d'une série de scandales impliquant le HDZ pour dénoncer "la voie de la corruption".
Miroslav Skoro, 57 ans, un ancien du HDZ qui séduit une partie de l'aile droite du parti conservateur déçue par les politiques modérées d'Andrej Plenkovic, affirmait lui être "le seul garant du changement" et renvoyait dos à dos deux principaux partis.
En attendant, de nombreux Croates veulent que les choses bougent dans un pays qui subit une émigration massive due aux salaires modestes et à la corruption.
"Beaucoup de choses doivent changer. On ne se focalise pas assez sur les Croates qui partent, sur le chômage et la faiblesse des salaires des jeunes", assurait Branka Tekavec, enseignante retraitée de 76 ans.