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Le président américain Donald Trump, le 3 mars 2017 à Orlando, en Floride. |
"Exécrable ! Je viens de découvrir que le président Obama avait mis mes lignes sur écoute dans la tour Trump juste avant ma victoire", a écrit M. Trump samedi 4 mars sur Twitter, qualifiant l'ex-président démocrate de "personne malfaisante (ou malade)". Mais M. Trump n'a fourni aucun détail, ni aucune preuve à l'appui de cette allégation.
C'est l'attaque la plus violente menée contre son prédécesseur depuis sa prise de fonctions le 20 janvier.
"Le président Obama, ni aucun responsable de la Maison-Blanche, n'ont jamais ordonné la surveillance d'un quelconque citoyen américain", a affirmé Kevin Lewis, porte-parole de M. Obama. "Toute suggestion du contraire est tout simplement fausse".
"Une règle d'or de l'administration Obama était qu'aucun responsable de la Maison-Blanche ne devait interférer avec une quelconque enquête indépendante menée par le ministère de la Justice", a-t-il poursuivi.
"C'est du maccarthysme", avait ajouté M. Trump, en référence à la traque des militants et sympathisants communistes aux États-Unis dans les années 1950. Il a également fait un parallèle avec le scandale du Watergate, l'affaire d'espionnage politique qui avait abouti en 1974 à la démission du président républicain Richard Nixon.
"Je suis sûr qu'un bon avocat pourrait faire une excellente affaire du fait que le président Obama a mis mes téléphones sur écoute en octobre, juste avant l'élection !", a relevé Donald Trump qui passait le week-end dans sa propriété de Mar-a-Lago en Floride.
Relations très tendues
Pour le chef de file des démocrates à la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, Adam Schiff, M. Trump est allé trop loin.
"S'il y a quelque chose de malfaisant ou de malade, c'est la volonté du dirigeant de la nation de faire les déclarations les plus extravagantes et destructives sans apporter le moindre début de preuve pour les étayer", a-t-il déclaré.
Le camp républicain était plutôt absent sur le sujet samedi 4 mars. Mais le sénateur Lindsey Graham a estimé que, si c'était vrai, ce serait "le plus grand scandale politique depuis le Watergate". Jusqu'à l'élection de novembre, Barack Obama et Donald Trump entretenaient des relations très tendues.
Pendant plusieurs années, le magnat de l'immobilier avait été le fer de lance des "birthers", affirmant que Barack Obama était né au Kenya - pays de son père - et non à Hawaï et que par conséquent il ne pouvait présider les États-Unis. Il avait finalement déclaré en septembre 2016 : "Le président Barack Obama est né aux États-Unis, point final".
De son côté, M. Obama avait lancé de très violentes attaques contre le républicain pendant la campagne. Puis, les deux hommes s'étaient entretenus à la Maison-Blanche deux jours après la victoire de Donald Trump et avaient joué l'apaisement.
Collusion ?
L'ancien président américain Barack Obama, le 14 juin 2016 à Washington. |
Ces attaques contre Barack Obama s'inscrivent dans un contexte politique difficile pour le président américain. Six semaines après son entrée à la Maison-Blanche, il est englué dans des accusations de collusion entre son entourage et des responsables russes pendant la campagne et pendant la période de transition.
La presse a révélé cette semaine que l'ambassadeur russe aux États-Unis, Sergueï Kisliak, avait rencontré avant et après l'élection plusieurs conseillers ou proches de M. Trump. En particulier, le ministre de la Justice, Jeff Sessions, qui a confirmé deux entretiens l'an dernier avec l'ambassadeur russe - en juillet et en septembre - mais omis de les mentionner lors de sa récente audition sous serment devant les sénateurs.
La rencontre de septembre s'est déroulée alors même que la Russie était déjà soupçonnée publiquement d'avoir piraté le parti démocrate pour nuire à la campagne de Hillary Clinton. Des sanctions ont été prises contre Moscou en décembre. Le ministre a annoncé jeudi 2 mars qu'il se récusait dans toutes les éventuelles enquêtes sur la campagne électorale et donc sur les possibles ingérences russes. Un autre proche de Donald Trump, Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale, a été contraint de démissionner le 13 février, lui aussi à cause de contacts avec l'ambassadeur russe.
Donald Trump a rejeté toute accusation d'entente avec la Russie. C'est une "chasse aux sorcières" menée par les démocrates, a-t-il répliqué.