Tri Nguyên : un nouvel opus 100% Vietnam

Avec son 4e album Winds of Home, Tri Nguyên met l’accent sur les chansons folkloriques séculaires de sa Patrie, le Vietnam. Laissant de côté la fusion musicale de son précédent opus Beyond Borders, il opère un retour aux sources en s’entourant des meilleurs artistes de son pays.

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Le musicien Tri Nguyên et son célèbre "đàn tranh".

Tri Nguyên est l’artiste vietnamien qui a popularisé le đàn tranh (cithare à 16 cordes) aux quatre coins du monde. Un instrument de musique vietnamien à cordes pincées de la famille des cithares sur table, proche du koto japonais ou du guzheng chinois.

L’été dernier alors qu’il se reposait dans sa maison de campagne du Sud de la France après une série de concerts, une idée lui traversa l’esprit : "Il manquait à mon répertoire un album entièrement +made in Vietnam+ ! Le lendemain, j’ai appelé mon ami Son Mach au Vietnam et je lui ai présenté mon idée. J’ai insisté sur le fait que je voulais que ce soit un musicien de mon pays qui le fasse avec moi. J’ai raccroché en lui demandant d’auditionner de jeunes musiciens au Vietnam pour faire partie de cette aventure. Son Mach a dit oui tout de suite", se souvient le musicien.

Un album en six mois

Pour cet album, Tri Nguyên a pioché dans le répertoire folklorique vietnamien et a favorisé les chants repris par la population des rizières, des villages du Nord au Sud du pays, mais aussi des quartiers populaires de Huê.

"Ce sont des chants que j’ai entendus pendant mon enfance. Traditionnellement, ils n’étaient pas joués avec des instruments de musique mais  interprétés a capella. Pour +Winds of Home+ Son Mach et moi avons recréé, restructuré, harmonisé chaque morceau. Mon objectif était de leur donner une autre existence", précise Tri Nguyên.

Répétitions et retrouvailles entre Tri Nguyên (2e à gauche) et ses musiciens dans sa chambre d’hôtel.

Les deux compères ont passé l’été 2019 à correspondre via les réseaux sociaux, en corrigeant, améliorant les brouillons qu’ils s’envoyaient trois fois par semaine. Fin août, les partitions étaient prêtes. En septembre, les musiciens auditionnés pour les sessions d’enregistrement sont entrés dans la dance. Mi-octobre, Tri Nguyên est retourné au Vietnam pour répéter avec tout ce petit monde. L’enregistrement final eut lieu au Studio Séquenza, avec Thomas Vingtrinier, excellent ingénieur du son. Tout a été édité, mixé, masterisé en décembre.

"Il m’a fallu à peine six mois pour réaliser cet album, avec des journées de 14 heures. Son Mach comprenait instantanément mes idées! Nous avons mutuellement enrichi nos expériences musicales au cours de cette aventure", se rappelle Tri Nguyên.

Des chansons folkloriques inoubliables

C’est donc  bien entouré de Son Mach (violoniste, chef d’orchestre et compositeur), de Trai Nguyen (guitariste), de Huan Do (contrebassiste), de Dru Nam (batteur et  percussionniste) que Tri Nguyên a pu donner naissance à son 4e album. Composé de neuf titres qui ont bercé son enfance, l’opus est d’une beauté mélodique à couper le souffle. Chaque titre répond aux états d’âme et aux sentiments du musicien, dont "Échelle dorée".

La pochette du 4e album de Tri Nguyên, "Winds of Home".

"Au Vietnam, nous aimons les histoires d’esprits et de fantômes. Les enfants tremblent d’excitation quand les parents leur racontent des histoires de démons aquatiques ou d’âmes errantes. +Bac Kim Thang+ est l’histoire de deux amis d’enfance, l’un  attrapé par l’Esprit de l’eau sous le pont, incapable de gravir l’échelle pour regagner la surface. Bien qu’à l’origine, ce soit une histoire tragique, cette comptine est devenue une chanson que chaque enfant fredonne. Son Mach a proposé un rythme lent et régulier auquel j’ai ajouté des harmonies mélancoliques", confie avec émotion Tri Nguyên.

On y retrouve aussi le célèbre chant folklorique du Nord du Vietnam Trông Com, rebaptisé ici Paddy Paddy.

"En réécoutant la chanson, ce qui m’a le plus frappé, ce ne sont pas seulement les paroles évoquant l’amour et les rythmes, mais aussi le fait que le riz est la principale céréale au Vietnam comme le blé en occident. C’est l’essence de la vie des gens", ajoute le cithariste.

Suivent ensuite les morceaux : Les Amis - Morceau de gâteau (Un petit garçon vole des gâteaux à ses parents…); Premières rencontres : De loin je te vois (Nous avons tous nos premiers moments où nous "épiions" secrètement notre premier amour…) ; Et tu me manques : Tweet and Love ; Amoureux : dix raisons d’aimer (chant de Huê. La chanson est répétée dix fois, à chaque fois avec des mots différents pour décrire l’amour que l’on a pour l’autre) ;  Intimité : Doux mensonges (à la manière d’un blues) ; Amour fleuri : Fleurs ou Lý cây bông en vietnamien et, enfin, Fête de mariage : Cheval d’ébène.

"Pour terminer cet album, Son et moi avons pensé que +Lý Ngua Ô+, la plus célèbre des chansons folkloriques du Sud, était le meilleur choix. La chanson illustre un jeune homme fringant sur son cheval noir qui galope vers la maison de sa promise... Chaque fois que je termine un album, il y a toujours un certain sentiment de fierté et de bonheur. Fier d’avoir pu mettre en musique tout ce que je voulais exprimer. Fier de pouvoir enfin partager mes émotions, mes souvenirs, mes envies. Jusqu’au prochain album !", conclut Tri Nguyên, hautement satisfait de son travail.

Un album qui tombe à point nommé en cette période difficile. Merci l’artiste !

Texte : Hervé Fayet/CVN
Photos : Tri Tùng Hiêp/CVN

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