Transformer les déchets en électricité

De nombreuses villes et provinces ont appeléles investisseurs à participer à des projets de transformation des déchets en électricité. Mais, jusqu’à maintenant, peu ont été déployés.

Investir dans la production d’électricité à partir de déchets et de biomasse permet d’utiliser cette source de matière première très abondante, ainsi que de réduire la pollution due aux énergies carbonées.

 

L’usine de traitement des déchets Nam Son, district suburbain de Soc Son, Hanoi.

La demande d’énergie primaire en 2030 serait de plus de 250 millions de TOE (Ton of Oil Equivalent), soit cinq fois plus qu’en 2010. Toute l’énergie hydroélectrique serait exploitée cette décennie. Et les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) ne sont pas inépuisables. Après 2015, le Vietnam devrait importer du charbon pour produire de l’électricité. C’est un défi pour la sécurité énergétique nationale et le développement durable du pays.

Des potentiels sous-exploités

De nombreuses villes et provinces ont fait appel à des investisseurs locaux et étrangers pour la production d’électricité à partir de déchets et biomasse. Par exemple, Hô Chi Minh-Ville a présenté récemment deux projets : une centrale fonctionnant aux déchets (2.000 tonnes par jour) et une autre de traitement des déchets dangereux (2.000 tonnes par jour). Ce sont deux sur 41 programmes et projets prioritaires pour la période 2013-2015. Ils s’inscrivent dans le cadre du plan de lutte contre le changement climatique d’ici à 2015, adopté par le Comité populaire municipal.

Beaucoup d’investisseurs ont répondu à cet appel. En février 2013, la compagnie japonaise Hitachi Zosen a émis le souhait d’investir dans une centrale électrique de 25 MW, fonctionnant aux déchets, d’une capacité de 1.000 tonnes par jour. Une fois approuvé par le Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville, ce projet sera mis en œuvre en 2014 dans le district suburbain de Cu Chi, avec un investissement estimé à 100 millions de dollars.

Autres projets à Hô Chi Minh-Ville : le vietnamien Tâm Sinh Nghia avec une usine d’une capacité de 700.000 tonnes de déchets/an et d’un capital de 140 millions de dollars, le singapourien Keppel Seghers engineering (d’une capacité de 1.000 à 2.000 tonnes de déchets/jour), l’australien Trisun International Development (d’un capital prévu de 400 millions de dollars)... Pourtant, aucune de ces centrales n’a été mise en chantier. Pour certains projets adoptés il y a quatre ou cinq ans, les investisseurs ont dû arrêter leur investissement. Situation identique dans d’autres localités du Nord au Sud.

Difficultés et solutions

Actuellement, les énergies renouvelables ne représentent que 3,7% de la production nationale d’électricité. Or, le Vietnam rejette chaque année plus de 100 millions de tonnes de déchets organiques dont 40 millions de tonnes de chaume, 8 millions de tonnes de balle de riz, 6 millions de tonnes de bagasse. Sans oublier des résidus de la transformation d’autres produits agricoles comme café, arachides, noix de cajou, noix de coco...

Nguyên Duc Cuong, directeur du Centre des énergies renouvelables, relevant de l’Institut de l’énergie (ministère de l’Industrie et du Commerce), a estimé que qu’il serait difficile d’atteindre l’objectif de 9,4% d’énergies renouvelables en 2030… L’une des principales raisons, selon lui, c’est que cet investissement ne rapporte pas suffisamment d’intérêts aux investisseurs. Le capital de départ est élevé, tandis que le retour sur investissement est long, de 10 à 20 ans. En plus, crise économique oblige, les investisseurs sont moins aventureux et l’accès aux prêts bancaires est plus difficile.

Autre difficulté, le prix de traitement des déchets proposé par les investisseurs est élevé. Par exemple, pour la technologie d’incinération, la compagnie Keppel a proposé 32 dollars la tonne, son homologue Tâm Sinh Nghia environ 26 dollars. Tous ces prix sont trop élevés comparé aux 17-18 dollars la tonne pour la technologie d’enfouissement des déchets.

Coopération étroite entre services concernés

De toute évidence, l’investissement dans des centrales électriques à partir de déchets présente encore de nombreux problèmes à résoudre. Il est nécessaire d’avoir une coopération étroite entre ministères et services compétents pour réduire les obstacles, élaborer des politiques prioritaires, créer des conditions favorables aux compagnies locales et étrangères désirant investir dans ce secteur. Parallèlement, il faudrait établir un plan d’évaluation des énergies renouvelables et des ressources de matières premières pour mieux les exploiter, soutenir le développement des nouvelles technologies...

Selon l’Institut de l’énergie, fin 2013, le gouvernement prendra une décision sur le soutien aux projets de production d’énergie à partir de déchets. Celle-ci entrera en vigueur début 2014. Espérons qu’elle permette de dynamiser les investissements dans ce secteur d’avenir.

                                                                                                                       Quang Châu/CVN

 

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