Traité contre la pollution du plastique : sommet ministériel pour donner un élan aux négociations

Les ministres ou représentants d'une soixantaine de pays ont débattu samedi 27 mai à l'UNESCO des solutions à la crise mondiale du plastique, un sommet organisé par la France pour donner de l'élan aux délicates négociations sur un futur traité mondial qui reprennent lundi 29 mai à Paris.

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Une installation de cinq m de haut réalisée à partir de bouteilles plastiques par l'artiste et militant canadien Benjamin Von Wong, à Paris, le 27 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous avons abordé la production du plastique, leur composition, la lutte contre les microplastiques, également la question d'une meilleure collecte et du recyclage, et notamment l'accompagnement des pays en développement qui rencontrent parfois plus de difficultés à collecter", a résumé en fin de journée la secrétaire d’État à l’Écologie, Bérangère Couillard, lors d'un point presse.

"Il faut qu'on fasse attention à ce que la question du recyclage ne remplace pas le débat sur la réduction de la production de plastiques", avait toutefois mis en garde le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, en amont des débats.

Cette question s'annonce comme un point clé des négociations alors que la production annuelle a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes (Mt). Elle pourrait encore tripler d'ici à 2060 si rien n'est fait.

Or les deux tiers de cette production mondiale ont une faible durée de vie et deviennent des déchets à gérer après une seule ou quelques utilisations. 22% sont abandonnés (décharges sauvages, incinérations à ciel ouvert ou rejet dans la nature) et moins de 10% sont recyclés.

"Si on augmente nos taux de recyclage, mais qu'en parallèle on augmente notre production, on aura reculé dans la résolution du problème. Donc, premièrement on réduit, deuxièmement on majore la part de recyclage", a ajouté le ministre.

Cette perspective est portée par la Coalition pour la haute ambition, conduite par le Rwanda et la Norvège et composée de 56 pays, dont l'Union européenne, le Canada, le Chili. Depuis vendredi 26 mai, le Japon, le Gabon et la République de Maurice ont rejoint ce bloc. Et l'Argentine a manifesté son intérêt samedi 27 mai, selon Mme Couillard.

Réduire en premier lieu la production est aussi martelé par les ONG et les scientifiques. Mais d'autres nations, du côté de l'Asie (Chine et Inde notamment) ou des États-Unis, se montrent plus réticentes, insistant sur le recyclage et une meilleure gestion des déchets.

"Chaque pays doit être clair sur l'objectif" de réduire à zéro les rejets dans l'environnement d'ici à 2040, a déclaré le ministre américain Jose W. Fernandez, qui mène la délégation à Paris des négociateurs états-uniens.

Mais "nous devrions laisser le soin à chaque pays de tracer sa route" pour remplir cet engagement, déjà pris par les pays du G7 en avril. Ce qui passe par conclure un traité "flexible" plutôt que "prescripteur", "sans diaboliser" le plastique, selon M. Fernandez.

"Les données les plus probantes montrent que la réduction de la production sera essentielle pour résoudre le problème", a déclaré Richard Thompson, membre de la Coalition des scientifiques pour un traité plastique performant.

Récupération de bouteilles en plastique dans une décharge à Banda Aceh le 31 mai 2022.
Photo : AFP/VNA/CVN

La part minime du recyclage s'explique aussi car "peu de produits ont été conçus en vue d'une économie circulaire", a-t-il expliqué, rappelant la nécessité de "repenser la conception des matériaux", un des leitmotiv de l'ONU-Environnement.

Ébauche de texte ?

En 2022 à Nairobi, 175 pays ont trouvé un accord de principe pour mettre fin à la pollution plastique avec l'ambition d'élaborer d'ici à la fin 2024 un traité juridiquement contraignant sous l'égide du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).

Après des débats techniques fin 2022 en Uruguay, Paris accueille de lundi à vendredi la deuxième session de négociations, sur les cinq prévues. Elle doit permettre de dessiner les principales orientations, voire une première ébauche de texte.

L'enjeu est de taille car le plastique, issu de la pétrochimie, est partout: emballages, fibres de vêtements, matériel de construction, outils médicaux...

Des déchets de toutes tailles se retrouvent au fond des océans, dans la banquise, l'estomac des oiseaux et même au sommet des montagnes. Des microplastiques ont été détectés dans le sang, le lait maternel ou le placenta.

Le plastique pose aussi un problème pour son rôle dans le réchauffement climatique : il représentait 1,8 milliard de tonnes de gaz à effet de serre en 2019, 3,4% des émissions mondiales, chiffre qui pourrait plus que doubler d'ici à 2060 selon l'OCDE.

AFP/VNA/CVN

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