Tourisme : le delta du Mékong s'oriente vers un développement durable

Selon le projet d'"Aménagement du développement touristique du Vietnam à l'horizon 2020 et vision pour 2030", le delta du Mékong devrait attirer 26% du nombre de voyageurs étrangers au Vietnam pour la période 2015-2020, avec une croissance annuelle de 14% à 16%.

Le Mékong se sépare à Phnom Penh (Cambodge) en deux branches qui s'écoulent vers le Vietnam, où elles se ramifient et forment un réseau hydrographique dense. Les inondations annuelles alluvionnent le delta et le fertilisent, créant une riche terre de production agricole, rizicole notamment.

D'une superficie de plus de 40.000 km², le delta du Mékong compte environ 17 millions d'habitants (soit 20% de la population nationale), de quatre ethnies : Kinh, Hoa, Khmer et Cham. Actuellement, cet espace est considéré comme l'un des plus grands pôles touristiques du pays. C'est également un nœud de voies de communication maritimes et aériennes, pour le Vietnam et au-delà.

C'est aussi une riche région naturelle, avec cinq parcs nationaux, quatre réserves naturelles, deux réserves de biosphères mondiales. Elle abrite beaucoup d'îles à forts potentiels touristiques, notamment l'île de Phú Quôc qui fait partie de la province de Kiên Giang.

Cependant, ces dernières années, les atouts touristiques de cette vaste région ont été insuffisamment exploités, malgré les efforts des autorités locales. Selon des statistiques, en 2010, le delta a accueilli plus de neuf millions de touristes, dont 1,2 million d'étrangers, soit environ 8% du total national. Son secteur touristique a connu une croissance annuelle de 16,4%.

D'après Trân Dac Duy, vice-président de l'Association touristique du delta du Mékong, cette région doit relever de gros défis qui limitent son développement touristique. Le premier problème, ce sont ses infrastructures techniques et routières qui laissent à désirer. "Les voies de communication, notamment les voies navigables, sont de médiocre qualité, alors que ces canaux sont justement l'atout touristique majeur du delta", estime-t-il. De plus, faute d'investissement, la qualité de la main-d'œuvre et des produits touristiques ne répond pas encore aux besoins de développement. "La région cherche désespéramment un +chef d'orchestre+ pour orienter le développement de son tourisme vers la durabilité et la qualité", considère M. Duy, soulignant le rôle important de l'État dans cet aménagement régional.

Pour un développement pérenne

Partageant ce point de vue, Nguyên Van Tuân, directeur général de l'Administration nationale du tourisme, estime qu'afin que le delta du Mékong puisse surmonter ces obstacles, il faut une grande politique du gouvernement. "Un tourisme professionnel, moderne, inscrit dans une dynamique de développement durable reste le leitmotiv du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme en général et de l'Administration nationale du tourisme en particulier", insiste-t-il.

D'après lui, il faudra agir à quatre niveaux. Primo, améliorer rapidement mais efficacement les infrastructures touristiques : communication, restauration, hôtellerie… Secundo, rehausser la qualité des produits touristiques et les diversifier en créant des produits caractéristiques de chaque terroir. Tertio, intensifier la coopération entre localités dans la présentation et la promotion de la région. Quarto, être actif dans la formation des ressources humaines en créant des centres de formation professionnelle propres au delta.

En particulier, "ces prochaines années, les localités du delta doivent renforcer les investissements dans leurs infrastructures touristiques. Il s'agit surtout des appontements, des hôtels, des complexes touristiques de haute qualité, aux normes internationales…", souligne Nguyên Van Tuân.

De son côté, Trân Dac Duy propose à l'État de jouer le rôle principal dans la gestion du tourisme du delta en vue d'une professionnalisation. "Il est nécessaire que l'Administration nationale du tourisme relève directement du gouvernement", avance-t-il. Par ailleurs, toujours selon M. Duy, il importe de réorganiser les services touristiques locaux en augmentant la qualification professionnelle du personnel. Ainsi, "l'État doit renforcer ses investissements dans la formation des ressources humaines et la modernisation des infrastructures de communication pour qu'elles répondent à la demande de développement, tant dans l'immédiat que dans l'avenir", recommande-t-il. Et d'ajouter qu'il faut rehausser le rôle de l'Association touristique du delta du Mékong.

Pour sa part, le Comité de pilotage du Nam Bô occidental avance trois propositions. D'abord, la Banque d'Asie pour le développement (BAD) et le Comité de gestion du "Projet de développement durable du tourisme de la sub-région du delta du Mékong", relevant du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, devraient continuer de compléter la liste des localités participant à ce projet. Ensuite, les ministres des quatre pays membres de la sub-région du Mékong (Cambodge, Laos, Myanmar et Vietnam) devraient mieux collaborer pour faire du delta une destination attrayante, un maillon important du tourisme axé sur la découverte du Mékong - l'un des plus grands fleuves du monde - et de son delta - l'un des plus vastes. Enfin, la BAD et les voyagistes de ces quatre pays devraient soutenir l'élaboration d'un projet de coopération dans le développement du tourisme, basé sur les atouts littoraux et fluviaux du Vietnam, de la Thaïlande et du Cambodge, avec comme site phare le delta du Mékong et Hô Chi Minh-Ville, conformément aux orientations de la future Communauté économique de l'ASEAN prévue pour 2015.

Nguyên Dat/CVN

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