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Le Britannique Chris Froome, vainqueur du Tour d'Italie, le 27 mai à Rome. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Son triomphe sur les Forums impériaux, où l'Irlandais Sam Bennett s'est adjugé la 21e et dernière étape dans une course au rabais (temps neutralisés à 80 km de l'arrivée), a conclu un parcours longtemps chaotique. Du départ de Jérusalem, une nouveauté historique de ce Giro, aux Alpes du Piémont et du val d'Aoste, le quadruple vainqueur du Tour de France a vécu ce qu'il a appelé "la plus grande bataille de ma carrière".
Quatrième du classement à trois jours de l'arrivée, Froome a renversé les codes pour s'emparer vendredi 25 mai du maillot rose à Bardonecchia, au prix d'une échappée solitaire de 80 kilomètres. "Le robot du cardio-fréquencemètre et du régime est devenu pour tous le champion du courage, le rêveur capable de faire ce que les autres n'avaient même pas imaginé", s'est enthousiasmé dimanche 27 mai le journal organisateur, la Gazzetta dello Sport, qui avait fait référence la veille aux mânes du "campionissimo" absolu Fausto Coppi (1919-1960).
Une "story" rose?
Au moment des récompenses finales, les autres protagonistes de la course au maillot rose ont été relégués au rang de faire-valoir au moment des récompenses: de Tom Dumoulin, le Néerlandais digne de son succès de l'année passée et finalement deuxième à Rome, au Britannique Simon Yates, leader pendant plus de la moitié de la course (treize étapes) avant de s'effondrer comme le Français Thibaut Pinot qui a abandonné à la veille de l'arrivée.
Est-ce pour autant une "story" couleur rose pour un coureur qui aurait touché, selon les médias israëliens, une prime d'engagement entre 1 et 2 millions d'euros? Froome, qui est régulièrement escorté de deux gardes du corps mais reste d'une imperturbable courtoisie envers ses interlocuteurs, a seriné le discours souvent entendu à la fin de ses Tours de France victorieux: "une course incroyable", "une victoire spéciale". Et aussi: "j'ai la conscience pour moi".
"Je suis propre", a répété le leader protégé de l'équipe Sky, une formation qui dispose du plus gros budget du peloton et travaille sur la recherche pour se situer à l'avant-garde en plusieurs domaines (matériel, entraînement, récupération, etc). Mais le lourd contexte de son contrôle antidopage "anormal" ("dans sa situation, je ne serais pas venu", avait déclaré Dumoulin avant le départ), crée un doute persistant et légitime autour de lui, ainsi qu'un risque d'annulation de ses résultats.
La dimension de Dumoulin
S'il était disculpé, Froome serait le premier coureur du XXIe siècle, le troisième de l'histoire après Eddy Merckx et Bernard Hinault, à gagner trois grands tours consécutifs (Tour, Vuelta et Giro dans l'ordre). À 33 ans, il porterait à six ses victoires dans les grands tours et rejoindrait le clan réduit des coureurs vainqueurs dans les trois pays (Anquetil, Gimondi, Merckx, Hinault, Contador, Nibali).
Vainqueur du Tour d'Italie, Froome est aussi de facto candidat à un doublé Giro-Tour qui n'a plus été accompli depuis vingt ans et le malheureux Marco Pantani, à une époque conditionnée par l'EPO. Encore faut-il qu'il soit autorisé à concourir puisque la procédure de son contrôle de la Vuelta suit son cours et donne lieu à un bataille acharnée entre experts sur fond de contestation du test antidopage.
Dumoulin, le champion du monde du contre-la-montre qui a tout aussi d'un coureur de grande dimension, sait ce qui l'attend s'il décide finalement de venir sur le Tour. Selon son entourage, la décision est attendue avant une huitaine de jours. Les autres adversaires de Froome, qui ont suivi le Giro à la TV, sont également avertis. "L'Imperatore", le titre choisi par le journal organisateur, est venu, a vu, a vaincu. Jusqu'à quand?
AFP/VNA/CVN