Tombeaux mystérieux à Bac Giang

Des milliers d’objets en pierre datant de plus de 300 ans, liés à des tombeaux de mandarins, sont dispersés dans plusieurs districts de la province de Bac Giang (Nord). Un mystère pour les chercheurs et un spectacle insolite pour les touristes.

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Bien que construits il y a plusieurs siècles, les tombeaux ont fière allure.
Photo : Cao Dung/CVN

La province de Bac Giang, à 60 km au nord-est de Hanoï, dénombre 46 tombes monumentales anciennes en pierre. La plupart sont concentrées dans le district de Hiêp Hoà (26 tombes), Viêt Yên (11) et Tân Yên (5). Elles servent de dernière demeure aux des familles Dinh Huong, Nôi Dinh, Bâu Da, Van Câm, des lignées Ngô et Trân. Toutes sont classées dans la liste des patrimoines culturels nationaux.

Selon les chercheurs, ces tombeaux sont ceux de mandarins. Bien que vieux de plusieurs siècles, ils ont encore fière allure. Ils sont accompagnés de statues représentant des humains, des éléphants, des chevaux, des crocodiles, des lionceaux… sculptées avec raffinement. Il s’agit du plus grand ensemble de tombeaux de mandarins connu au Vietnam.

Des mandarins qui ont marqué l’histoire

La plupart des tombes ont été construites aux XVIIe et XVIIIe siècles, sous la dynastie Lê Trung Hung (1533-1789). Elles sont entourées de murs en latérite, et gardées par des statues à l’effigie d’humains ou d’animaux.

Une vielle stèle en pierre.
Photo : Cao Dung/CVN

Ces tombes contiennent des momies embaumées, placées dans des cercueils en bois parfumé. Leurs vêtements sont brodés de dragons et de phénix.

Parmi les ouvrages découverts dans le district de Hiêp Hoà, les tombeaux de Dinh Huong et de la lignée des Ngô se distinguent par leur singularité architecturale.

Trônant sur une colline de la commune de Duc Thang entourée de rizières, la tombe de Dinh Huong a été construite en 1727 sous la dynastie des Lê (XVe - XVIe siècle). Selon les habitants locaux, c’est la tombe d’un mandarin nommé deux fois ambassadeur en Chine. En 1740, pendant le règne du roi Lê Hiên Tông (1740-1786), ce mandarin combattit les rebelles à Kinh Bac, Son Nam et Hai Duong. Il est décédé en 1749.

Le tombeau couvre 300 m², avec trois parties principales : tombeaux au centre, partie destinée au culte à gauche, cercueils à droite. On y trouve des statues d’hommes et d’animaux de grande taille, finement sculptées. Dans le tombeau, deux statues de mandarins militaires à cheval se font face. De véritables chefs-d’œuvre de la statuaire féodale.

Une disposition bien précise

Une grande cour dallée de briques fait face à la sépulture. Là, une paire d’éléphants au regard doux se tient en position agenouillée, ainsi que deux lions assis, face orientée vers le ciel. Le corps des lions est revêtu d’écailles de dragon. Leur longue crinière fourmille de détails. Au fond de la cour, sur les deux côtés du tombeau principal, se tiennent deux statues de femmes mandarins époustouflantes de réalisme. Les historiens sont unanimes : il s’agit de l’un des tombeaux en pierre les plus somptueux de la province de Bac Giang.

Le complexe de tombeaux de la lignée Ngô, quant à lui, a été construit à partir de 1697 dans le village de Thai Tho, commune de Thai Son. C’est ici que reposent Ngô Công Quê, un mandarin militaire qui s’est illustré sous le règne du roi Lê Hy Tông (1676-1705) et ses descendants. Construit en pierres de latérite, l’ouvrage couvre environ 400 m². De forme rectangulaire, sa porte principale est orientée au Sud. Face au tombeau se trouve un étang lui aussi rectangulaire, et dont les quatre côtés étaient entourés jadis de murs en latérite.

Une statue de mandarin militaire dans un tombeau.

L’entrée principale menant au mausolée est une voûte, gardée par deux chiens en pierre. Devant le tombeau principal se dressent deux rangées de statues de soldats à l’allure martiale. Dans l’enceinte même trônent deux éléphants en pierre agenouillés avec leur trompe enroulée. On peut également distinguer un duo de chevaux, de lions et de crocodiles très détaillés. Ces superbes sculptures sont caractéristiques de l’art architectural de la dynastie des Lê postérieurs.

En plus des tombes susmentionnées, le district de Hiêp Hoà abrite beaucoup d’autres beaux mausolées, tels que celui des familles Bùi, Hà, Không, Ngo.

Selon le Docteur Nguyên Huy Hanh, ex-directeur du Musée provincial de Bac Giang, qui a consacré des années de recherches sur ce patrimoine, les nécropoles de Bac Giang abritent des mandarins des dynasties Lê et Trinh (1592-1786), tous originaires de la région.

La première tombe, du duc Ngô Công My, a été construite en 1655, et la dernière, du mandarin Nguyên Hanh Thông, en 1771.

Des centaines d’années se sont écoulées, mais ces tombes recèlent encore bien des mystères que les scientifiques cherchent à percer. Les autorités locales ont établi des plans pour conserver et valoriser ces patrimoines, continuer d’y mener des recherches et, aussi, l’ouvrir au tourisme pour que le plus grand nombre puisse en profiter.

Thuy Hà-Linh Thao/CVN

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