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Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe (gauche), et le président tchadien, Idriss Déby, pendant l'ouverture de la Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l'Afrique, à Nairobi le 27 août 2016. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il s'agit d'un investissement qui a confiance dans le futur de l'Afrique", a déclaré le Premier ministre japonais Shinzo Abe à l'ouverture de la sixième Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l'Afrique (Ticad), précisant qu'un tiers de cette somme serait consacré à la construction et amélioration des infrastructures africaines.
Organisée conjointement par l'ONU, l'Union africaine, la Banque mondiale et le Japon, la Ticad est une opportunité pour l'Afrique d'attirer des capitaux japonais pour accélérer son développement. Elle est pour Tokyo le moyen de consolider sa position sur le marché africain.
Une trentaine de chefs d'État participent à cette conférence, notamment pour superviser la signature de plus de 70 protocoles divers et accords commerciaux entre le Japon et l'Afrique.
"Nous avons le sentiment profond que le Japon peut croître vigoureusement en Afrique, où les possibilités abondent", a soutenu Abe, rappelant que la Ticad est organisée pour la première fois sur le sol africain, et non au Japon comme c'est le cas depuis l'édition inaugurale de 1993.
Les investissements, publics et privés, viseront notamment à mettre en œuvre les trois principaux objectifs choisis pour cette Ticad, à savoir l'industrialisation avec la diversification de l'économie africaine, l'amélioration des soins de santé d'un continent régulièrement touché par des épidémies, ainsi que la stabilisation de l'Afrique, minée par de nombreuses crises.
L'ombre de la Chine
Les 30 milliards de dollars promis par le Japon incluent de nouveaux engagements à hauteur de 21 milliards de dollars ainsi que 9 milliards de dollars provenant de la précédente promesse d'investissements, prononcée trois ans plus tôt lors de la cinquième édition de la Ticad, a expliqué à l'AFP un porte-parole du gouvernement japonais, Yasuhisa Kawamura.
En 2013, le Japon avait promis 3.200 milliards de yens d'assistance sur cinq ans (28 milliards d'euros au cours actuel). Fin 2015, 33% de cet objectif restait encore à réaliser, soit un peu plus de 9 milliards de dollars, selon le gouvernement japonais.
Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, pendant l'ouverture de la Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l'Afrique, à Nairobi le 27 août 2016. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Évoquant la construction, l'expansion et la rénovation de routes et de ports, l'accès à l'électricité ou le développement d'une couverture santé universelle, Abe a lourdement insisté sur la "qualité" des services proposés par son pays, une référence à peine voilée au fait que Tokyo est perçu sur le terrain comme un prestataire de meilleure qualité, même s'il est plus lent et élabore des projets de moindre ampleur que ceux de la Chine.
Car il s'agit aussi pour le Japon, qui a longtemps boudé le continent en tant que partenaire commercial, de démarquer son offre de celle de son encombrant voisin chinois.
D'autant que la diversification de l'économie africaine crée autant d'opportunités dans des secteurs d'excellence pour le Japon, notamment la planification urbaine, l'énergie, l'assainissement des eaux ou la prévention de catastrophes naturelles.
Les échanges commerciaux entre le Japon et l'Afrique s'élevaient à 24 milliards de dollars en 2015, bien loin des 179 milliards de dollars d'échanges du continent avec le géant chinois.
"Bataille pour le développement"
"À quelques rares exceptions près, les nations les plus prospères sont devenues riches grâce au commerce avec d'autres nations", a de son côté affirmé le président kényan Uhuru Kenyatta.
Le président tchadien Idriss Deby, qui assure la présidence tournante de l'Union africaine, a lui rappelé que l'économie africaine est actuellement sévèrement touchée par la baisse du prix des matières premières, les nombreux conflits à travers le continent ainsi que par les conséquences du dérèglement climatique.
"Notre bataille pour le développement ne saurait prospérer sans la paix, la stabilité et surtout la sécurité", a-t-il notamment soutenu, appelant "tous nos partenaires" à contribuer au Fonds africain de lutte contre le terrorisme récemment institué par l'Union africaine, ainsi qu'à accélérer la croissance africaine, diminuer la pauvreté et améliorer les soins de santé.
En marge de la Ticad, la Banque mondiale et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ont d'ailleurs annoncé des investissements de 24 milliards de dollars (21 milliards d'euros) en Afrique sur les trois à cinq prochaines années afin d'aider à la réforme des systèmes de soins de santé du continent.
AFP/VNA/CVN