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Pham Van Thuong (droite) dans sa ferme située dans le district de Lang Giang, province de Bac Giang (Nord). |
Après son service militaire, Pham Van Thuong est rentré dans sa province natale de Bac Giang pour y développer la production familiale. Il a alors cultivé du manioc sur 4 ha de terrain en vue d’exporter les fécules vers la Chine. Après deux saisons consécutives en échec, Thuong a subi des pertes d’environ 200 millions de dôngs. "L’économie familiale était réduite à rien. J’ai donc décidé d’emprunter une somme pour partir travailler en Corée du Sud avec l’objectif de payer ma dette et d’économiser un nouveau capital." Par ailleurs, Thuong voulait apprendre un nouveau modèle économique pour l’appliquer de retour au pays.
Ainsi, en 2012, Thuong est parti en Corée du Sud et a travaillé dans l’agriculture. Après une année de travail qui lui a permis de rembourser sa dette, Thuong a décidé d’apprendre la technique de culture de pointe des lys. Il commencé à travailler dans une compagnie sur l’île de Jeju, spécialisée dans la culture de lys pour l’exportation vers le Japon. Alors qu’il passait ses journées au travail, il consacrait ses soirées et week-ends à l’étude du coréen pour comprendre au mieux les différentes techniques de culture des lys. Lorsque Thuong a su parler coréen couramment, il a pu saisir pleinement les techniques particulières de culture de cette fleur. Pour le jeune homme, il était également très important "d’apprendre des travailleurs sud-coréens leur assiduité, leur patience et leur façon de gérer les affaires", confie-t-il.
Il tira aussi des leçons de ses erreurs et se souviendra toujours du moment où il a dû prendre trois jours de congé forcé. "Je ne savais pas qu’il fallait classer et emballer chaque fleur qui ne remplissaient pas l’ensemble des critères d’exportation pour les destiner au marché domestique. J’ai jeté les fleurs au lieu de les emballer. J’ai dû justifier cette opération et j’ai appris que même les tiges et les feuilles, considérées comme des déchets, sont réutilisées comme engrais, il n’y a aucun gaspillage."
Après une longue période de travail, les efforts de Thuong ont payé. Il a également reçu le soutien de son patron pour son projet de culture de lys au Vietnam. Celui-ci lui a permis d’accéder aux fiches techniques de culture de 450 variétés de lys et de partir en mission au Japon afin d’y apprendre le processus de traitement et de conservation des fleurs en vue de leur exportation vers l’étranger.
La clé du succès
Les fleurs de Thuong Lys sont vendues à travers tout le pays et s’exportent également au Japon et en Chine. |
De retour dans son pays natal en 2016, Pham Van Thuong a mis en place le modèle de culture des lys utilisant des technologies de pointe appries en Corée du Sud grâce au capital accumulé durant ses années à l’étranger. Il a ainsi loué un terrain de 2.000 m2, en a amendé le sol et y a érigé des serres. Il a investi dans les technologies et a importé des bulbes des Pays-Bas… Ses efforts, couronnés de succès dès la première année alors qu’il réalisait un bénéfice de 300 millions de dôngs, ont encouragé le jeune fermier à investir d’avantage et à développer son entreprise. "J’ai dû faire face aux réticences de ma famille et de mes amis pour les persuader d’hypothéquer la maison et réunir ainsi un capital de 1,7 milliard de dôngs." Thuong fait savoir qu’il avait alors effectué toutes les prévisions relatives à son investissement, dressé un business plan et envisagé le pire scénario pour rentrer dans ses frais. Et il a eu raison d’estimer une augmentation du nombre de clients (multiplié par 5), l’ouverture du marché vers 6 nouvelles localités du Nord du pays et son extension à la mégapole du Sud.
Aujourd’hui, le fermier surnommé Thuong Lys a créé son propre label dans son pays natal. Ses fleurs sont vendues à travers tout le pays et s’exportent également au Japon et en Chine. En plus des lys, Thuong cultive des tulipes sur commande. La superficie de ses cultures s’est agrandie et atteint actuellement un hectare sur lequel se dressent 5.000 m2 de serres. Le patron utilise l’arrosage automatique et investit dans l’achat de bulbes de qualité… La culture des fleurs demande beaucoup d’investissements et de soins, mais la qualité des produits à réception repose sur le facteur essentiel de l’entretien des fleurs durant leur transport maritime entre le Vietnam et le Japon. La clé du succès, Thuong l’a apprise durant ses années en Corée du Sud et ses missions au Japon.
C’est aussi pendant son séjour à l’étranger que Thuong a conquis la confiance de ses partenaires et bâti sa réputation. À présent, Thuong a déjà exporté trois fois ses lys au Japon, chaque cargaison comptant entre 5.000 et 10.000 fleurs.
"Il me faut à présent m’associer afin d’augmenter la quantité de fleurs à l’exportation vers le Japon, ce qui permettra aussi de créer des emplois stables pour plusieurs travailleurs qui obtiendront des revenus réguliers."
En moyenne chaque année, le modèle de production de Thuong lui permet d’obtenir un chiffre d’affaires de plus de 4,2 milliards de dôngs et de faire un bénéfice de près d’un milliard de dôngs. La ferme de Thuong emploie cinq jeunes travailleurs de manière permanente et offre des emplois saisonniers à 15 jeunes pour un salaire de six millions de dôngs par mois.