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Défilé Thom Browne, le 14 février 2024, à la Fashion Week de New York. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Volontiers théâtral pour présenter ses collections, le couturier s'inspirait cette fois d'un poème ténébreux du célèbre auteur américain Edgar Allan Poe, Le Corbeau (The Raven), dans lequel le héros, qui vient de perdre son amoureuse, reçoit la visite de l'oiseau noir.
Pendant qu'une voix féminine lisait les vers, la collection automne 2024 a déployé ses deux couleurs majeures, le noir et le blanc, sur des mannequins marchant lentement, mi-humains mi-animaux avec leurs voiles ou masques de plumes sur les visages ou la tête surmontée d'antennes, de bois de cervidés, ou de tresses suspendues en l'air. Dans cet univers un peu angoissant, les deux couleurs se croisent, parfois en damiers, sur de longs manteaux aux épaules militaires.
Une étole, formée de pièces de smoking déchiquetées, se porte sur les épaules, par-dessus un faux corsage accentuant l'idée d'illusion, et sur une jupe bardée de rubans. Les matières, velours, cachemire, soie moirée, soie de satin, sont chaudes ou délicates pour former les ensembles déstructurés et excentriques chers au créateur américain, sur des silhouettes plutôt cintrées.
Connu pour avoir réinventé le costume gris, avec ses bermudas ou jupes à plis pour hommes, que ses aficionados portaient en nombre mercredi 14 février Thom Browne voulait cette fois recréer une ambiance "romantiquement sombre", a-t-il dit après le défilé. Au centre du décor, trônait un arbre, en fait un mannequin enveloppé dans un impressionnant manteau bouffant de 9 m de long, de loin la plus grande pièce vue pendant cette Fashion Week.
Gabriela Hearst emprunte au surréalisme
Depuis vendredi 16 février, à raison d'une dizaine à une douzaine de défilés par jour, le marathon des défilés automne-hiver 2024, a vu tous les styles se croiser, avec un retour en force du chic, observé par exemple chez Tommy Hilfiger. Si New York est moins prisée que Milan ou Paris, elle sait encore attirer les stars, comme Beyoncé, assise au premier rang pour assister au défilé de la marque Luar mardi soir.
Le même jour, pour présenter sa dernière collection dans un Brooklyn enneigé, la créatrice américano-uruguayenne Gabriela Hearst s'est inspirée de la peintre et romancière britannico-méxicaine Leonora Carrington (1917-2011), l'une des dernières représentantes du mouvement surréaliste.
La créatrice continue de puiser dans les matières naturelles de sa région natale, dans le nord-ouest de l'Uruguay, pour créer des robes légères et aériennes en satin ou en soie drapée avec de profonds décolletés, ou des robes de soirée fendues et dorées.
Collection automne-hiver 2024 Gabriela Hearst, présentée à New York le 13 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans les créations de Hearst, les épaules sont fortement marquées, les revers larges, les costumes sur mesure ornés de boutons en métal, qui peuvent être portés au masculin comme au féminin.
Agbobly, "mettre l'Afrique" sur la carte
Né au Togo, immigré enfant à Chicago, Jacques Agbobly, 26 ans, incarne lui une nouvelle génération de talents qui mettent leurs identités multiples au coeur de leur collection. "Mon travail, c'est de mettre l'Afrique sur la carte", a-t-il déclaré dimanche à l'AFP durant la présentation de la collection de sa marque, Agbobly.
"Je raconte mon histoire d'Africain vivant aux États-Unis, plus précisément à Chicago, et l'obligation de naviguer entre l'Afrique de l'Ouest et la vie en Amérique, la nécessité de trouver un compromis pour exister entre ces deux espaces", a-t-il expliqué, en revendiquant aussi son identité queer.
Le résultat, c'est un trench-coat double ceinture à carreaux vert, jaune et rouge qui rappellent les couleurs du drapeau de son pays natal. Ou un ensemble chemise, veste, jupe à fleurs qui tombe plus bas sur un côté, sorte de synthèse entre le pagne et le costume. Ses créations lui permettent d'être toujours en lice cette année pour le prix LVMH des jeunes créateurs de mode.
AFP/VNA/CVN