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Un magasin Tesco à Londres. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Des migrants birmans ont été contraints de travailler jusqu'à 99 heures par semaine avec des salaires illégaux et dans des conditions de travail forcé dans une usine thaïlandaise", précise un communiqué du cabinet Leigh Day, qui les représente, publié dimanche soir 18 décembre.
La procédure vise notamment à réclamer une compensation à Tesco et à sa filiale thaïlandaise de l'époque, Ek-Chai, cédée en 2020. Ils sont accusés "de s'être injustement enrichis aux dépens" des 130 travailleurs et d'un enfant migrants, défendus par le cabinet. La procédure vise aussi le groupe d'assurance et de certification pour les entreprises Intertek, qui avait inspecté l'usine mise en cause.
Si une phase amiable ne donnait pas satisfaction, la procédure se poursuivrait devant la Haute Cour, un tribunal britannique, préviennent les avocats. Les travailleurs étaient employés dans l'usine VK Garments de Mae Sot (Nord-Ouest) entre 2017 et 2020 à la coupe, la confection ou encore l'emballage de vêtements destinés à être vendus en Thaïlande.
Selon les éléments versés à la procédure, les ouvriers étaient payés au maximum 4 livres (4,60 euros) par jour, travaillaient sept jours sur sept à des cadences très élevées et vivaient dans de minuscules dortoirs où ils dormaient à même le sol de ciment.
Les révélations "sont incroyablement graves, et si nous avions identifié des problèmes comme celui-ci au moment où ils se sont produits, nous aurions immédiatement mis fin à notre relation avec ce fournisseur", a réagi Tesco lundi 19 décembre dans une déclaration transmise.
Si Tesco n'était pas impliqué dans le fonctionnement quotidien de l'usine, le groupe dit "continuer d'exhorter" son ancien fournisseur "à rembourser les employés pour tout salaire qui leur est dû". Ces derniers ne se sont vus accorder jusqu'ici que le paiement d'indemnités de départ par la justice thaïlandaise.
"Nous prenons très au sérieux les questions soulevées" mais ces dernières "font actuellement l'objet de procédures judiciaires thaïlandaises et anglaises, et nous ne sommes donc pas en mesure de commenter", a pour sa part réagi Intertek.
Par ailleurs, dix sociétés d'investissements disposant au total d'actifs de quelque 800 milliards de livres, dont Schroders ou Quilter Cheviot, ont signé lundi 19 décembre un appel commun aux distributeurs agroalimentaires et au gouvernement britanniques, les appelant à la vigilance face au risque de travail forcé de migrants dans l’agriculture britannique.
Les travailleurs migrants saisonniers au Royaume-Uni "sont obligés de payer des frais excessifs aux agents et intermédiaires", chiffrés à 35 millions de livres en 2022, et se retrouvent criblés de dettes et redevables envers ces personnes, ce qui constitue "un des indicateurs clés du travail forcé", selon un communiqué.
Le principal syndicat agricole britannique avait prévenu début décembre que le Royaume-Uni se dirige vers une crise d'approvisionnement alimentaire, faute notamment de visas en nombre suffisants pour faire venir ces travailleurs saisonniers, qui manquent particulièrement après le Brexit.
Le gouvernement a annoncé vendredi 16 décembre augmenter le nombre de visas de saisonniers disponibles l'an prochain de 40.000 maximum à 45.000, avec la possibilité de 10.000 sésames supplémentaires si nécessaire - les agriculteurs chiffrant les besoins à 55.000 par an.
AFP/VNA/CVN