En attendant les clients, deux chauffeurs motos-taxis s'amusent avec leurs téléphones portables. |
Ces dernières années, de nombreuses per-sonnes des provinces méridionales ont afflué à Hô Chi Minh-Ville avec ambition de changer leur vie en travaillant comme taxi-motocyclistes connecté. Cependant, il n’est pas aussi si facile de gagner de l’argent.
Dans un petit café de la petite rue Phan Van Hon (12e arrondissement), Nguyên Van Hoài, 23 ans, originaire du district de Cang Long, province de Trà Vinh, se laisse bercer mollement, dans son hamac. Soudain "ting ting", la sonnerie de son téléphone retentit. Il est debout en quelques secondes, s’installe sur sa moto et démarre. Selon le propriétaire du café, qui le connaît bien, Hoài travaille depuis plus d’un an en tant que chauffeur Grab, une compagnie de taxi-moto connecté, en vogue dans la ville.
Quand le rêve devient cauchemar
Environ dix minutes plus tard, Hoài est de retour et retrouve son hamac. "Trop pauvre pour suivre des études secondaires, j’ai terminé ma première année au lycée puis j’ai suivi des amis pour aller travailler à Cân Tho (Sud). Lors du dernier Têt traditionnel, j’ai entendu dire que les taxi-moto Grab marchaient très bien. Alors, je suis venu à Hô Chi Minh-Ville pour tenter ma chance", raconte Hoài
Puis il poursuit: "Chaque course me rapporte très peu, celle que je viens d’accomplir ne m’a rapporté que 26.000 dôngs et je dois reverser près de 7.000 dôngs à la compagnie Grab. Il y a certains jours où je ne gagne que quelques dizaines de milliers de dôngs, parfois 400.000 ou 500.000 si je suis chanceux. Cependant, je dois payer Grab par avance, sinon elle verrouille le réseau".
Ces trois ou quatre dernières années, le nombre de chauffeurs de taxi-motos connectés à Hô-Chi-Minh-Ville a explosé, atteignant des dizaines de milliers de personnes avec pas mal d’entreprises fournissant différentes technologies, parmi lesquelles des sociétés étrangères comme Grab, Go-Viet, ou encore des entreprises moins connues, telles que Mai Linh, Aber.
Des jeunes ruraux, venus en ville pour la première fois, aux chauffeurs âgés ou même aux étudiants, tous sont attirés par ce métier. Cependant, il n’est pas facile de gagner de l’argent avec ce service moderne, car ce sont les sociétés qui fournissent cette prestation, qui y gagnent le plus. La vie des chauffeurs de motos-taxis connectés est toujours confrontée à des difficultés et comporte même des risques élevés. Outre les cas de vol à l’arraché, certaines personnes ont même été tuées.
Suer sang et eau pour gagner sa vie
La vie des chauffeurs de motos-taxis connectés est toujours confrontée à des difficultés et comporte même des risques élevés. |
Témoignant des difficultés du métier de chauffeur de taxi moto, Hoài a confié: "Lorsque je suis arrivé pour la première fois en ville, les chauffeurs de taxi à moto traditionnels dans le secteur d’An Suong m’ont vu porter la chemise verte Grab. Ils me cherchaient toujours querelles, voire, me frap-paient en disant que j’envahissais leur territoire. Mais moi je ne faisais que mon travail".
Il a ajouté que bien qu’utilisant la technologie, les conducteurs de taxi moto Grab devaient encore compter sur la chance. "Parfois, quand je suis ici mais que les clients se trouvent à Câu Lon ou à Tham Luong, le temps que j’arrive, ils peuvent être pris en charge par d’autres chauffeurs".
M. Tinh, 36 ans, est un chauffeur de moto-taxi connecté dans l’arrondissement de Tân Binh depuis plus de deux ans. Il vient de La Gi, province de Binh Thuân (Centre). Auparavant, il travaillait pour Uber, maintenant pour Grab. "Le mois passé, je n’ai pas eu de chance, j’ai eu un accident. Je n’ai pas subit de dommage corporel mais j’ai dû débourser trois millions de dôngs pour les réparations de ma moto. Après cela, ma moto n’était plus aussi fiable alors j’ai pris le risque d’acheter une Vision à crédit", raconte M.Tinh.
Selon M. Tinh, faire fonctionner une moto avec la technologie devient de plus en plus risqué. Parfois, les clients réservent, mais quand on arrive c’est annulé. Ils éteignent leur téléphone et du coup l’entreprise déduit la course non effectuée de ce que nous encaissons ultérieurement.
"Je sais qu’il est dangereux de rouler la nuit mais comme on est payé beaucoup plus, je le fais quand même. Ça me fait peur mais je vais essayer de tenir encore quelque années", termine-t-il.
Il n’est que de voir le nombre de t-shirts avec des logos de compagnie de taxi moto connecté, pour se rendre compte que le nombre de chauffeurs est de plus en plus élevé. Cependant, il est paradoxal de constater que plus nombreux sont les chauffeurs, plus difficiles sont leur vies. De nombreux chauffeurs considèrent que ce métier est précaire et leur est juste utile à survivre d’un jour à l’autre, sans aucune assurance en cas d’accidents de la vie, car ils ne bénéficient d’aucune politique de protection sociale ou professionnelle de la part des compagnies de transport.