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Un membre des forces de sécurité tanzanienne surveille la carcasse d'un camion-citerne accidenté, dont l'explosion a fait plus de 60 morts parmi les passants qui tentaient de le siphonner, le 10 août, à Morogoro. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"On compte à l'heure actuelle 64 morts, après que deux parmi les 72 blessés précédemment annoncés aient succombé à leurs blessures", a annoncé samedi soir 10 août le gouverneur de Morogoro Stephen Kebwe lors d'un point-presse sur place, en présence de plusieurs membres du gouvernement.
Un précédent bilan faisait état de 62 morts et 74 blessés, pour la plupart des conducteurs de taxis-moto et des résidents qui étaient accourus pour récupérer du carburant qui s'échappait de la citerne.
Les faits se sont déroulés vers 08h30 (05h30 GMT) sur la commune de Msamvu, dans l'immédiate périphérie de Morogoro.
Peu après que le camion se soit renversé sur la chaussée, des conducteurs de "boda-boda" - des moto-taxis - ont afflué sur les lieux pour tenter de récupérer du carburant, tout comme des habitants de la commune. Une vidéo postée sur les réseaux sociaux montre ainsi des dizaines de badauds affairés à tenter de récupérer du carburant dans des jerricanes jaunes.
Puis l'essence s'est embrasée. Sur une vidéo tournée peu après, on aperçoit des corps de victimes carbonisés, comme pétrifiés, côtoyant au sol des effets personnels et autres carcasses de moto.
"Arracher la batterie"
Le gouverneur a expliqué qu'au moment où les habitants remplissaient leurs bidons de carburant, un homme a tenté d'arracher la batterie du camion, provoquant ainsi la déflagration, ce que des témoins ont semblé corroborer.
"Nous sommes arrivés sur les lieux, avec deux voisins, juste après que le camion se soit renversé. Pendant que certains bons samaritains essayaient de sortir du camion le chauffeur et les deux autres personnes qui se trouvaient à bord, d'autres se bousculaient, munis essentiellement de jerricanes, pour recueillir de l'essence", a rapporté January Michael, un jeune enseignant joint par l'AFP au téléphone.
"Au même moment, une personne tentait d'arracher la batterie du véhicule. Nous avons averti que le camion pouvait exploser à tout moment mais personne n'a voulu nous entendre. Nous avons alors poursuivi notre chemin. Mais à peine avions tourné les talons que nous avons entendu l'explosion", a-t-il ajouté.
Le drame a suscité une vive émotion dans le pays, artistes, sportifs, politiques et simples citoyens multipliant les messages de compassion aux victimes.
"J'adresse mes condoléances à tous ceux qui sont affectés, en particulier aux familles des victimes et je prie Dieu pour que ces victimes reposent en paix et que les blessés se rétablissent vite", a réagi le président tanzanien John Magufuli dans un communiqué diffusé par la présidence.
Le chef de l'État s'est aussi dit "très choqué que les gens se ruent sur des véhicules accidentés pour piller leur cargaison".
"Il y a des véhicules qui transportent du fuel dangereux comme dans ce cas, à Morogoro. Il y en a d'autres qui transportent des produits chimiques toxiques ou encore des explosifs. Arrêtons cette habitude, je vous en prie", a plaidé M. Magufuli.
"Sans nouvelles de mon frère"
Le gouverneur de Morogoro a précisé que tous les médecins de l'hôpital régional avaient été mobilisés et que des patients dont l'état n'inspire pas d'inquiétude avaient été transférés dans d'autres établissements pour faire de la place aux victimes de l'explosion.
De nombreuses personnes, essentiellement des femmes, étaient massées devant l'hôpital dans l'espoir d'obtenir des nouvelles d'un proche porté disparu.
"Je suis sans nouvelles de mon frère. Il était dans son kiosque au bord de la route. J'étais à la campagne, on m'a téléphoné pour me dire qu'on n'avait pas de nouvelles de lui, après l'explosion. J'essaye en vain de le joindre sur son téléphone, il n'est pas joignable", a ainsi déclaré Aisha Ramazan à la presse locale.
Les visites aux urgences étaient suspendues afin de laisser le personnel médical faire son travail dans les meilleures conditions possibles.
Ce type de tragédie n'est pas rare sur le continent. Début juillet, dans le centre du Nigeria, au moins 45 personnes étaient mortes et plus de 100 blessées lors du pillage par la population d'un camion-citerne accidenté qui avait explosé.
La citerne avait pris feu lorsqu'un autocar chargé de passagers avait tenté de passer: son pot d'échappement, en raclant le sol, avait provoqué des étincelles qui avaient enflammé le carburant.
Parmi les plus meurtrières de ces catastrophes figurent celle de Maridi à 300km à l'ouest de Juba au Soudan du Sud, qui avait fait au moins 203 victimes en 2015 et celle de Sange dans l'Est de la République démocratique du Congo où 292 personnes avaient perdu la vie en 2010.
AFP/VNA/CVN