"Il n'est pas juste de considérer que les pauvres doivent rester pauvres. Car la réalité a montré que les services de télécommunications, une fois généralisés dans un pays, aussi en retard soit-il, jouent un rôle très important dans la lutte contre la pauvreté et le développement économique", déclare le colonel Nguyên Manh Hung. Et d'estimer qu'au Laos et au Cambodge, la situation socio-économique a "retrouvé des couleurs" après que le déploiement des services de Viettel à la campagne. "Le processus pourrait être plus long à Haïti qu'ailleurs. Là, nos services n'en sont qu'à leurs débuts. Et nous avons du pain sur la planche", confie le dirigeant de Viettel.
Haïti est l'un des pays les plus pauvres de l'Amérique, avec 80% de sa population sous le seuil de pauvreté. Les difficultés se multiplient avec une inflation galopante, des infrastructures médiocres, une sécurité non assurée, une dette extérieure colossale et un bas niveau d'instruction. Sans oublier les lourds dégâts causés par le dernier séisme dévastateur, qui a fait 300.000 morts.
À cœur vaillant, rien d'impossible
Pour un investisseur étranger tel que Viettel, à ces inconvénients viennent s'ajouter l'éloignement géographique, les différences culturelles... "Malgré tout, Viettel a confiance. Nous sommes conscients que chaque localité du globe a ses propres problèmes, à Haïti comme ailleurs. L'important, c'est de se doter d'un savoir-faire pour pouvoir se frayer un chemin", indique Nguyên Manh Hùng.
Selon lui, le plus grand défi pour Viettel est lié au manque d'expériences dans la gestion ainsi que dans l'approvisionnement d'un réseau installé très loin du Standard Central (36 heures de vol entre le Vietnam et Haïti). "À tour de rôle, les dirigeants de Viettel se sont rendus dans ce pays, travaillant sur place avec ouvriers et techniciens, se débrouillant au milieu des difficultés. Et tout marche bien jusqu'à présent", se réjouit le colonel.
Questionné sur la stratégie de développement de Viettel à Haïti, Nguyên Manh Hùng précise que, comme au Laos et au Cambodge, son groupe a choisi toute une vaste région rurale comme "tremplin". "Ce sont vraiment des campagnards dont la vie est loin d'être aisée. Les pauvres ont, eux aussi, le droit d'accéder aux services de télécommunications. L'important, c'est que les fournisseurs créent des services appropriées et accessibles à leur bourse", explique-t-il. Et de montrer que dans une certaine mesure, l'arrivée des services de télécommunications dans une localité déshéritée l'appuiera dans son développement économique.
Après Laos, Cambodge et Haïti, le groupe vise le Pérou et le Mozambique, où il se prépare à entamer la construction des infrastructures de base. "Ainsi, nous sommes déjà présents en Asie, Amérique latine et Afrique". Viettel a adopté pour chacun d'eux un mode d'investissement concret convenant au contexte local. En restant fidèle à cette devise : à tout moment, dans tout lieu, pour tous et à tout prix. "C'est une philosophie qui lie étroitement affaires commerciales de l'entreprise et responsabilité sociale", selon le dirigeant de Viettel.
Une stratégie payante
La stratégie de développement de Viettel à l'étranger s'avère payante : outre un chiffre d'affaires qui s'accroît au fil des années, le groupe a obtenu des "acquis sans prix". À savoir des expériences dans la concurrence internationale, le renforcement de sa compétitivité, et ce même sur le marché domestique. Mais l'acquis qui "l'emporte sur tous les autres, ce sont les ressources humaines qui se développent constamment", estime le dirigeant de Viettel.
Le groupe compte un millier d'experts en mission à l'étranger, et cet effectif va augmenter dans un proche avenir. "Ces experts, jeunes pour la plupart, évoluent dans un environnement professionnel idéal. Ils seront la force de demain, celle qui prendra le relais pour la croissance de notre groupe. Autrement dit, le marché étranger constitue pour nous la +pépinière+ des dirigeants de Viettel", conclut le colonel, optimiste.
Nghia Dàn/CVN