Suzanne Valadon, modèle devenue peintre, prend sa revanche à Metz

Elle a posé pour les plus grands avant de prendre le pinceau et de provoquer son époque avec ses toiles de femmes et même d'hommes nus. Suzanne Valadon (1865-1938) fait l'objet d'une rétrospective au Centre Pompidou Metz.

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"Danse à la ville" (1883) de Pierre Auguste Renoir, à l'exposition Suzanne Valadon au Centre Pompidou Metz, le 24 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Super star" de la Belle époque, comme la qualifie Chiara Parisi, directrice de Pompidou Metz, la peintre était liée au milieu bohème de Montmartre, où elle a côtoyé Picasso, Braque ou le compositeur Erik Satie.

Du 15 avril au 11 septembre, l'exposition "Suzanne Valadon, un monde à soi" redonne ses lettres de noblesse à cette artiste à la destinée unique, passeuse d'un siècle à l'autre, dont l'indépendance vis-à-vis des avant-gardes lui a valu une reconnaissance tardive en histoire de l'art.

Née en 1865, Marie-Clémentine Valadon quitte la Haute-Vienne pour s'installer avec sa mère à Montmartre. Au marché des modèles, place Pigalle, elle commence à poser dès ses 15 ans pour des artistes comme Auguste Renoir, Henri de Toulouse-Lautrec ou Pierre Puvis de Chavannes.

Une visiteuse regarde des œuvres de Suzanne Valadon (1865-1938), qui fait l'objet d'une exposition au Centre Pompidou Metz, le 24 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Elle se fait alors appeler Maria avant de devenir Suzanne (en tout elle changera quatre fois de nom). L'exposition rassemble plusieurs œuvres de ces grands peintres qui l'ont représentée, comme le célébrissime Danse à la ville (1883) de Renoir ou La Grosse Maria (1884) de Toulouse-Lautrec.

Interdite aux Beaux-Arts

Sans être leur élève, c'est en posant pour eux qu'elle prend ses premières leçons de dessin et de peinture, car elle est trop pauvre pour entrer à l'académie Julian, une école privée. Sa condition de femme l'empêche de s'inscrire aux Beaux-Arts.

Son amitié avec Edgar Degas, qui lui enseigne la gravure en taille douce, sera un tournant dans sa vie. De 31 ans sa cadette, elle est rapidement admise par le peintre qui la considère comme son égale.

Un visiteur regarde "Portrait de famille" de Suzanne Valadon (1865-1938), qui fait l'objet d'une exposition au Centre Pompidou Metz, le 24 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Un ensemble d’œuvres de Valadon, issu de la collection personnelle de Degas, soit une trentaine de gravures et de dessins, est d'ailleurs présenté à Metz.

"C'est rare de rencontrer une artiste aussi géniale du point de vue de la couleur et du dessin", observe Mme Parisi.

L'exposition montre l'importance du noyau familial pour Suzanne Valadon, que ce soit sa mère, son fils, le peintre Maurice Utrillo ou son amant André Utter, représentés dans son Portrait de famille (1912).

Avec Utrillo et Utter, ils formeront "un trio infernal" à Montmartre.

En 1909, elle est la première femme dans l'histoire de l'art à peindre le corps d'un homme nu. Son Adam et Eve la représente avec son futur mari André Utter, éphèbe de 21 ans son cadet, à l'anatomie cachée sous quelques feuilles de vigne.

D'autres grands nus en extérieur suivront, comme Le Lancement de filets (1914), toile monumentale prêtée par le Centre Pompidou Paris.

"Je suis sûre et certaine que le visiteur peut rester longtemps devant un tableau de Suzanne Valadon même s'il n’aime pas la peinture", veut croire Mme Parisi.

AFP/VNA/CVN

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