Suriname : une manifestation contre la vie chère dégénère en émeute

Une manifestation contre la vie chère au Suriname a dégénéré vendredi 17 février, certains participants forçant le cordon de sécurité protégeant le parlement avant de piller des boutiques, a constaté une journaliste de l'AFP.

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Manifestation contre la vie chère, le 17 février à Paramaribo, au Suriname.
Photo : AFP/VNA/CVN

Entre 1.000 et 2.000 personnes se sont réunies en fin de matinée pour protester contre les hausses de prix des produits alimentaires, de l'essence et de l'électricité, accusant le gouvernement de corruption.

Vers midi, des manifestants plus virulents ont tenté d'entrer dans le parlement.

Ils ont forcé un cordon de sécurité puis les barrières protégeant le bâtiment, lancé des bouteilles et pierres sur les forces de l'ordre qui ont utilisé des gaz lacrymogènes et tiré des balles en caoutchouc pour les repousser.

Des manifestants se sont ensuite dirigés vers le centre-ville tout proche et ont pillé plusieurs boutiques.

Ils ont incendié une voiture et tenté de mettre le feu à plusieurs édifices. Plusieurs personnes ont été blessées, a constaté l'AFP.

"Des incidents se produisent encore dans les quartiers et les districts.

L'armée et la police y ont été envoyées", a indiqué le président Chan Santokhi lors d'une adresse télévisée à la nation, évoquant "une violation grave de l'état de droit, de l'ordre juridique et de la démocratie du Suriname".

"Il y a également eu des pillages, des destructions et des blessés parmi les civils, les militaires et les policiers", a-t-il précisé.

Le président, tout en promettant un renforcement de la présence policière à travers le pays, a toutefois indiqué être "ouvert au dialogue" avec les protestataires.

Des manifestants attaquent le bâtiment de l'Assemblée nationale, le 17 février à Paramaribo, au Suriname.
Photo : AFP/VNA/CVN

"J'ai trois enfants à nourrir et j'ai deux emplois. Chaque jour, les prix augmentent", s'est plainte Agnès, une manifestante ne voulant pas donner son nom, interrogée par l'AFP.

Un autre manifestant, Alfred, a estimé que le président devait partir: "Je ne peux plus payer l'essence pour aller travailler et amener mes enfants à l'école".

Petit pays de 600.000 habitants du Nord-Est de l'Amérique du Sud, le Suriname est plongé dans une grave crise économique, avec une inflation galopante et une dette extérieure qui a explosé. L'ancienne colonie néerlandaise attend avec impatience l'exploitation de réserves de pétrole qui s'annoncent importantes.

Le gouvernement prévoyait des réformes fiscales avec notamment la suppression des subventions pour l'électricité, l'eau et l'essence.

Le président Santokhi est sous le feu de l'opposition, mais il insiste qu'il doit réduire les coûts dans le cadre du programme de restructuration économique prévu par le programme du Fonds monétaire international.

Le Suriname avait conclu un accord avec le FMI en avril 2022 pour un prêt de 690 millions d'USD sur plusieurs années mais il n'a pas respecté les conditions requises, ce qui a entraîné un gel des fonds.

AFP/VNA/CVN

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