Soixante ans de la catastrophe de l'agent orange/dioxine au Vietnam : une guerre cruelle

Soixante ans après le premier épandage de cet herbicide massivement utilisé par l'armée américaine durant la guerre, de nombreux Vietnamiens continuent de souffrir de ses effets.

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Plus de 20% des forêts du Sud du Vietnam ont été "défoliées" au moins une fois et dix millions d'hectares de terres agricoles ont été détruits, à cause de l'agent orange/dioxine.
Photo : VNA/CVN

Selon l'Association des victimes de l'agent orange/dioxine du Vietnam, le pays compte plus de 4,8 millions de personnes directement exposées au défoliant, dont 3 millions en subissent encore les séquelles. Des centaines de milliers d’entre eux sont décédés dans la douleur. D'autres continuent de combattre tant bien que mal leurs maladies, souvent incurables. De nombreux enfants sont nés malformés ou condamnés à une vie végétale.

En novembre 1961, le président américain John F. Kennedy a lancé l'opération "Ranch Hand" pour utiliser une grande variété d'herbicides. Les barils avaient des rayures bleues ou orange. "Agent Orange" était le plus meurtrier et le plus utilisé. Ces défoliants ont été fournis par les sociétés Dow Chemical, Monsanto - impliquée par Mobay, une filiale commune avec l'Allemand Bayer AG. Dow Chemical a également fourni du napalm aux forces armées américaines jusqu'en 1969.

Des députés américains viennent inspecter le projet de traitement de l'environnement pollué par l'agent orange/dioxine à l'aéroport international de Dà Nang (Centre).
Photo : VNA/CVN

De 1961 à 1971, l'armée américaine a déversé 80 millions de litres de défoliants au Vietnam, lesquels contenaient près de 400kg de dioxine, un produit hautement toxique qui perturbe les fonctions hormonales, immunitaires et reproductives de l'organisme.

Plus de 20% des forêts du Sud du Vietnam ont été "défoliées" au moins une fois et dix millions d'hectares de terres agricoles ont été détruits. Les actions sont restées secrètes jusqu'à la fin de 1965. Ce n'est que lorsque des enquêtes ont été faites au Congrès que le gouvernement a réussi à expliquer qu'il ne s'agissait pas de guerre chimique, mais que des herbicides étaient utilisés pour détruire les récoltes des agriculteurs.

L'agent orange/dioxine détruit l'environnement, bouleverse les écosystèmes et entraîne de lourdes pertes de ressources en bois, ainsi que la disparition de nombreuses espèces végétales et animales rares et menacées d'extinction. Mangroves et forêts en amont de 28 grands fleuves vietnamiens ont été gravement endommagées. Ce sont les causes de catastrophes naturelles, d’inondations, d’érosion et de sécheresses de plus en plus fréquentes.

Dans les anciennes bases militaires américaines utilisées pour le stockage et le mélange de produits chimiques toxiques, la quantité de dioxine restante est évaluée à plusieurs milliers de fois plus élevée que la concentration autorisée, notamment dans les aéroports de Biên Hoa (province de Dông Nai), Dà Nang (ville éponyme) et Phu Cat (province de Binh Dinh).

Lors de la deuxième conférence internationale sur les herbicides toxiques utilisés par les États-Unis pendant la guerre du Vietnam et ses effets à long terme sur la nature et les humains tenue à Hanoï en 1993, de nombreux scientifiques vietnamiens et étrangers ont confirmé que l'agent orange utilisé par l'armée américaine a détruit la nature, les plantes, la santé humaine, et a causé de nombreuses maladies graves.

À ce jour, la population vietnamienne ainsi que les descendants de vétérans américains subissent encore les conséquences dramatiques de ce produit: malformations, handicaps, retards moteurs et mentaux, autant d'effets dévastateurs touchant les 3e et maintenant 4e générations de familles.

L'Association des victimes de l'agent orange/dioxine du Vietnam estime qu'environ trois millions de Vietnamiens ont souffert de maladies liées à l'agent orange, dont au moins 150.000 enfants nés avec des malformations congénitales et au moins un million sont gravement touchés par l'agent orange/dioxine.

Nguyên Huu Châu et sa femme (province centrale de Quang Nam) comptent 7 enfants affectés par l'agent orange/dioxine.
Photo : VNA/CVN

Non seulement des Vietnamiens mais aussi de nombreux soldats américains, sud-coréens, australiens, néo-zélandais... ayant déjà combattu au Vietnam et leurs descendants souffraient également de nombreuses maladies dues à l'exposition et aux séquelles de l'agent orange/dioxine. Au moins 2.100 soldats américains ont été exposés à l'agent orange.

Selon l'Association sud-coréenne des vétérans et handicapés touchés par l'agent orange (KAOVA), environ 100.000 soldats sud-coréens participant à la guerre au Vietnam ont été victimes de cet agent chimique, dont plus de 20.000 sont morts.

Selon les scientifiques, l'agent orange peut avoir des effets à long terme jusqu'à des centaines d'années, affectant des dizaines de millions de personnes et le nombre de générations avec des séquelles touchant les 4e générations. L'agent orange est une catastrophe chimique la plus désastreuse de l'histoire de l'humanité.

VNA/CVN

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