>>SNCF: les cheminots se prononcent massivement contre la réforme
>>Grève SNCF: retour à un trafic quasi normal dimanche 20 mai
Le secrétaire général de Force OuvrièDDFrance Pascal Pavageau (centre), le secrétaire général de FO cheminots François Grasa (gauche) avec le Premier ministre Edouard Philippe (droite) et la ministre des Transports, Elisabeth Borne (2e à droite) à l'hôtel Matignon lors de la réunion du 7 mai. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Au sortir du 11e épisode de grève et deux jours après une "vot'action" massivement contre le projet de réforme ferroviaire du gouvernement, les syndicats CGT, Unsa, SUD et CFDT, représentatifs à la SNCF, ainsi que FO, représentatif au niveau de la branche, verront dans la matinée à tour de rôle Édouard Philippe, qui fera une déclaration à la presse à la mi-journée.
Le chef du gouvernement recevra ensuite l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP, organisation patronale), avant le patron de la SNCF, Guillaume Pepy.
L'intersyndicale CGT, Unsa, SUD et CFDT a "adopté une position commune sur (ses) demandes", a-t-elle indiqué. Elles concernent notamment "la trajectoire financière" du groupe public, une convention collective nationale (CCN) du transport ferroviaire "de haut niveau" et l'accord d'entreprise à négocier à la SNCF, a précisé l'Unsa à l'AFP.
En face, le gouvernement reste "inflexible, sûr de sa réforme, mais à l'écoute", a-t-on répété à Matignon. "Il y a le non-négociable (ouverture à la concurrence, fin du statut de cheminot, transformation de la SNCF en société anonyme à capitaux publics, ndlr) et le négociable", comme "le niveau de la dette" repris par l'État, a-t-on ajouté.
L'État va reprendre "entre 30 et 35 milliards d'euros" de cette dette et investir l'équivalent d'"un point et demi de PIB" (environ 3 milliards) dans les infrastructures: "le réseau, le fret, les voies, la signalisation", a annoncé jeudi le député Jean-Baptiste Djebbari (LREM), rapporteur du projet de loi de réforme ferroviaire.
Reprendre la dette permettra de "restaurer un modèle économique viable" à la SNCF, souligne l'exécutif.
L'État doit "s'engager"
Le patron de la SNCF Guillaume Pepy, à l'hôtel Matignon le 7 mai. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
La CGT Cheminots ne se contentera pas "d'engagements sur la reprise partielle de la dette" et réclame "l'ouverture immédiate de négociations tripartites (organisations syndicales, patronat, gouvernement) sur l'ensemble" de la réforme, a-t-elle prévenu.
Un point important pour les syndicats. L'Unsa ferroviaire "demandera au Premier ministre une note d'intention l'engageant sur le contenu de ces négociations à venir", a indiqué son secrétaire général, Roger Dillenseger. "Un chantier titanesque" à mener "en 18 mois" avant l'arrêt des embauches au statut de cheminot le 1er janvier 2020.
L'UTP a publié jeudi 25 mai le cadre - les thèmes et un calendrier - qu'elle propose aux syndicats pour "finaliser" une CCN "ambitieuse". Elle promet "un cadre social de branche moderne", assurant "un haut niveau de garantie pour les salariés et un haut niveau de sécurité ferroviaire". Mais elle refuse de reprendre "l'ensemble des éléments actuellement inclus dans le statut des cheminots".
"Le document de l'UTP répond à des préoccupations de la CFDT" mais il ne va "pas assez loin, il doit encore être étayé et renforcé sur sa nature engageante", a commenté Sébastien Mariani, secrétaire général adjoint de la CFDT Cheminots. "On souhaite que l'État prenne un engagement moral".
Les rencontres de Matignon succèdent à l'adoption mercredi 23 mai en commission au Sénat du projet de loi qui sera examiné en séance à partir de mardi 22 mai. Le texte a évolué depuis son vote en avril en première lecture à l'Assemblée, intégrant notamment des propositions de l'Unsa et de la CFDT mais sans atteindre leurs objectifs sur les transferts des salariés chez un autre opérateur.
"La question du maintien de Guillaume Pepy à la tête de la SNCF n'est pas posée" et "il n'est pas question d'offrir la tête de quiconque à personne", a prévenu jeudi le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.