Service rapide

S’il y a bien une chose que j’ai apprise depuis que j’habite au Vietnam, c’est qu’il n’existe aucun problème qui n’ait de solution, laquelle est toujours à portée de mains ! Illustration.

La vie quotidienne est émaillée de petits incidents qui, à défaut d’être réglés, pourraient la rendre particulièrement inconfortable. Crevaisons, pannes d’appareils ménagers, rupture de canalisation, serrure récalcitrante... Qui n’a jamais vécu ces moments où un grain de sable vient gripper les rouages d’une journée qui s’annonçait idyllique ? Et bien souvent remettre de l’huile suppose patience et ténacité : trouver l’homme de l’art qui effectuera la réparation, prendre rendez-vous avec la vague promesse d’un délai incertain. Un vrai parcours du combattant ! Sauf qu’au Vietnam, le parcours ressemble davantage à un parcours de santé : quelle que soit la situation à laquelle vous êtes confronté, tout est réglé en deux temps, trois mouvements par la grâce de toutes ces petites mains qui ne sont jamais bien loin.

Réparation immédiate

Un matin comme un autre, et l’envie de parcourir les rues en vélo. Après quelques centaines de mètres, un pneu qui se dégonfle à la hauteur de notre enthousiasme. Heureusement, nous sommes au Vietnam !

Regardez, là au bord du trottoir, une pompe à main, vestige de la Belle Époque, nous annonce que nous trouverons réponse à nos problèmes. Son propriétaire sera heureux de prendre en main le vélo récalcitrant pour lui redonner de l’air et du maillon. Il suffit de s’installer confortablement sur un petit siège à proximité, en dégustant un «trà đá» (thé glacé) ou «nóng» (chaud) selon la saison, et d’observer l’artiste au travail.

Deux démonte-pneus, une bassine, un peu d’eau, et le diagnostic est posé : trou dans la chambre à air. Une rustine, un peu de colle, et le trou est bouché. Un clou, un marteau, une pince coupante, et le maillon récalcitrant se solidarise à nouveau du groupe. Vous n’avez pas fini de boire votre «trà» que déjà votre vélo vous attend, prêt à repartir avec vous pour de nouvelles aventures.

Je suis toujours émerveillé de voir avec quelle maestria, et si peu de moyens, ces hommes et femmes installés sur un bout de trottoir parviennent à accomplir toutes sortes de réparations en si peu de temps. En France, il faudrait apporter le vélo chez LE réparateur de cycles, quitte à traverser la ville avec le vélo sur le dos et laisser le vélo en réparation un jour ou deux dans le meilleur des cas. Ou, le faire soi-même !

En ce qui me concerne, je trouve plutôt agréable le fait de ne pas avoir à se soucier de toujours transporter chambre à air et matériel de réparation, au cas où… En outre, je ne suis pas certain que la réparation par mes propres moyens serait aussi rapide et aussi sûre.

Ouverture rapide

Un cadenas borné, une clef un peu trop souple, un coup de poignet un peu trop rude, et la clef casse dans la serrure. L’horreur absolue : je suis dehors et je ne peux rentrer chez moi pour cause de rupture claviculaire. Pas d’inquiétude, nous sommes au Vietnam !

Il suffit de parcourir quelques dizaines de mètres pour repérer un coffret en bois assorti d’une meule à clé : l’atelier du serrurier. À peine le temps d'exposer la situation, l’atelier se déplace et vient prendre ses quartiers devant ma grille. C’est pour moi toujours un spectacle fascinant que de voir cet artisan à l’œuvre. De la demi-clef extirpée, en quelques coups de limes d’une dextérité incroyable, il en crée une nouvelle en moins de 5 minutes.

Il existe bien d’autres petits boulots utiles sur les trottoirs des grandes villes. Tenez, ici au croisement des rues de la vieille ville, se tient le scieur de planches. Reconnaissable à sa scie à bois, il attend, imperturbable, assis sur ses talons, celui ou celle qui aura besoin de raccourcir une étagère, des pieds de chaise, ou autres objets en bois.

Chiffon en main, le cireur de chaussures propose ses services sur les trottoirs.

Et, là, voici le cireur de chaussures. Armé de son chiffon et de son cirage, il cire et fait briller chaussures et escarpins, du dessus à la semelle !

Et, plus loin, alignés le long d’un mur, ou blottis à l’ombre des arbres, les coiffeurs ont suspendu leurs miroirs, installé leurs sièges et rasoir à la main, attendent le client qui viendra se faire «rafraîchir» en profitant des derniers potins du moment.

Et puis, il y a aussi les vendeuses de fruits qui exposent leurs paniers garnis de fruits de saisons. À leurs côtés, on trouve les vendeuses de beignets qui vous tentent avec des gâteaux croustillants et sucrés.

Et si vous résistez, il faudra prendre garde à ne pas succomber à cette autre vendeuse qui vous attire avec des brochettes de porc épicé dont l’arôme titille les estomacs gourmands.

Changement éclair

Les petits services, ce sont encore ces personnes qui circulent à pied ou en vélo dans les ruelles en proposant des soupes chaudes, du pain, ou encore de récupérer le carton, les boîtes de conserve vides. Ce sont ces hommes, accroupis au coin d’une rue, et qui proposent leurs services pour remplacer une vitre, refaire la peinture d’une pièce, réparer des appareils ménagers.

Les coiffeurs installent leurs miroirs et leurs sièges dans les rues pour qui voudrait se faire «rafraîchir».

Je me souviens de cette fois où j’avais sollicité mon épouse pour qu'elle emprunte l’échelle du voisin. À ma demande, j’ai eu en écho la sempiternelle question : «Pour quoi faire ?». Et à ma réponse «Pour changer l’ampoule du lustre du salon», l’inévitable réaction : «Il n’en est pas question, je vais aller chercher quelqu’un pour le faire». Dix minutes plus tard, un homme embauché temporairement est arrivé avec une échelle sur le dos pour effectuer une tâche que j’aurais fort bien accomplie.

Mais j’aurais eu tort de m’en formaliser, car en l’occurrence ce n’étaient pas mes compétences qui étaient mises en cause, mais le souci de ma sécurité : pourquoi risquer de tomber d’une échelle, ou de s’électrocuter puisque quelqu’un d'autre peut le faire. À cette sollicitude conjugale, j’ajouterai aussi qu’en opérant ainsi, nous avons permis à une personne de gagner un peu d’argent pour vivre. Et je suis tenté de croire que cette seconde raison a primé !

Alors, pas d’inquiétude, quel que soit le service dont vous avez besoin, il y a toujours la réponse à proximité. Elle n’est pas belle, la vie ?

Gérard BONNAFONT/CVN

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