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| Le «roi de la dératisation», Trân Quang Thiêu, présente sa fameuse tapette sans appât. |
| Photo : ANTD/CVN |
Tout sourire, Trân Quang Thiêu brandit sa récolte du jour : une dizaine de kilos de rats attrapés dans les rizières près de Hanoi. Véritable fléau pour les cultures vietnamiennes, ces rongeurs envahissants sont pourchassés sans relâche. Dans son village de Van Binh, Thiêu et ses équipes travaillent jour et nuit dans ces champs où, selon eux, les rongeurs dévorent jusqu’à 20% de la production de riz.
Trân Quang Thiêu est né en 1954 dans la commune de Van Binh, district de Thuong Tin, en banlieue de Hanoi. Le quotidien de Singapour The Straits Times, l’a surnommé l’«exterminateur de rats ». Ce journal a publié le 19 décembre 2014 une interview de l’AFP où cet homme a confié qu’il était très difficile de capturer les rats. Ils sont très malins et courent jusqu’à 2,7 mètres par seconde.
Une tapette à succès
Tout a commencé en 1998 lorsqu’il invente des tapettes à rats diablement efficaces. Fonctionnant sans appât, la force de ses pièges, qu’il a fait breveter, tient principalement à la puissance du clapet. Dans les campagnes, «les pertes agricoles causées par les rats sont énormes. En plus, ils provoquent des incendies et des explosions en mordant les câbles électriques des maisons et des usines», explique le sexagénaire. «Les rats ravagent chaque année 500.000 hectares de rizières et causent des centaines de millions de dollars de dégâts, sans parler des risques de maladies transmissibles à l’homme», confirme Nguyên Manh Hùng, de l’Institut des sciences agricoles.
Avec sa tapette, Thiêu a reçu le 1er prix de l’innovation Vifotec. Cette dernière décennie, il a parcouru le pays, des plaines aux montagnes, pour former les agriculteurs pour qui les rats représentent l’ennemi suprême.
«On reçoit des demandes d’intervention de tout le pays, mais nous ne pouvons pas tout faire, faute de temps», regrette Thiêu. Avec ses cinq enfants, il a mis en place six compagnies spécialisées dans la chasse aux rats et a vendu 30 millions de tapettes. Sa technique est employée dans tout le Vietnam, mais aussi en Chine ou au Cambodge et ses contrats ne se limitent pas aux riziculteurs. Il a également signé des contrats avec des hôpitaux, des hôtels, des restaurants, des écoles, des usines, des ministères... et même un pour les locaux de la police de Hanoi.
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| M. Thiêu (gauche) aide les paysans à éradiquer les rats. |
Outre le prix Vifotec, le sexagénaire a reçu des satisfecit du Premier ministre Nguyên Tân Dung, du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, celui des Sciences et des Technologies, la Coupe «Main d’or», la Coupe «Pour l’œuvre du développement agricole et rural vietnamien», etc.
Un expert ès rats
Après la guerre, une fois démobilisé, M. Thiêu est retourné dans sa commune natale pour reprendre son métier de riziculteur. Ses parcelles comme celles d’autres agriculteurs étaient ravagées par les rats. Toutes les techniques de chasse (pièges, poison...) étaient peu efficaces. Il a alors décidé de fabriquer un piège spécial. Outre l’aspect purement technique de l’engin, il a aussi cherché à en savoir plus sur la biologie du rat, où plutôt des rats, car il existe de nombreuses espèces. «Le rat est surtout actif de 20h00 à 21h00 et de 03h00 à 05h00. C’est pendant ces heures-là qu’il faut aller aux champs pour repérer ses coulées (ses voies de passage, ndlr). Car, le rat a ses habitudes et emprunte souvent les mêmes chemins», explique-t-il.
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| M. Thiêu (droite) reçoit le 1er prix de l’innovation Vifotec. |
Au Vietnam, il existe 43 espèces de rats, dont une poignée nuisible aux cultures. M. Thiêu parcourt le pays pour partager ses conseils, son expertise, auprès de ses collègues agriculteurs bien sûr, mais aussi de sociétés qui n’arrivent pas à se débarrasser de ces encombrants rongeurs. «Je ne parle pas beaucoup. Pour moi, la pratique sur le terrain prime sur les longs discours». Il a organisé près de 8.000 cours pour les agriculteurs.
Quê Anh/CVN