Seringue à la main, des néophytes s'entraînent à vacciner à Londres

Dans un gratte-ciel de Londres, une centaine de personnes, la plupart sans qualification médicale, s'entraînent à manipuler une seringue. Elles s'apprêtent à intégrer l'armée de bénévoles déployée dans tout le Royaume-Uni pour vacciner à la chaîne contre le coronavirus.

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Des bénévoles apprennent à vacciner, lors d'une journée de formation, à Londres le 30 janvier.

Les autorités du pays, qui déplore plus de 106.000 morts de la pandémie et est soumis à un dur confinement, ont fait de la vaccination une cause nationale pour sortir de la crise. Elles ont mobilisé les militaires, mais aussi des dizaines de milliers de volontaires, dont Mike Day, 41 ans, qui explique avoir saisi l'occasion de "changer les choses".

"Je réalise des films, donc la dernière chose que je m'attendais à faire, c'était d'injecter un vaccin à des centaines de personnes", s'exclame ce documentariste, rencontré par l'AFP lors d'une journée de formation.

Au 32e étage de l'immeuble du quartier d'affaires de Canary Wharf, dont la vue est occultée par une pluie grise ininterrompue, des bénévoles, masqués et gantés, tentent de se faire la main.

"Aaah!", crie de manière stridente une formatrice, faisant rire l'assemblée, quand une volontaire, le geste encore hésitant, plante l'aiguille dans une fausse épaule attachée autour de son bras.

Enfoncez l'aiguille "profondément dans le muscle" et "ne remettez jamais le capuchon" après utilisation, leur rappelle une autre formatrice de l'organisation caritative St John Ambulance, spécialisée dans l'enseignement des premiers secours, qui travaille de concert avec le service public de santé (NHS) sur ce programme.

"Sans vouloir paraître nunuche, c'est une opportunité de se rassembler pour aider à guérir le monde", s'enthousiasme Katherine Odell, une employée de bureau de 35 ans.

Elle n'a pas vraiment peur d'aller sur le terrain, malgré la quantité d'informations à assimiler. "Il y a toujours un risque" face à la maladie, reconnaît-elle, "il faut respecter les règles autant que possible".

"J'ai l'habitude de voir des patients tous les jours, mais j'ai juste très envie que les choses reviennent à la normale, donc si je peux aider de quelque manière que ce soit, je veux pouvoir aider", confie la dentiste Eimear Herlihy, 31 ans.

Pour Shaun Wilson, 19 ans, étudiant en deuxième année de médecine à l'université de Cambridge, "c'est assez excitant de pouvoir appliquer la théorie que j'ai (...) pour quelque chose qui permet de changer les choses".

"Impossible" sans les bénévoles

Jeunes ou âgés, ces bénévoles de tous horizons font partie des 30.000 personnes qui seront recrutées d'ici au printemps par St John Ambulance pour administrer le vaccin Pfizer/BioNTech ou AstraZeneca/Oxford, les deux utilisés pour l'heure au Royaume-Uni, dans des centres de vaccination massive établis par les autorités.

Un volontaire apprend à vacciner, lors d'une journée de formation, à Londres le 30 janvier.

Seules les personnes de plus de 18 ans et diplômées du secondaire peuvent vacciner, après vérification du casier judiciaire.

Dans une salle différente, leurs chaises soigneusement espacées pour respecter la distanciation sociale, un autre groupe de bénévoles apprend comment mettre en confiance les personnes à vacciner, mais aussi à consciencieusement se laver les mains, enfiler et retirer en toute sécurité les équipements de protection individuelle ainsi que les gestes de premier secours.

"Un risque très faible associé à la vaccination est l'anaphylaxie", soit une forte réaction allergique, explique un formateur, Carl Fazackerley, 37 ans. "Il s'agit d'être prêt à y faire face".

Cette journée de formation permet de mettre en pratique les connaissances acquises lors de 15 heures de cours en ligne. À la fin, tous les bénévoles sont immergés dans un faux centre de vaccination.

La sécurité n'est pas négligée, soulignent les formateurs: les bénévoles sont, au début de leur déploiement, supervisés par un professionnel de santé.

Près de 9 millions de personnes ont déjà reçu une première dose de vaccin au Royaume-Uni, premier pays occidental à avoir lancé une campagne massive début décembre, mais aussi le plus endeuillé d'Europe. Le gouvernement de Boris Johnson compte en administrer 15 millions à toutes les personnes de plus de 70 ans et les soignants d'ici mi-février.

"Les volontaires sont une part essentielle du programme de vaccination, auquel ils apportent envergure et moyens", souligne Carl Fazackerley. "Le NHS est déjà sous pression à cause du COVID et lui demander de déployer seul la vaccination serait une tâche impossible".


AFP/VNA/CVN

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