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Sur le plan diplomatique, une importante réunion du Conseil de sécurité de l'ONU qui devait se tenir vendredi soir 16 septembre à New York a été annulée à la dernière minute à la demande de Washington et de Moscou, les deux parrains de cette trêve.
Un convoi de soldats turcs à la frontière avec la Syrie, le 2 septembre 2016 à Jarablos. |
La réunion devait permettre d'examiner le soutien à l'accord, qui prévoit un cessez-le-feu, l'acheminement d'aide humanitaire et vise à favoriser l'émergence d'une solution politique à la crise syrienne. "Comme nous n'avons pas pu nous mettre d'accord sur une manière de rendre compte au Conseil qui ne compromettrait pas la sécurité opérationnelle, la réunion a été annulée", a déclaré un porte-parole de la mission américaine à l'ONU.
Le très complexe conflit en Syrie a fait plus de 300.000 morts depuis cinq ans selon une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). La trêve a permis une baisse sensible des violences sur l'ensemble des fronts. Mais elle a été marquée à son quatrième jour par plusieurs accrocs notables, qui ont fait les premières victimes civiles depuis son entrée en vigueur selon l'OSDH. Trois personnes, dont deux enfants, ont péri à Khan Cheikhoun, une localité rebelle de la province d'Idleb (nord-ouest), dans des frappes menées par des avions non identifiés, d'après l'OSDH.
Une source militaire a par ailleurs fait état "d'affrontements intenses et de tirs de roquettes" dans la périphérie de Damas, où l'armée syrienne a bloqué une tentative des rebelles d'entrer dans la capitale par le quartier de Jobar. Ce quartier est aux mains de factions rebelles alliées au groupe jihadiste Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda). Les combats ont tué trois combattants rebelles islamistes et quatre membres des forces du régime, selon l'OSDH.
"Retards inacceptables"
Alors qu'une décision était attendue sur la prolongation de la trêve, Moscou et Washington ont affiché leurs divergences de vues, une semaine après avoir annoncé conjointement l'accord. "Bien que le cessez-le-feu soit un accord bilatéral, seul un des belligérants le respecte véritablement", a déclaré le général Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense. Il parlait du régime syrien, allié de Moscou. Le général a toutefois indiqué que la Russie était prête à une prolongation de la trêve de 72 heures.
Le département d'État a pour sa part annoncé que les États-Unis ne coopèreraient pas militairement avec la Russie en Syrie (ce que prévoit l'accord de trêve sous certaines conditions) tant que le pouvoir syrien ne permettrait pas aux villes assiégées de recevoir de l'aide humanitaire. Le secrétaire d'État américain John Kerry a condamné, lors d'un contact téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov, "les retards répétés et inacceptables de l'aide humanitaire".
Des drapeaux américains flottent dans le Nord de la Syrie, zone contrôlée par une coalition arabo-kurde, le 16 septembre 2016. |
Selon l'accord russo-américain, Moscou doit faire pression sur son allié Bachar al-Assad tandis que Washington doit oeuvrer auprès des rebelles syriens, notamment pour qu'ils prennent leurs distances avec le Front Fateh al-Cham. Une cessation des hostilités pendant sept jours devrait, selon l'accord, permettre la création d'un centre inédit de coordination militaire entre Moscou et Washington pour frapper les groupes jihadistes État islamique (EI) et Front Fateh al-Cham.
"Terriblement frustrant"'
L'accord prévoit la livraison d'aide humanitaire aux villes assiégées, à commencer par le secteur rebelle d'Alep, principal front du conflit. Mais faute de garanties de sécurité, des camions remplis de nourriture et de médicaments pour les habitants d'Alep-est sont toujours bloqués dans une zone tampon entre les frontières turque et syrienne.
"Le défi auquel nous continuons de faire face est de s'assurer que toutes les parties au conflit et ceux qui ont de l'influence sur elles se mettent d'accord", a dit David Swanson, un porte-parole de l'ONU. "C'est terriblement frustrant". La situation en Syrie s'est complexifiée encore davantage avec l'annonce par le Pentagone que des forces spéciales américaines avaient été déployées en appui de l'armée turque et de groupes rebelles modérés dans leur offensive contre l'EI dans le nord de la Syrie. Ce déploiement a été effectué "à la demande du gouvernement turc", a précisé le porte-parole du Pentagone.
Des drapeaux américains, visibles depuis la frontière turque, ont été hissés vendredi 16 septembre à Tall Abyad, dans le nord de la Syrie, zone contrôlée par une coalition arabo-kurde, selon un photographe travaillant pour l'AFP.