La pénurie de l'eau douce est grave. |
Le niveau du Mékong est entre 30% et 45% plus bas que la moyenne des années précédentes, selon les estimations de l’Institut des sciences hydrauliques du Sud. Actuellement, le niveau en amont du Mékong accuse un déficit de 60-70 cm par rapport à celui observé normalement à cette époque.
L’eau salée a pénétré jusqu’à 40-50 km des côtes, et la salinité des eaux a, par conséquent, naturellement augmenté. Les fleuves Cô Chiên, Cua Dai, Hàm Luông de la province de Bên Tre affichent une salinité de 4%o, et l’on retrouve du sel jusqu’à 45-50 km à l’intérieur des terres. Et la situation devrait empirer, l’Institut des sciences hydrauliques du Vietnam prévoyant une incursion allant jusqu’à 70 km du littoral.
Cet envahissement de l’eau de mer aura pour effet d’entraîner une pénurie d’eau douce pour la vie quotidienne comme pour la production agricole. Afin de limiter les dégâts d’une possible situation véritablement préoccupante, des digues seront érigées. Par ailleurs, et sur le plan de la prévention, il est nécessaire de cultiver de nouvelles variétés de plantes, et notamment de sélectionner des variétés de riz davantage résistantes à la sécheresse comme à la salinité des sols. Puisque, selon toute vraisemblance, ces deux phénomènes devraient s’accentuer, il est urgent de prendre et appliquer les mesures qui s’imposent.
Le delta du Mékong est la région la plus affectée par le changement climatique. |
Photo: Duy Khuong/VNA/CVN |
Selon l’Institut de planification hydraulique du Sud, le delta du Mékong est la région la plus affectée par le changement climatique. D’ici dix ans, la température aura augmenté de 0,2-0,3°C, le niveau de la mer de 8 à 9 cm, ce qui fera chuter la production de riz de la récolte hiver-printemps de 10% en 2030, puis de 15% en 2050, et causera des dégâts sur d’autres cultures, dont l’arboriculture. L’incursion de l’eau salée pendant la saison sèche mais aussi lors de la saison des crues – avec un phénomène de flux et de reflux – aura pour conséquence des pertes de l’ordre de 20-50% en 2050 pour la riziculture, les cultures secondaires, les arbres fruitiers et l’astaciculture.
Tây Nguyên : la plus grave sécheresse depuis dix ans
La sécheresse dans les provinces sur les hauts plateaux du Centre est à peu près du même niveau que celle observée en 2004 où, pour rappel, la pluviosité n’avait jamais été aussi faible depuis 20 ans. Alors que la campagne agricole hiver-printemps 2013 n’en est qu’à la moitié, les provinces du Tây Nguyên ont déjà déploré des milliers d’hectares de pertes. Ce qui fait courir un risque de famine et de lourde pénurie d’eau douce.
Dans la province de Dak Lak, le réseau de lacs réservoirs et de canaux n’est rempli qu’à 50% de ses capacités. Fin février, le Service provincial de l’agriculture et du développement rural rapportait une perte de 7.148 ha de cultures agricoles à cause du manque d’eau, avec plus de 5.000 foyers d’agriculteurs privés d’eau courante. Dans la province de Dak Nông, dix lacs-réservoirs sont d’ores et déjà à sec. Dans l’ensemble de la province, 2.300 ha de plantations de riz, de caféiers et de cultures maraîchères ont été détruits par la sécheresse.
Dans la province de Gia Lai, les habitants en sont venus à forer des puits à des profondeurs de 30-40 m, en vain… Outre la pénurie d’eau courante, le spectre de la famine plane sur toutes les régions rurales du Tây Nguyên. Bùi Ngoc Thanh, vice-président du Comité populaire du chef-lieu d’Ea Pok, district de Cu M’Gar, province de Dak Lak, a informé qu’au sein de sa localité, 600 foyers (3.000 personnes) ne récolteront rien – et n’auront donc pas de vivres – suite à la sécheresse qui a détruit 144 ha de riziculture.
Quê Anh/CVN