Se faire croquer la nuit au détour d'une rue à Hanoi

Le hasard vous envoie promener le week-end en soirée dans l'ancien quartier de Hanoi. Dans les rues piétonnières Hàng Ngang ou Hàng Dào, de jeunes artistes, en majorité des étudiants, prennent à la volée des croquis des passants et touristes. Difficile d'y échapper.

Depuis une dizaine d'années, le marché nocturne de Dông Xuân et les rues adjacentes, dans le vieux quartier de Hanoi, sont fréquentés par des portraitistes. Ils sont pour la plupart des étudiants des beaux-arts qui trouvent là un excellent moyen d'arrondir leurs fins de mois tout en assouvissant leur passion pour le dessin.

Devant son chevalet, Thanh Dat, étudiant en dernière année de la faculté de design industriel, raconte que chaque week-end, lui et ses amis viennent là pour dessiner. "Cela nous aide à payer une partie de nos frais d'étude. Chaque soir, je dessine 4-5 portraits ", confie-t-il.

Tous les week-ends, il y a une douzaine de portraitistes qui se font entre 200.000 et 300.000 dôngs par soir. Il leur faut 20-30 minutes pour finir un portrait, vendu 50.000 dôngs en moyenne.

"L'argent que je gagne est juste suffisant pour vivre et aussi aider un peu ma famille", confie Thanh Dat. Après avoir reçu son portrait, Gunter, un touriste allemand, est ravi : " Ces étudiants dessinent très bien et, en plus, ils se donnent beaucoup de peine. C'est génial !".

Peintres de nuit, étudiants de jour

Le soir, quant les rues piétonnes s'animent, les artistes commencent leur travail. La première étape est la recherche d'un bon coin, c'est-à-dire suffisamment éclairé pour y voir clair. Les outils des portraitistes sont très simples : du papier, un crayon ou du fusain, une gomme, un chevalet ou une planche à dessin.

"Je dessine ici depuis 7 ans, c'est pourquoi j'ai aussi des clients réguliers", explique Thanh Dat, en train de donner les dernières touches au portrait d'un gamin. Tout en dessinant, il raconte son parcours : "La peinture est ma passion depuis l'enfance. Avant l'ouverture de ce marché nocturne, en 2003, je venais déjà ici pour croquer les anciennes rues. Les premiers jours j'ai eu un peur de dessiner devant tant de gens, mais maintenant c'est un peu chez moi ici". Dès l'âge de 5 ans, ses parents l'emmenaient au Palais des enfants à Hanoi pour suivre des cours de dessin.

"Maintenant, la plupart des enfants qui dessinent bien sont passés par le Palais des enfants", dit-il.

"Les artistes de rues nocturnes", c'est le doux sobriquet que les gens du coin donnent à ces jeunes gens passionnés de croquis, et qui donnent un petit côté montmartrois bien sympathique à ce quartier de Hanoi.

Thuy Vi/CVN

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