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La statue de Nguyên Công Huê, fondateur de la sculpture sur bois du village de Bao Hà. |
Le village de Bao Hà, commune de Dông Minh, district de Vinh Bao, province septentrionale de Hai Phong, recense quelque 200 familles exerçant le métier de sculpteur sur bois dans une vingtaine d’ateliers. Chaque année, ce métier contribue à 40% de la valeur de production industrielle locale. Chaque atelier dégage en moyenne de 30 à 50 millions de dôngs de profits chaque mois. Les ateliers proposent toute une gamme de produits. Outre les produits traditionnels (statues de Bouddha, des saints, marionnettes), des nouveautés (autel, sentences parallèles…) sont également disponibles. Appréciés sur le marché domestique, ces produits sont également exportés dans plusieurs pays dont la Russie, l’Allemagne ou encore Taïwan (Chine).
Les habitants de Bao Hà ont tous un immense respect pour Nguyên Công Huê, fondateur du métier dans le village. L’histoire raconte qu’au XVe siècle, alors que le Vietnam était sous le joug des Chinois, beaucoup de jeunes Vietnamiens furent contraints de partir travailler dans les ateliers en Chine. Le jeune Nguyên Công Huê, de Bao Hà, fut l’un d’eux. Après plus de 10 ans passés en dehors de son pays natal, il revint en emportant avec lui les secrets de la sculpture sur bois et de la laque. Il enseigna ces métiers aux villageois, qui les perpétuèrent à leur descendance, et ainsi de suite. Pendant toute la période féodale, la sculpture sur bois de Bao Hà était très demandée. Nombre d’artisans chevronnés du village ont ainsi honoré les commandes importantes confiées par la Cour, notamment la fabrication de trônes. Aujourd’hui, la statue de Nguyên Công Huê - faite selon les villageois de ses mains - se dresse dans le Temple du village de Bao Hà. La statue exprime l’apparence posée d’un travailleur après une dure journée de labeur.
Un métier fastidieux
Autrefois, le village de Bao Hà était spécialisé dans la production de statues de Bouddha et de saints. La statue du génie Linh Lang Dai Vuong se dresse dans le temple de ce village. |
La production d’une œuvre demande beaucoup d’efforts de la part des artisans. Ils doivent respecter toutes les étapes : étude du modèle, choix des matériaux, esquisse des traits, sculpture fine, polissage, assemblage des différentes parties, vernissage (superposition de plusieurs couches) et décoration. Les essences préférées sont le jacquier, le lilas de Perse et le figuier - solides et peu sujets au gondolement et aux fêlures. Il existe également une vaste palette d’outils. Outre la scie, la hache, le rabot…, les artisans maîtrisent des dizaines de ciseaux à bois de toutes dimensions.
«Le temps d’apprentissage de ce métier varie d’une personne à l’autre. Pour les plus doués, il faut un an. Pour les autres, il faut parfois beaucoup plus longtemps», souligne Nguyên Van Tuom, un artisan chevronné de Bao Hà, notamment dans la fabrication des marionnettes. Et d’ajouter que l’apprentissage dépend de la vista esthétique, de l’intelligence et de l’assiduité de chaque ouvrier. L’artisan insiste également sur les difficultés pour produire une œuvre. «Une marionnette me prend quatre jours de travail. Pour les œuvres plus imposantes, notamment les statues, il faut souvent des mois pour les achever», informe M. Tuom. Et de souligner que chaque produit doit manifester le talent et la créativité des artisans du village.
La vie s’améliore
L'artisan Nguyên Van Tuom achève les dernières étapes de ses produits. |
Pour Nguyên Van Tuom, les artisans de Bao Hà peuvent vivre correctement du métier traditionnel. En attestent les conditions de vie des villageois, qui se sont sensiblement améliorées ces dernières années. «Je gagne en moyenne un peu plus de 10 millions de dôngs par mois. Et lorsque je reçois beaucoup de commandes, cela peut monter à 15-16 millions», confie-t-il.
En 2007, le village de Bao Hà a été reconnu par le Comité populaire de la ville de Hai Phong comme «Village traditionnel de sculpture sur bois-laque». Ce dernier est devenu une destination du programme «Excursions à la découverte de la campagne» déployé dans le district de Vinh Bao - Hai Phong. Les ateliers de Bao Hà accueillent souvent des ouvriers d’autres provinces venus apprendre la sculpture sur bois. Ce qui est excellent pour le prestige et la renommée du village et de ses artisans.
Pour préserver ce métier traditionnel, la commune de Dông Minh - en coopération avec le Centre de l’encouragement à l’industrie de la ville de Hai Phong et le Centre de la formation professionnelle du district de Vinh Bao - organise des cours de formation pour les artisans du village de Bao Hà. «Le métier de sculpture sur bois est transmis de génération en génération à Bao Hà. Les ouvriers ne bénéficient pas des formations officielles. Il leur manque des connaissances profondes sur les beaux-arts, le marketing, etc. Les outils de production sont également arriérés», remarque Nguyên Van Diêm, cadre chargé du développement des métiers artisanaux de la commune de Dông Minh.
Outre les cours de formation, des concours de création des produits sont également organisés en faveur des artisans. Ce qui aide à doper leur créativité et manifeste également l’attention qu’accordent les autorités au développement de ce métier traditionnel. À noter enfin que la commune de Dông Minh encourage les foyers d’artisans sculpteurs à participer aux foires commerciales afin de promouvoir les créations typiques de Bao Hà.
Texte et photos : Vân Anh/CVN