Le mémorial de l’art du don ca tài tu et de Cao Van Lâu, dans la ville de Bac Liêu, province éponyme. |
La chanson Da cô hoài lang (traduction littéraire : Dans le son du tambour nocturne, tu me manques, mon chéri !) occupe depuis une centaine d’année une place importante dans le trésor de la musique du Sud vietnamien. C’est une chanson exprimant le sentiment intime de nuit d’une femme en l’absence de son mari écrite par le compositeur Cao Van Lâu. Pour les habitants vivant dans le delta du Mékong, l’œuvre continue d’exister avec le temps.
Le parcours d’un artiste talentueux
Né en 1892 dans la commune de Thuân My, district de Vàm Co, province de Long An, dans une famille pauvre, Cao Van Lâu fut un enfant très intelligent. À cause de la pauvreté, sa famille quitta leur province natale pour Bac Liêu et survécut grâce à la pêche. Lors de son enfance, il suivit et apprit auprès du bonze gérant de la pagode Vinh Phuoc An, puis il étudia à l'école primaire de Bac Liêu.
En 1907, Cao Van Lâu dut arrêter sa scolarité à cause de la pauvreté. Un an plus tard, il commença à apprendre la musique avec le Professeur Lê Tài Khi, un acteur dont la réputation retentissait dans six provinces du Sud. Quelques années plus tard, Cao Van Lâu maîtrisa plusieurs techniques célèbres de son professeur qui lui confia la tâche d'animer la troupe musicale en battant le tambour lors des concerts de musique amateur organisés dans la province de Bac Liêu.
Quelques images du compositeur Cao Van Lâu exposées dans ce mémorial. |
Naisssance du vong cô
En 1913, il épousa une jeune fille pauvre nommée Trân Thi Tân. Les orages de la vie de cette jeune couple se levèrent parce que Mme Tân ne tomba pas enceinte trois ans après leur mariage. En raison de la coutume locale, Cao Van Lâu fut contraint de renvoyer sa femme à sa famille. Ce fut pendant les nuits de nostalgie de sa femme que Cao Van Lâu composa en 1919, le chant célèbre Da cô hoài lang. Cette œuvre, avec des sonorités tantôt graves, tantôt aiguës, fut rapidement et chaleureusement accueillie et interprétée par les troupes de musique amateur dans les villages du Nam Bô. L’œuvre musicale a également exprimé, par le biais de la nostalgie de la femme, les sentiments des paysans à cette époque, qui devaient faire face à la séparation, à l'injustice et à la guerre.
En plus, Da cô hoai lang donna naissance à un genre musical original dans le Sud du Vietnam: le vong cô (airs traditionnels mélancoliques), un élément indispensable du cai luong (théâtre classique rénové). Ce genre de musique a contribué au développement du don ca tài tu dans la vie culturelle et spirituelle des gens du Sud. Le 5 décembre 2013, l'art du don ca tài tu a été officiellement reconnu par UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
Texte et photos : Biên Thi Ngoc Diêu/CVN