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L'avion du pape François, un Airbus A330 de la compagnie Alitalia, sur le tarmac de l'aéroport de Bagdad, le 8 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les tractations avec la Commission européenne (CE) pour relancer le fleuron national sous un autre nom, Italia Trasporto Aereo (ITA), ont abouti à une "solution constructive et équilibrée", s'est félicité jeudi 15 juillet le ministère italien de l'Économie.
Alitalia, qui a cumulé des pertes de 11,4 milliards d'euros entre 2000 et 2020, a dû être placée sous tutelle de l'administration publique en 2017. Depuis cette date, le gouvernement a cherché en vain des repreneurs. L'État italien injectera dans un premier temps 700 millions d'euros dans la future société.
Plus frileuse, la CE s'est pour sa part contentée de "prendre note de l'annonce faite aujourd'hui par l'Italie du lancement d'ITA", sans évoquer un accord, mais en rappelant "l'entente sur les paramètres essentiels" du lancement de la nouvelle compagnie trouvée le 26 mai.
Bruxelles précise "rester en contact étroit avec les autorités italiennes afin de s'assurer que le lancement d'ITA en tant que nouvel acteur viable du marché est conforme aux règles communautaires en matière d'aides d'État".
Enquête sur les aides d'État
Parallèlement, l'enquête de la Commission sur la conformité du soutien public à Alitalia aux règles de l'UE en matière d'aides d'État "se poursuit".
En 2017 et 2019, Alitalia s'était vu accorder par l'État des prêts d'un montant total de 1,3 milliard d'euros, qui sont dans le viseur de Bruxelles.
Le chef du gouvernement italien Mario Draghi a mis tout son poids dans la balance pour faire décoller ITA, en prévenant en avril que Rome "n'acceptera(it) pas des discriminations arbitraires" de la part de Bruxelles.
Sous la pression de la Commission, les ambitions du plan de relance d'Alitalia ont été cependant revues à la baisse, et l'accord devrait se traduire par des suppressions d'emplois qui restent à chiffrer.
Des salariés d'Alitalia manifestent pour le sauvetage de la compagnie aérienne |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le secteur aviation sera transféré à ITA. Les salariés d'Alitalia qui "pourraient être embauchés dans la nouvelle compagnie sont 2.800 en 2021 et 5.750 en 2022", a assuré le ministre du Développement économique Giancarlo Giorgetti.
"C'est inacceptable!", ont réagi dans un communiqué les syndicats Cgil, Cisl, Uiltrasporti et Ugl, dénonçant "la vente à la découpe" d'Alitalia et un plan "faible" sans "aucune perspective de développement sur le long-courrier".
Les trois branches de la compagnie (aviation, services au sol et maintenance) comptent à présent autour de 11.000 employés.
Les services au sol et la maintenance seront vendus séparément, par le biais d'appels publics, comme l'avait exigé Bruxelles. Mais ITA pourra y participer aux côtés d'autres investisseurs, en tant qu'actionnaire majoritaire dans le premier cas et minoritaire dans le second.
Selon le plan industriel adopté jeudi 15 juillet par les administrateurs d'ITA et approuvé, selon eux, par Bruxelles, les services au sol devraient employer en 2025 entre 2.650 et 2.700 personnes et la maintenance entre 1.100 et 1.250 au cas où le successeur d'Alitalia remporte les appels d'offres.
Flotte réduite de moitié
La nouvelle société verra sa flotte réduite de moitié, à 52 appareils, dont 7 gros porteurs. Dès 2022, elle disposera de 78 avions et fin 2025 de 105, selon ce plan ambitieux.
Bruxelles avait également réclamé la cession de créneaux aéroportuaires ("slots"). ITA conservera 85% des créneaux horaires détenus par Alitalia à l'aéroport de Milan Linate et 43% des créneaux de Rome Fiumicino.
La Commission avait exigé que la future société marque une nette rupture avec son ancêtre en abandonnant notamment le logo d'Alitalia et en renonçant à accepter des billets émis par son prédécesseur.
La marque Alitalia sera vendue par le biais d'un appel d'offres public, mais ITA pourra finalement y participer.
Le gouvernement "supervisera toutes les mesures visant à protéger les travailleurs et les consommateurs", a assuré M. Giorgetti. Les acheteurs de billets pour des vols après la date du 15 octobre "seront protégés".
Le plan industriel, qui prévoit un accroissement graduel de l'activité d'ITA en fonction de l'évolution de la pandémie de coronavirus, table sur un chiffre d'affaires de 3,32 milliards d'euros en 2025.
AFP/VNA/CVN