Sagesse et malice paysannes à travers les ca dao

Dans le numéro 44 (du 31 octobre au 6 novembre), Huu Ngoc nous a présenté des poèmes-chansons appelés ca dao (prononcer ca dzao). Dans ce numéro, il continue de nous faire découvrir ce type de chansons de la littérature populaire du Vietnam, encore très prisé de nos jours.

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>>Chansons populaires vietnamiennes – sagesse et malice paysannes
>>Sagesse et malice paysannes à travers les chansons populaire et ca dzao
Ses narines contiennent dix-huit doubles charges de poils,
Le mari l’aime et dit : «C’est la barbe du dragon, c’est un présent du ciel»
La nuit, elle ronfle : «ho… ho… »
Le mari l’aime et dit : «ça égaie la maison»
Quand elle va au marché, elle grignote tout le temps,
Le mari l’aime et dit : «elle mangera d’autant moins de riz à la maison»
Sur sa tête, rien que des débris et de la paille,
Le mari l’aime et dit : «ce sont des fleurs parfumées qui parent sa tête».
                                                  * * *
Calculer avant d’aller au marché

Chère sœur, vous avez emporté une bonne ligature de sapèques,
Qu’avez-vous acheté pour ne pas venir à bout de vos calculs ?
D’abord, j’ai acheté de la poule pour trois tiên (1),
Un tiên et demi de riz, et trios sapèques de bétel :
Je suis revenue acheter 6 sapèques de noix d’arec,
Un morceau de viande pour un tiên et demi, des légumes pour dix sapèques,
Qu’y a-t-il donc qu’on ne puisse calculer ?
Un tiên et demi de riz ordinaire, six sapèques de thé vert,
Trente sapèques d’alcool, cher frère,
Trente sapèques de mile, vingt sapèques d’or votif,
Deux bols de nuoc mam (2), c’est clair.
Deux fois sept font quatorze pour que vous n’ayez pas de doute,
Vingt et une sapèques de farine pour le potage sucré,
Dix sapèques un régime de bananas, ça fait, au complet, une ligature.
                                                  * * *

Un marché traditionnel des Vietnamiens à la campagne.


Quand on a de la chance, on arrive à épouser une femme vieille.
La maison est propre, le bouillon savoureux, le riz bien cuit.
Quand on n’a pas de chance, on épouse une gamine !
Ça mange, ça laisse tout en ruine et ça s’en va.
                                                  * * *
Ne prenez pas un étudiant pour mari !
Il a le dos en long, il lui faut beaucoup d’étoffe, il se rassasie et il s’étend,
Pendant le jour, il erre des livres sous le bras,
Le soir, il rentre et garde la lampe pour veiller tout seul.
                                                  * * *
Une année se divise en douze périodes,
Je m’assieds et je calcule : que ne puis-je calculer ?
Le premier mois, je fête le Têt à la maison (3),
Le deuxième mois, j’ai des loisirs, je me mets à élever des vers à soie,
Le troisième mois, je vais vendre des étoffes noires,
Le quatrième mois, je me loue comme moissonneuse, et le cinquième je reviens,
Le sixième mois, je fais le commerce des radeaux,
Le septième et le huitième mois, je reviens pour faire le commerce du maïs,
Le neuvième et le dixième, je coupe le chaume dans les rizières de la deuxième récolte.
Le onzième et le douzième, je tombe sur un étudiant au dos long,
Il mange puis il s’étend,
Et je cours toute l’année, accablée de soucis et de chagrin.
Mieux vaut prendre un garçon de la campagne bien vigoureux,
Du riz plein le panier, du paddy en tas, plus de soucis !
                                                  * * *
La vieille s’en va au marché du Pont de l’Est
La vieille s’en va au marché du Pont de l’Est.
Elle se fait tirer l’horoscope pour savoir s’il y a avantage à prendre un mari.
Le devin consulte les oracles et dit :
Pour un avantage, c’est un avantage mais des dents, il n’en reste plus (4).
                                                  * * *

Nombreux poèmes-chansons abordent les travaux champêtres.
Photo : VNA/CVN


Si chaque arpent de terre pouvait parler,
Le géomancien n’aurait plus aucune dent.
                                                  * * *
Votre sort, Mademoiselle, c’est que si vous n’êtes pas riche, vous êtes pauvre,
Le 30e jour du Têt, de la viande pend dans la maison,
Votre sort, c’est que vous avez une mère et un père,
Une mère qui est une femme, un père qui est un homme.
Votre sort, Mademoiselle, c’est qu’il y a un jour femme et mari,
Le premier enfant sera un garçon à moins que ce ne soit une fille.
                                                  * * *
Le bonze est en train de faire des prières «namo».
Il voit une demoiselle avec un panier allant à la pêche aux crabes près de la pagode.
Dans le cœur du bonze naissent des rêves vagues…
Il abandonne le livre de prières et court après la demoiselle pour l’interroger et la saluer.
Hélas elle disparaît, on ne sait pas quel chemin,
Il égrène le chapelet et va et vient, fort préoccupé (5).

Huu Ngoc/CVN


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1. Tiên : appellation d’une monnaie des Vietnamiens d’autres fois, un tiên contre 60 ou 70 sapèques.
2. Nuoc mam : saumure de poisson.
3. «Je fête le Têt», littéralement, «je mange le Têt».
4. Il y a là un jeu de mot impossible à rendre. Dans la langue vietnamienne, le mot lợi signifie à la fois «avantage» et «gencive».
5. «Namo» : invocation bouddhique.

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