On l'utilise beaucoup pour l'industrie plastique et toutes sortes de dérivés. Le développement de l'industrie pétrolière a fourni les carburants liquides, qui ont permis la deuxième révolution industrielle, et a donc considérablement changé le cours de l'histoire. En ce sens, le pétrole est véritablement le successeur du charbon, qui avait rendu possible la première révolution industrielle.
Cependant, le pétrole est également source de controverses, car son utilisation systématique a conduit l'homme à dégrader l'environnement, plus ou moins directement. L'impact environnemental le plus inquiétant du pétrole est dû à l'émission de dioxyde de carbone (CO2), résultant de sa combustion comme carburant. La combustion libère dans l'atmosphère d'autres polluants, comme le dioxyde de soufre (SO2). L'extraction pétrolière, elle-même, n'est pas sans impact sur les écosystèmes locaux même si, comme dans toute industrie, les risques peuvent être réduits au moyen de pratiques vigilantes. Néanmoins, certaines régions fragiles ou encore préservées sont fermées à l'exploitation du pétrole, en raison des craintes pour les écosystèmes et la biodiversité. Les fuites de pétrole et de production peuvent être parfois désastreuses, l'exemple le plus spectaculaire étant celui des marées noires. Les effets des dégazages ou d'autres, moins visibles, comme l'abandon des huiles usagées, ne sont pas à négliger.
Selon les estimations, les gaz qui émanent des activités relatives aux produits pétroliers et aux énergies fossiles représentent environ 70% des émissions de gaz dans le monde entier. Ces émissions sont la cause directe des changements climatiques, de l'effet de serre et d'une série de problèmes environnementaux.
Face à cette situation, de gros efforts sont déployés pour chercher des énergies de remplacement, l'une étant le biocarburant, qui attire un intérêt croissant, puis qu'il est inépuisable et peu polluant. En 2000, une nouvelle hausse du prix du pétrole qui a fait planer la menace d'un choc pétrolier, la nécessité de lutter contre l'effet de serre, les menaces sur la sécurité énergétique ont conduit les gouvernements à multiplier les discours et les promesses d'aides pour le secteur des biocarburants. Les États-Unis ont lancé un grand programme de production d'éthanol à base de maïs. La Commission européenne souhaite que les pays membres incluent au moins 5,75% de biocarburants dans l'essence, et, à cet effet, les directives adoptées autorisent les subventions et détaxations, ainsi que l'utilisation des jachères à des fins de production d'agrocarburant. La Suède vise même une indépendance énergétique dès 2020.
Une percée énergétique
Un biocarburant ou agrocarburant est un carburant produit à partir de matériaux organiques non fossiles, obtenu par conversion des biomasses végétales et utilisé comme substitut des hydrocarbures.
Il existe actuellement 2 filières principales : filière huile et dérivés (biodiesel) ; filière alcool, à partir d'amidon, de cellulose ou de lignine hydrolysés. D'autres formes moins développées, voire simplement au stade de la recherche, existent aussi : carburant gazeux (biogaz carburant, dihydrogène), carburant solide.
L'éthanol et le biodiesel sont largement utilisés. L'éthanol est un alcool qui peut remplacer partiellement (un mélange E5 avec 5% d'éthanol, E10-10%, E85-85%) ou totalement l'essence (E100-100%). Une petite proportion d'éthanol peut aussi être ajoutée dans du gazole, donnant alors du gazole oxygéné, mais cette pratique est peu fréquente. Les 2 plus grands producteurs de bioéthanol sont les États-Unis et le Brésil. Le biodiesel, ou biogazole, est une alternative au carburant pour moteur diesel classique : gazole ou pétrodiesel. Le biodiesel peut être utilisé seul dans les moteurs (B100) ou mélangé avec du pétrodiesel (B20, B5, B2, etc.).
Les biocarburants représentent une source supplémentaire de carburant favorable à l'indépendance énergétique et éventuellement un substitut au pétrole qui se raréfie, un débouché agricole et une activité agro-industrielle nouvelle, séduisante en période de crise économique. Les différentes filières d'agrocarburants peuvent stimuler l'activité agricole.
Possibilité de remplacement des énergies fossiles ?
Une grande partie de la production pétrolière a lieu dans des pays dont il serait imprudent de dépendre excessivement : Irak, Nigeria, Iran... En outre, on sait que le pétrole s'épuise. Les biocarburants permettent aux pays qui les produisent de devenir moins dépendants sur le plan énergétique. À l'échelle locale, la production et l'autoconsommation d'agrocarburants (huile végétale carburant par exemple) permettent une autonomie énergétique des agriculteurs.
Jusqu'à présent, personne n'estime que les biocarburants peuvent, à eux seuls, remplacer complètement le pétrole, ni même les carburants d'origine fossile actuellement utilisés. La question est plutôt de savoir s'ils peuvent représenter une part de la solution.
Un monde fonctionnant aux énergies renouvelables devrait consommer bien moins et de façon plus efficace, ce qui laisse une place aux biocarburants. Des études prenant en compte d'autres cultures et d'autres modes de production agricole ont conclu que la bioénergie pourrait assurer une part significative des besoins en déplacement.
Bilan environnemental
La combustion (et, dans une moindre mesure, la production) des carburants participe aux émissions massives de gaz à effet de serre (GES) à qui l'on attribue principalement le phénomène de réchauffement climatique.
Au contraire, le carbone émis lors de la combustion de biocarburants (filière huile ou filière éthanol) a préalablement été fixé par les plantes (palme, colza, maïs, blé, bois...) lors de la photosynthèse. Le bilan carbone semble donc a priori neutre et le recours à cette énergie permet d'éviter des émissions supplémentaires de GES.
En France, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) et le Réseau Action Climat ont publié des études sur l'intérêt des agrocarburants pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. L'ADEME a réalisé une synthèse des différentes études, en normalisant les résultats. Voici la conclusion du rapport de synthèse de 2006 : "Alors que les résultats publiés sont radicalement différents et donnent lieu à des conclusions opposées, les résultats normalisés permettent de tirer une conclusion commune aux 3 études : l'éthanol et le biodiesel permettent tous 2 de réduire la dépendance aux énergies non renouvelables par rapport aux carburants fossiles..."
"Une bonne stratégie de développement du biocarburant apportera bien des intérêts aux pays producteurs en matière de sécurité énergétique, de protection environnementale et de développement agricole", estime le Docteur Nguyên Huu Luong, de l'École polytechnique de Hô Chi Minh-Ville.
Huy Hoàng/CVN