Route du Rhum: un sprint d'enfer au dessus de l'Atlantique

Une flotte impressionnante de 123 bateaux se lance à l'assaut de l'Atlantique dimanche 4 novembre à Saint-Malo pour les 40 ans de la Route du Rhum, cette célèbre course en solitaire qui pourrait bien se jouer au dessus de l'eau en moins de six jours grâce aux bateaux "volants".

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Vue aérienne du port de Saint-Malo, ville de départ de la Route du Rhum, le 2 novembre en France.
Photo: AFP/VNA/CVN

Toutes voiles dehors, multicoques et monocoques se retrouvent sur une même ligne longue de 5km pour prendre le départ de la 11e édition, au coup de canon donné à 14h02 précisément.

Ils seront des dizaines de milliers de personnes, sur terre et sur mer, à assister au grand spectacle et voir tous ces marins quitter l'hiver pour retrouver l'été, à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) après une traversée infernale. Braver les éléments, faire face à une énorme tempête prévue mardi 6 novembre, dormir si peu, tenir la pression de la confrontation et gérer non stop des bateaux extrêmement sollicitant.

"Faire du bateau ce n'est pas compliqué, traverser l'Atlantique, ça l'est un petit moins. De le faire en solitaire, ça l'est un peu plus et de le faire en solitaire en course, ça le devient franchement", explique à l'AFP Loïck Peyron, vainqueur de la dernière édition en 2014 en un temps record de 7 jours et 15 heures (Banque Populaire VII).

Le tenant du titre sera aussi parmi les concurrents dimanche 4 novembre mais sur une petite embarcation jaune, identique à l'Olympus du Canadien Mike Birch, entré dans la légende avec la première victoire en 1978 en 23 jours 6 heures. Une course hommage à tous les pionniers de la course au large qu'a souhaité Peyron.

Le public se presse sur les fortifications de Saint-Malo à la veille du départ des voiliers, le 3 novembre en France.
Photo: AFP/VNA/CVN

"Affronter le pire"

Bien évidemment à mille lieux des enjeux sportifs concentrés sur la catégorie très élitiste des Ultim, ces maxi-trimarans (32m de long pour 23m de large max.) dont trois sont capables de "voler".

"Traverser l'Atlantique sur des Ultim, les plus gros bateaux, c'est ce qu'il y a de pire. De mon point de vue, ce sont eux qui vont affronter le pire. Parce que physiquement c'est colossal. C'est un effort et un stress étonnant. Le seuil de tolérance indispensable pour être efficace sur un Ultim est totalement décalé du reste du commun des mortels", relève Peyron.

À la barre de ces bateaux hors-norme, de grands marins: François Gabart (Macif), détenteur du record du tour du monde en solo (42 j 16 h), Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) et Armel Le Cléac'h (Banque Populaire IX), vainqueur du dernier Vendée Globe, pour ceux qui pilotent des machines "volantes". Et Thomas Coville (Sodebo Ultim), auteur d'un record du tour du monde en solitaire (49 j 3 h), et Francis Joyon (Idec Sport), détenteur du Trophée Jules (record du tour du monde en équipage, 40 j 23 h) pour des Ultim première génération, donc qui ne volent pas.

Parmi ces engins qui fileront au dessus de l'eau, deux sont tout récents. Mis à l'eau il y a moins d'un an, 'Edmond de Rothschild' et 'Banque Populaire IX ont été conçus dès l'origine pour voler. Et celui skippé par Josse est le plus volant de tous.

Le skipper français Yann Eliès, le 3 novembre à Saint-Malo.
Photo: AFP/VNA/CVN

"Histoires incroyables"

Juste derrière pointe Gabart avec un bateau âgé de 3 ans, mais entièrement revisité l'hiver dernier aller encore plus vite en encore plus haut sur l'eau.

Quel que soit le vainqueur, cette transatlantique entrera dans l'histoire comme la première confrontation en course et en solitaire des grands multicoques "volants".

Mais attention aux premières 24 heures, qui sont la plupart du temps décisives, quelle que soit l'embarcation.

"On est en Manche, à chaque Route du Rhum il s'y passe des histoires incroyables, des drames, des chavirages, des abordages, des démâtages, des disparitions malheureusement", rappelle Yann Eliès, en lice sur un monocoque Imoca (Ucar Saint-Michel).

Dès la première édition, Alain Colas avait disparu. Ce fut aussi le cas de Loïc Caradec en 1986. En 2002, sur les 18 multicoques partis, seuls 3 sont arrivés à bon port.

"Dès qu'on passe les Héaux de Bréhat, dans le fond de la baie de Saint-Brieuc, là c'est le combat, c'est parti pour le corps-à-corps violent avec les éléments", poursuit Eliès.

Dimanche 4 novembre, le départ s'annonce dans de bonnes conditions mais cela va vite se gâter avec une tempête mardi. De quoi fortement inquiéter les petits bateaux, les Class40, soit la moitié de la flotte (53 monocoques).


AFP/VNA/CVN

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