Romans simples, succès mondial pour le Japonais Toshikazu Kawaguchi

Toshikazu Kawaguchi voulait faire du manga, ce qui n'a pas payé, alors ce Japonais s'est tourné vers le théâtre, puis le roman, qu'il vend dans de multiples pays sans tout à fait "comprendre (...) cet énorme succès".

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L'auteur japonais Toshikazu Kawaguchi, le 10 octobre à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'auteur était en France pour la première fois pour la promotion de son troisième livre, Le café où vivent les souvenirs (éditions Albin Michel), plusieurs semaines avant sa sortie le 2 novembre.

Les deux premiers, Tant que le café est encore chaud et Le café du temps retrouvé, sont sortis en français en 2021 et 2022.

En japonais, les trois sont plus anciens, parus entre 2015 et 2018. S'y ajoutent deux romans encore non traduits.

Tous développent la même trame. Le quotidien d'un café de Tokyo d'où l'on peut partir vers le passé, en s'asseyant à une certaine place, les quelques fois où elle est laissée libre, pendant le temps où une tasse de café reste chaude, à savoir une heure environ.

Qui sont les clients qui vont voyager dans le temps ? Pour quoi faire ? Qu'en retirent-ils ? Chaque roman raconte plusieurs histoires de vie marquées par des regrets à atténuer, des manques à réparer en retournant vers des temps révolus.

Mère "rassurée"

L'auteur est aujourd'hui traduit dans une trentaine de langues. Photo : AFP/VNA/CVN

"J'ai d'abord eu cette phrase en tête : tant que le café est encore chaud. Je me suis demandé : qu'est-ce qu'on peut faire pendant ce laps de temps où le café est encore chaud ? Et je me suis dit : tiens, si on voyageait dans le passé ? C'est parti du titre", raconte l'auteur.

Toshikazu Kawaguchi en fait d'abord une pièce de théâtre, dont la première a lieu en 2010. Une éditrice la voit en 2011 et se dit que cela ferait un excellent roman. À raison : il s'en est vendu plus d'un million d'exemplaires au Japon.

De quoi rassurer définitivement sa mère, qui voyait ce fils vivre ses passions mais avoir du mal à joindre les deux bouts.

"Je voulais d'abord devenir mangaka (...) J'ai été forcé d'abandonner parce que ça ne fonctionnait pas et, à partir de l'âge de 22 ans, je me suis mis au théâtre. J'en fais toujours aujourd'hui, explique-t-il. Avant que je commence à publier les romans, c'est vrai qu'elle était très inquiète. Depuis que j'écris, elle est rassurée".

Mieux : l'auteur est aujourd'hui traduit dans une trentaine de langues. La recette est simple, puisque c'est sous une même couverture dans presque dans tous les pays. Mais efficace, avec un art de la suggestion et du dialogue où l'on reconnaît un savoir-faire de dramaturge.

"Je ne comprends pas"

"Moi-même je ne comprends pas très bien cet énorme succès", remarque l'auteur.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le quotidien Libération, qui peut être très grinçant quand il parle de best-sellers et de romans traitant de sujets légers et positifs (feel-good), écrivait en 2022 : "Cette balade du café magique n'est en rien un distributeur de billevesées instantanées. Il s'agit au contraire de nouvelles savamment construites et tout à fait charmantes".

"Moi-même je ne comprends pas très bien cet énorme succès, remarque l'auteur. "Quand j'ai fait le premier, je ne pensais pas qu'il y aurait un deuxième et un troisième derrière".

Rares sont les hommes à s'imposer dans ce genre, qui sourit plutôt aux autrices. Toshikazu Kawaguchi, qui a plus de lectrices que de lecteurs, a une explication : "Ce n'est pas volontaire de ma part mais, très souvent, mes héros sont des femmes. Et c'était déjà vrai dans mon théâtre".

Plus qu'à sa mère, c'est pourtant à son père qu'il semble avoir pensé en se lançant dans cette aventure au long cours.

Où irait le romancier lui-même s'il voyageait dans le temps ? "J'irais sans doute rencontrer mon père, que j'ai perdu quand j'étais à l'école primaire. Il est mort de maladie à 38 ans (...) Je voudrais le retrouver pour lui dire : c'est bon, tout va bien".

AFP/VNA/CVN

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