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Hugo Gaston face à l'Autrichien Dominic Thiem au 4e tour de Roland-Garros, le 4 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après plus de trois heures et demie de jeu, Gaston, 239e mondial et bénéficiaire d'une invitation, a fini par s'incliner 6-4, 6-4, 5-7, 3-6, 6-3. Mais il a vendu très cher sa peau.
"Je n'avais pas vu un joueur avec un tel toucher depuis très longtemps. Ses amorties viennent d'une autre planète, il m'a fait sprinter quatre cents fois vers le filet, salue Thiem. S'il continue comme ça, il va devenir un très grand joueur."
Même en nombre très restreint en raison des restrictions sanitaires, le public du court Central l'a raccompagné aux vestiaires sous les "Merci Hugo, merci Hugo, merci..."
"Je sors de ce match la tête haute", se félicite Gaston, partagé entre "un peu de déception" et "beaucoup de fierté".
"Jouer contre des joueurs comme ça et voir qu'on a le niveau et qu'on tient pendant longtemps, ça donne envie de repartir s'entraîner pour être encore plus fort", projette-t-il.
Difficile de croire que Gaston n'avait pas remporté le moindre match sur le circuit principal avant ce Roland-Garros, tant le gaucher toulousain, 20 ans depuis une semaine, s'est montré à la hauteur de l'événement.
Non seulement il ne s'est pas laissé impressionner pour sa toute première fois sur le Central. Mais, même mené deux sets à zéro par le récent vainqueur de l'US Open et double finaliste sortant, il n'a pas baissé les bras et, fort de son jeu atypique et si créatif, a déboussolé Thiem au point de le pousser au cinquième set.
Thiem agacé
L'Autrichien Dominic Thiem face à Hugo Gaston au 4e tour de Roland-Garros, le 4 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En une heure et demie, le temps des troisième et quatrième manches, Gaston a cuisiné l'Autrichien jusqu'à lui donner le tournis, à coups de dizaines d'amorties (55 !), le plus souvent payantes, d'une alternance d'attaques fulgurantes et de balles bombées, et même de coups droits chopés sans rebond. La même recette que face à Wawrinka 48 heures plus tôt.
Même lui, d'habitude si impassible et posé, s'est laissé aller à haranguer les spectateurs après avoir arraché le troisième set.
Englué dans ce mélange déstabilisant, Thiem, tête basse et l'air las par moments, a alors multiplié les fautes inhabituelles et n'a pas pu cacher sa frustration et son agacement.
Mais il a su se ressaisir dans le set décisif, notamment au service. Et Gaston y a tenté quelques amorties de trop, moins bien touchées ou échouant carrément dans le filet, comme sur la deuxième balle de match du N.3 mondial.
Thiem, qui a perdu ses deux premières manches du tournoi, affrontera l'Argentin Diego Schwartzman (14e) pour une place dans le dernier carré.
Gaston, lui, grimpera aux portes du top 150 à la faveur de son épatante aventure parisienne.
Garcia soufflée
Caroline Garcia (45e), elle, a été soufflée 6-1, 6-3 en seulement 63 minutes par la N°5 mondiale, Elina Svitolina, pour son premier huitième de finale en Grand Chelem depuis plus de deux ans.
"Je n'ai pas réussi à jouer avec ce vent, je ne l'ai pas maîtrisé", reconnaît l'ex-N°4 mondiale, qui a commis 34 fautes directes. "La balle bougeait beaucoup. C'est frustrant parce que je n'ai pas réussi à m'exprimer", ajoute-t-elle.
Il ne reste plus qu'une seule joueuse française en lice, Fiona Ferro (49e). Elle sera opposée lundi à la N°6 mondiale, Sofia Kenin, pour une place en quarts de finale.
À 19 ans, Jannick Sinner (75e) et Iga Swiatek (54e) épatent déjà.
L'Italien est devenu le premier joueur depuis Rafael Nadal en 2005 -justement son prochain adversaire- à atteindre les quarts de finale Porte d'Auteuil dès sa première participation. Et le plus jeune quart-de-finaliste en tournoi majeur depuis Novak Djokovic en 2006. Une sacrée filiation.
Pour s'inscrire dans leurs pas, Sinner s'est offert 6-3, 6-3, 4-6, 6-3 le N°7 mondial Alexander Zverev.
"Je n'arrive pas vraiment à respirer et j'ai de la fièvre. En fait, je n'aurais pas dû jouer", avance le récent finaliste de l'US Open.
"Je n'ai rien remarqué. S'il avait quelque chose, je suis désolé. Mais je ne trouve pas qu'il ait si mal joué", répond Sinner.
La Polonaise a éjecté 6-1, 6-2 la prétendante N°1 au trophée, Simona Halep, en seulement 1h08 sous une pluie de coups gagnants (30). Une revanche éclatante pour celle qui avait été balayée 6-0, 6-1 en trois quarts d'heure par Halep, au même stade du tournoi, en 2019.
"Elle a joué de façon incroyable : elle était partout, frappait très fort et réussissait tout", résume la Roumaine, qui sait comment se consoler. "Je vais manger un morceau de chocolat et ça ira mieux demain."