Roberto De Castro, chirurgien d’élite au grand cœur

Fin 2015 à Hanoi, le Prix «Volontariat national - 2015», qui vient récompenser les personnes ayant réalisé de grandes actions pour la communauté, était décerné à dix collectifs et autant d’individus. Parmi eux, un étranger : le chirurgien italien Roberto De Castro. Rencontre.

>>Un conte de fée raconté dans un documentaire

En quelques années, le Professeur Roberto De Castro s’est fait un nom dans le monde médical vietnamien, après avoir gagné ses galons à l’international. Ce chirurgien italien est en effet parmi les plus grands experts mondiaux en néphrologie pédiatrique.

«Il paraît que le destin m’a conduit au Vietnam», s’amuse l’intéressé. Et de rappeler le cas de Thiên Nhân, un bébé abandonné dans la forêt il y a huit ans et retrouvé vivant, avec une jambe et le pénis en partie rongés par un animal sauvage. Mal en point, le nourrisson a été confié à Trân Mai Anh, une jeune femme au cœur d’or, mère de deux autres garçons.

Le Professeur Roberto De Castro donne des consultations gratuites à un jeune patient vietnamien.

Cherchant quelqu’un capable de redonner tous ses moyens à son enfant adoptif, elle a voyagé dans le monde entier. Sa quête l’a finalement menée à Roberto De Castro, aujourd’hui septuagénaire. Après plusieurs interventions chirurgicales délicates, le petit Thiên Nhân est de nouveau semblable à n’importe quel autre garçon. Et Mai Anh est depuis une assistante compétente du chirurgien italien lors de ses missions sacrées au Vietnam. Soutenus par d’autres personnes au grand cœur, ils ont créé le «Fonds de Thiên Nhân et ses amis» et le Programme d’opération humanitaire, grâce auxquels plusieurs centaines d’enfants vietnamiens victimes d’une malformation génitale ont été soignés.

Un agenda bien rempli

Depuis huit ans donc et ce tragique épisode, le praticien italien se rend deux fois par an au Vietnam. L’objectif : donner des consultations et des opérations gratuites en faveur des enfants frappés par une déformation congénitale au niveau des organes génitaux.

Sa dernière tournée s’est faite fin novembre 2015 à Dà Nang (Centre), avec un agenda particulièrement chargé.

Jeudi 29 novembre. Il est 8 heures et la journée s’annonce longue au vu du nombre de jeunes parents qui, leur enfant dans les bras, attendent dans le couloir devant la salle de consultation de la clinique pédiatrique de l’Hôpital de pédiatrie et d’obstétrique de Dà Nang. Certains sont ici pour une consultation postopératoire, d’autres pour une consultation avant l’opération, d’autres encore pour le premier examen.

Le Professeur Roberto De Castro (droite) partage ses connaissances avec des docteurs vietnamiens.

Dans la matinée, tour à tour, des dizaines de patients sont amenés dans la salle du docteur De Castro, entouré de ses confrères vietnamiens. Chaque petit est ausculté selon un protocole bien précis. Le professeur italien note, explique et discute, avant de prendre sa décision. Les diagnostics sont très variés. Hô Thanh Công, 4 mois, est un cas unique. Jusque-là considéré comme un garçon, en dépit d’une ambigüité sexuelle, Roberto a indiqué qu’il s’agissait certainement d’une fille. Et de décider de pratiquer le surlendemain une anesthésie sur l’enfant pour une consultation précise, avant d’opter pour la meilleure solution.

Dès 08h30 le lendemain, le praticien procède aux interventions. Plus de huit heures seront nécessaires pour opérer la dizaine de patients programmée ce jour-là dont le petit Son, atteint d’une malformation congénitale à la vessie. Un cas difficile, opéré pour la 3e fois.

Après un week-end bien mérité, le chirurgien recevra une autre «vague» de patients la semaine suivante.

«Des mains de diamant»

Qu’il soit à Hanoi, Hô Chi Minh-Ville ou Dà Nang, Roberto De Castro est toujours entouré d’assistants compétents, à commencer par les deux Vietnamiennes Trân Mai Anh et Na Huong, les deux époux italiens Greig, chargés de la gestion du «Fonds Thiên Nhân et ses amis» et du Programme d’opération humanitaire. Gravitent aussi autour de lui les indispensables «mécènes», comme des départements et hôpitaux de pédiatrie et d’obstétrique ou encore - dans le cadre précis de cette tournée à Dà Nang - le directeur d’un hôtel 5 étoiles et la patronne d’une boutique de crèmes glacées.

Hébergés gratuitement à l’hôtel 5 étoiles de Dà Nang, Roberto et son équipe font l’objet de la sympathie et de la reconnaissance des locaux. Comme par exemple cette femme qui, s’approchant de l’Italien, lui a pris les mains et bredouillé, dans un anglais approximatif : «Gold heart, diamond hands !». Puis, avec une émotion palpable, elle lui a demandé la permission de se faire prendre en photo avec l’homme au «cœur d’or» et aux «mains de diamant» et son équipe entière.

La venue au Vietnam du praticien est attendue comme le Messie par les familles des enfants frappés par le sort. En grand professionnel, il n’oublie jamais le nom ni le diagnostic de ses patients, bien qu’il ait traité plusieurs centaines de cas ces dernières années.

Et quid de cette montre Swatch verte qu’il porte au poignet qui, si elle fait fureur chez les jeunes, intrigue ? Pour l’anecdote, il arrive souvent que le docteur l’offre à son patient lorsque celui-ci fait preuve d’un grand courage ou, au contraire, est pétrifié par la peur.

Au fil des ans, «le Vietnam est devenu ma seconde Patrie», a exprimé cet homme pétri de talent de surcroît sympathique, simple et généreux. Récompensé du prix «Volontariat national – 2015», la cérémonie de remise s’est pourtant déroulée sans lui, rentré en Italie pour les fêtes de fin d’année. Sur l’écran placé derrière la scène, son image restera néanmoins pour la postérité aux côtés des neuf autres personnes auréolées de ce titre honorifique qui, elles, étaient sur place. Grazie dottore !

Nghia Dàn/ CVN

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