>>Décès du compositeur Nguyên Thiên Dao en France
Concert |
Le programme a réuni l’Ensemble polyphonique de Choisy-le-Roi, l’Ensemble vocal Hợp ca quê hương, la soprano Michiko Takahashi, l’alto Maria Kondrashkova, le ténor Ronan Meyblum...
Lors de ces représentations, sous la direction du chef d’orchestre Laurent Boer, les artistes ont interprété trois œuvres que sont le magnificat de Johann Sebastian Bach, Linh Giác (Éveil sacré) de Nguyên Thiên Dao et un concerto pour 2 violons d'Antonio Vivaldi.
Ce programme musical est né de la rencontre de l’Ensemble vocal Hợp ca quê hương, de l’Ensemble polyphonique de Choisy-le-Roi et du compositeur Nguyên Thiên Dao lors de l’Année croisée Vietnam-France 2014. L’idée d’une commande à Nguyên Thiên Dao s’est développée après une première interprétation de la cantate historique vietnamienne Le chant de la garde-frontière.
La connaissance de l’œuvre de Nguyên Thiên Dao, son parcours à la croisée des deux cultures vietnamienne et française, et l’amitié qui s’en est suivie ont encouragé les membres des deux ensembles à s’engager dans cette aventure. Le projet prévoit une série de concerts et d’animations en région parisienne au printemps 2016, puis un échange au Vietnam avec plusieurs concerts et une collaboration avec les formations vietnamiennes.
Nguyên Thiên Dao s’est mis aussitôt à écrire son œuvre Linh Giác pour soprano, chœur mixte, orchestre à cordes et percussion. Marquée par une atmosphère méditative, Linh Giác symbolise les six vies de toutes espèces dans le cycle bouddhiste de la réincarnation. Elle raconte l’histoire de deux héros de la nation vietnamienne : le moinillon Ly Công Uân, devenu plus tard le roi Ly Thái Tô, bâtisseur de la nouvelle capitale Thang Long en 1010, aujourd'hui Hanoi ; et 300 ans après, le Roi-Bouddha Trân Nhân Tông (Ly Thái Tô réincarné ?) qui abandonna le trône pour se retirer et entrer en méditation sur le mont Yên Tu, donnant naissance au courant du Trúc Lâm (Forêt de bambou), un courant bouddhique propre au Vietnam qui prône l’intégration sociale.
Nguyên Ngân Hà, qui dirige l’Ensemble vocal "Hợp ca quê hương". |
Lors d’un entretien accordé à l’Agence Vietnamienne d’Information, le chef d’orchestre Laurent Boer a révélé que ce programme musical était une idée qui l’habitait depuis longtemps, qu’il connaissait la musique de Nguyên Thiên Dao depuis qu’il était jeune étudiant et qu’il voulait le rencontrer. Au moment de l’Année croisée du Vietnam, il a eu l’occasion de travailler avec Nguyên Thiên Dao. Il en a profité pour lui demander une œuvre en regard de la musique classique occidentale et du baroque de Johann Sebastian Bach.
Laurent Boer a également confié qu’entre le magnificat et Linh Giác, il y a une grande trans-spiritualité, bien que Linh Giác soit plutôt du sens du bouddhisme avec des tenues et des résonances, alors que le magnificat est beaucoup plus exubérant et baroque. D’après lui, faire se rencontrer ces deux œuvres, c’est justement faire se rencontrer deux mondes qui sont différents mais qui se complètent, qui sont éloignés en apparence, mais qui en même temps se rapprochent.
Nguyên Ngân Hà, qui dirige l’Ensemble vocal Hợp ca quê hương, a fait part de sa "fierté" qu’une œuvre de Nguyên Thiên Dao - un compositeur qui garde un amour profond de son pays d'origine - soit jouée sous les voûtes d'églises de différentes villes françaises.
Le compositeur Nguyên Thiên Dao est né en 1940 à Hanoi. Il est l’auteur de nombreuses pièces à la confluence de la musique contemporaine et de la tradition orientale. Il est arrivé en France en 1953 et est entré en 1963 au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Il se définit comme "l’héritier des deux civilisations orientale et occidentale" entre lesquelles il tentera une synthèse. Durant sa vie, il a composé 94 œuvres musicales, une œuvre littéraire, et écrit beaucoup d'articles sur la musique et la culture. Il est décédé le 20 novembre 2015 à Paris des suites d’un cancer, avant que son programme musical reliant les deux cultures puisse voir le jour.
Texte et photos : Bích Hà/CVN