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Soldats haïtiens montent la garde un poste de contrôle après des combats entre bandes criminelles, policiers et soldats à Port-au-Prince, le 6 mars. |
Photo : AA/VNA/CVN |
La capitale haïtienne a continué ce week-end à s'enfoncer dans les violences liées aux gangs qui réclament la démission du Premier ministre Ariel Henry, tout comme une partie de la population, conduisant la Communauté des Caraïbes (Caricom) à convier pour une réunion d'urgence en Jamaïque des représentants de la France, du Canada et de l'ONU.
Pour les États-Unis, c'est le chef de la diplomatie en personne qui fait le déplacement.
Antony Blinken sera à Kingston lundi 11 mars pour discuter des efforts visant à "mettre en place rapidement une transition politique en Haïti via la création d'un collège présidentiel indépendant doté d'une large assise, ainsi que du déploiement d'une mission multinationale de soutien sécuritaire", a déclaré son porte-parole Matthew Miller dans un communiqué.
Le vice-président du Guyana, membre de la Caricom, Bharrat Jagdeo, a déclaré dimanche 10 mars que les pays impliqués "chercheraient à ramener l'ordre et à redonner confiance au peuple haïtien" face à des "criminels (qui) ont pris le contrôle du pays".
Évacuation d'ambassades
Dernier signe en date de cette crise sécuritaire, l'évacuation lundi 11 mars de l'ensemble du personnel de l'Union européenne à Port-au-Prince.
"En réponse à la détérioration dramatique de la situation sécuritaire, nous avons décidé de réduire nos activités sur le terrain et nous avons déplacé le personnel de la délégation de l'UE à Port-au-Prince vers un endroit plus sûr à l'extérieur du pays (...). Actuellement nous avons évacué tout le personnel de l'UE d'Haïti", a déclaré Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell.
La mission diplomatique allemande avait annoncé dimanche un mouvement similaire, annonçant avoir fait partir son ambassadeur en République dominicaine, le pays voisin d'où il travaillerait "jusqu'à nouvel ordre".
Dans la nuit de samedi 9 à dimanche 10 mars, les Américains ont évacué par hélicoptère de Port-au-Prince leur personnel diplomatique non essentiel.
Session du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation en Haïti à New York, aux États-Unis. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Ville en état de siège"
La capitale est le théâtre d'affrontements entre policiers et bandes armées, qui s'en prennent à des sites stratégiques dont le palais présidentiel, des commissariats et prisons. Une "ville en état de siège", selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Les autorités ont décrété il y a une semaine l'état d'urgence, assorti d'un couvre-feu nocturne, dans le département de l'Ouest, qui comprend la capitale, mais elles ne contrôlent pas entièrement ce territoire.
Pour remédier à cela, le Conseil de sécurité de l'ONU a donné à l'automne son accord à l'envoi d'une mission internationale dirigée par le Kenya pour aider la police haïtienne, mais son déploiement se fait cruellement attendre.
Le Premier ministre Ariel Henry a signé début mars un accord à Nairobi pour permettre l'envoi de policiers kényans, et cherche depuis à regagner Haïti. Il était aux dernières nouvelles toujours bloqué à Porto Rico, territoire américain des Caraïbes.
Haïti, sans président ni parlement, n'a connu aucune élection depuis 2016 et Ariel Henry, nommé par le président Jovenel Moïse juste avant son assassinat en 2021, aurait dû quitter ses fonctions début février.
Administrations fermées
Les administrations et écoles de la capitale sont fermées depuis plusieurs jours, et l'aéroport et le port ne fonctionnent plus, faisant craindre un effondrement de l'approvisionnement de la population du pays le plus pauvre des Amériques. Les hôpitaux, visés par les gangs, ne peuvent fonctionner normalement.
Selon l'OIM, 362.000 personnes - dont plus de la moitié sont des enfants - sont actuellement déplacées en Haïti, un chiffre qui a bondi de 15% depuis le début de l'année.
Maigre signe d'espoir: cinq personnes enlevées en février à Port-au-Prince, dont quatre religieux, ont été libérées, a annoncé dimanche 10 mars leur congrégation catholique, appelant à la libération de deux autres religieux retenus.
AFP/VNA/CVN