>>Un trésor automobile, ignoré pendant 50 ans, mis aux enchères en France
Des visiteurs admirent des vieilles voitures au salon Rétromobile, Porte de Versailles, près de Paris, le 5 février 2014. |
Ce salon qui souffle ses 40 bougies s'attend à une affluence de quelque 100.000 visiteurs, selon son directeur François Melcion, qui affiche son ambition de "faire voir ce qu'on ne voit pas ailleurs".
L'édition 2015 de Rétromobile sera en particulier consacrée à la DS, icône française dont Citroën va célébrer cette année les 60 ans. Trois extravagantes Bugatti Royale de 6,5 mètres de long, habituellement exposées à Mulhouse (Haut-Rhin), seront visibles.
Côté étranger, la marque espagnole Pegaso, spécialiste des voitures de sport, sera également à l'honneur, de même que le Tchèque Skoda, entre des dizaines de stands de clubs, marques et revendeurs, sur un total de 50.000 m2.
Des visiteurs admirent de vieilles voitures au salon Rétromobile, Porte de Versailles, près de Paris, le 5 février 2014. |
Mais le monde de la voiture ancienne aura surtout les yeux braqués le 6 février sur une vente aux enchères d'exception organisée en marge de Rétromobile par la société Artcurial, partenaire de la manifestation : celle d'une des plus impressionnantes "sorties de grange" du genre, la collection Baillon.
Roger Baillon, un transporteur de Niort (Deux-Sèvres) avait accumulé des voitures souvent uniques et aux noms évocateurs : Bugatti, Talbot, Hispano-Suiza, Delahaye ou encore Delage. Mais pendant près de 50 ans cette collection de dizaines de véhicules était restée sous des hangars, plus ou moins étanches, où un revers de fortune l'avait réléguée.
Une Ferrari 250GT California exposé au salon Rétromobile, Porte de Versailles, près de Paris, le 1er février 2012. |
"La découverte du siècle", avait titré en septembre dernier un magazine américain spécialisé, à la vue de ces tôles rouillées, capotes arrachées et moteurs figés. L'estimation basse de cette vente prévue le 6 février est de 42 millions d'euros et des montants record devraient être atteints.
Nouvelle bulle spéculative ?
La plupart de ces voitures devraient rester en l'état, "dans leur jus" disent les collectionneurs, à moins que leurs nouveaux propriétaires se lancent dans des "restaurations titanesques" estimées à entre 5 et 10.000 heures de travail, explique un expert.
La pièce vedette est une rarissime Ferrari 250 California décapotable aux lignes sensuelles passée entre les mains d'Alain Delon dans les années 1960. Mieux protégée que les autres mécaniques de la collection, elle devrait être vendue plus de 10 millions d'euros.
Une vielle 2 CV exposée au salon Rétromobile, à la Porte de Versailles, près de Paris, le 5 février |
Dans un marché mondialisé, avec la reprise aux États-Unis et la croissance soutenue en Asie, le prix des voitures de prestige et d'exception a tendance à augmenter fortement, rappelant le début des années 1990 quand une "bulle" spéculative des autos de collection, en particulier des Ferrari, avait fini par éclater avec fracas.
Les sommes stratosphériques que les amateurs plus fortunés consentent à débourser restent bien loin du budget moyen des collectionneurs français: la plupart chérissent des voitures dont la cote varie entre 5 et 10.000 euros.
Selon une étude récente de la Fédération francaise des véhicules d'époque (FFVE), la France compte environ 800.000 vélomoteurs, motos, voitures, camions ou engins divers considérés comme des pièces de collection.
Entre discours sécuritaire et anti-pollution, et sur fond de crise économique, "le mythe de l'automobile s'est dégradé", affirme Me Hervé Poulain, commissaire-priseur sous le marteau duquel passeront les joyaux de la collection Baillon. Pour lui, "il ne reste que deux mythes automobiles : la course, héroïque, et la collection".