>> Boissons sans alcool en France : une demande qui décolle
>> Laver les bouteilles et les réutiliser plutôt que les casser pour les recycler
>> Eaux en bouteille : derrière la fraude, un risque pour la santé ?
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Un employé de la société YSE livre des bouteilles de boissons en verre et récupère celles qui sont vides le 23 avril à Strasbourg. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans un immeuble du centre de Strasbourg, Antonin gravit les étages une caisse dans chaque main. Il vient livrer 23 bouteilles d'eau en verre à Christine Pfeiffer et Jean-Marc Faudi, 66 ans. En échange il repart avec le même nombre de bouteilles vides, qui une fois lavées, pourront être réutilisées.
En Alsace, la consigne n'a jamais disparu et connaît même un nouvel engouement avec le développement de services de livraison à domicile.
"Franchement, on apprécie. Je ne reviendrai pas en arrière", témoigne Christine. "Très préoccupée par l'environnement", la sexagénaire explique qu'elle en avait "marre des bouteilles en plastique". "Pour moi, c'est essentiel de passer au verre consigné, puisque c'est lavé, réutilisé. C'est vraiment une solution écologique."
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Un employé de la société YSE récupère des bouteilles en verre vides consignées le 23 avril à Strasbourg. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
A ses côtés, Jean-Marc se souvient qu'enfant, il rapportait les pots de yaourts et bouteilles de lait à l'épicerie. Il se félicite de voir le verre consigné faire son grand retour : "enfin, on retrouve le bon sens de nos grands-parents".
Jus de fruits, bières, soupes... En mai, la consigne en verre va faire son retour à grande échelle dans les supermarchés de Bretagne, Pays-de-la-Loire, Normandie et Hauts-de-France - soit 16 millions de consommateurs potentiellement concernés. Une expérimentation préalable à une éventuelle généralisation à toute la France.
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Des employés de la la société de livraison de boissons consignées YSE préparent des livraisons le 23 avril à Illkirch-Graffenstaden, près de Strasbourg. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'enjeu, selon l'éco-organisme Citeo, est de rattraper le retard en matière de réemploi des emballages.
Plus de 20 réutilisations
Edouard Haag, président de la brasserie Meteor, implantée à Hochfelden, à 30 kilomètres au Nord-Ouest de Strasbourg, est "absolument convaincu que c'est un système qui doit se redéployer au niveau national".
Selon une étude réalisée en 2009, une bouteille en verre réemployée permet d'économiser 79% de CO2 et 75% d'énergie par rapport à une bouteille en verre recyclée.
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Des bouteilles de bière vides sont lavées avant d'être réemployées à la brasserie Meteor à Hochfelden, près de Strasbourg, le 25 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il y a à la fois un enjeu écologique et économique" et "la réglementation va dans ce sens, avec des obligations croissantes", souligne M. Haag, citant la loi Agec sur l'économie circulaire de février 2020 qui vise 10% d'emballages réemployés d'ici à 2027.
À Hochfelden, où l'on brasse de la bière depuis 1640, sept millions de bouteilles en verre consignées sont produites chaque année par Meteor.
Une fois vidées, elles reviennent à la brasserie, où elles vont connaître une nouvelle vie. "Elles passent par différents bains dont un avec de la soude pour éliminer les étiquettes et les impuretés puis elles sont rincées", explique Thierry Charpilloz, employé chez Meteor depuis 27 ans.
Redevenues pimpantes, elles sont de nouveau remplies de bière, encapsulées, étiquetées et mises en caisses, prêtes à être livrées. Chacune peut ainsi être réemployée plus de 20 fois.
Changer les mentalités
Pour chaque bouteille de 75 cl consignée, les particuliers déboursent 20 centimes, somme qui leur est restituée lorsque le contenant est rapporté sur le lieu de vente.
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Un employé de la brasserie Meteor à Hochfelden, près de Strasbourg, surveille la chaîne d'embouteillage le 25 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"C'est un geste qu'il va falloir apprendre ou réapprendre. Et ça, nécessairement, ça prend un peu de temps. Mais je suis absolument convaincu que les consommateurs français vont s'y employer assez rapidement", espère Edouard Haag.
Pour simplifier cette démarche et éviter aux particuliers de se déplacer, des sociétés de livraison à domicile ont émergé ces dernières années.
Selon Erwann Dauges, cofondateur de la société de livraison de boissons consignées YSE, ce système séduit des personnes convaincues par le caractère "écologique", mais aussi "pratique" de la démarche, et qui permet de récupérer "environ 95 % des contenants".
Autre intérêt, la consigne "crée de l'emploi non délocalisable", souligne M. Dauges, citant les livreurs ou encore les laveurs.
Pour développer ce système, le plus grand défi, "c'est de changer les mentalités", estime l'entrepreneur. Car une fois clients, "très peu de gens reviennent au plastique".
AFP/VNA/CVN