>>Hanoï crée un groupe d’experts pour restaurer le pont Long Biên
>>Plan de réparation et de restauration du pont Long Biên
Le pont Long Biên, un monument historique incontournable de Hanoï. |
Photo : Pham Tuân Anh/VNA/CVN |
Plus d’un siècle après sa construction, le pont Long Biên fait partie des monuments historiques incontournables de Hanoï. Premier pont en acier enjambant le fleuve Rouge, ce pont relie les arrondissements de Hoàn Kiêm et de Long Biên. Sur ses 1.682 m de longueur, 20 piliers soutiennent 19 travées. De chaque côté, une voie est réservée aux deux-roues, un petit trottoir aux piétons. Au milieu se trouvent les rails de train. Sa construction, entreprise par les Français et réalisée par l’Entreprise Daydé&Pillé, s’est étendue de 1898 à 1902. Il avait été initialement nommé pont Doumer, en référence à Paul Doumer, le gouverneur général de l'Indochine de l’époque.
Après 120 ans, le pont s’est gravement détérioré. Récemment, en mai dernier, deux radeaux de béton se sont effondrés, créant de grands trous. Cet incident a menacé directement la sécurité de la circulation sur ce pont. Face à cette situation, le public a durci le ton sur l’état de ce monument historique. Il est temps de donner un plan global pour le restaurer et le préserver au lieu de le réparer par petites touches comme auparavant.
Une très bonne nouvelle : le 27 juin, le Comité populaire de la ville de Hanoï a décidé de créer un groupe d’experts pour la mise en place du projet de restauration du pont Long Biên financé par le gouvernement français.
"Le projet démontre l’attitude dynamique de la capitale Hanoï pour le règlement de cette question", a félicité Trân Huy Anh, membre permanent de l’Association des architectes de Hanoï. "Plusieurs experts se sont mis d’accord pour garder l’état intact de ce pont", a-t-il partagé. Et d’ajouter qu’il faut consolider la composition des piliers. "La préservation du pont Long Biên assurera sa durabilité et permettra son fonctionnement, son exploitation et son entretien", a souligné l’architecte.
Il a également cité l’exemple de la cathédrale Notre Dame de Paris dont une partie a été détruite par une incendie survenue les 15 et 16 avril 2019 pendant 15 heures. La France a immédiatement annoncé la reconstruction de ce bâtiment. En suivant cette exemple, les travaux du pont Long Biên peuvent appliquer les techniques modernes pour l’analyse de son état actuel, avec la création d’un modèle numérique et l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la prévention des risques et pour la sélection de la meilleure solution.
En saluant la décision sur la création du groupe d’experts, l’architecte Pham Thanh Tùng, expert en architecture urbaine a insisté sur quelques points à remarquer. D’abord, Hanoï devra accomplir rapidement les procédures pour que le pont Long Biên soit reconnu comme le patrimoine national.
"À long terme, avec le réajustement de la ligne ferroviaire nationale, le pont Long Biên ne devrait pas contenir de voie ferroviaire. C’est pour cette raison qu’on peut prévoir deux solutions. La première consiste à démonter puis rehausser le pont au-dessus du fleuve Rouge pour faciliter la circulation des bateaux. La deuxième prévoit de le garder intact au service du tourisme", a conseillé Pham Thanh Tùng. Toujours selon lui, le pont Long Biên devrait devenir une rue piétonne, reliée aux autres rues piétonnes de la capitale lors du week-end.
Soutien français
La restauration du pont Long Biên dépend beaucoup de la décision si le train continue à passer sur le pont ou pas. |
Photo : Thành Dat/VNA/CVN |
Récemment, lors d’une récente interview accordée aux journalistes vietnamiens, Nicolas Warnery, ambassadeur de France au Vietnam a réaffirmé que la France accompagnera le Vietnam dans la restauration du pont Long Biên. "Le pont Long Biên, pour moi, est une sorte de Tour Eiffel couchée sur le fleuve Rouge. C’est le symbole de la ville de Hanoï et de sa résilience puisqu’il a été bombardé et qu’il a tenu", a souligné le diplomate. Il a également rappelé que lors de la visite d’État du président Jacques Chirac au Vietnam en 2004, le président français s’est enthousiasmé pour ce projet, en à parler et à mobiliser les entreprises françaises sur ce thème.
En 2008, la France a financé à hauteur de 800.000 euros une étude de faisabilité pour voir ce qui était possible de faire sur différentes pistes. "Pourtant, ce projet en 2008 n’est pas aller plus loin", a regretté l’ambassadeur. La raison s’explique par le fait que la gestion du pont dépend à différents organes. "Le pont sert à plusieurs utilisateurs, aux piétons et aux cyclistes, ça dépend de la gestion de la ville de Hanoï, mais aussi aux trains qui dépendent du ministère des Transports et des Communications et de la Compagnie de chemin de fer", a-t-il expliqué. "Ce qui a rendu très difficile pour le moment, la décision quant à l’avenir du pont et de la mise en œuvre du projet et de son financement", a poursuivi Nicolas Warnery.
Le Comité populaire de Hanoï est récemment investi de la responsabilité de l’avenir du projet en fondant un groupe de travail. "Nous espérons accompagner ce groupe de travail comme nous le demandera le Comité populaire municipal pour que une décision soit prise sur l’usage futur du pont et à ce moment-là on pourra monter un projet. Tout dépend de savoir si le train continue à passer sur le pont ou pas, c’est ça la grande question", a conclu l’ambassadeur.
Actuellement, l’unité de gestion du pont Long Biên a installé des messages d’alerte et interdit l’accès aux véhicules surchargés. Il s’agit là de solutions de circonstances. Sur le long terme, le pont centenaire nécessite d’un plan global qui assure à la fois la préservation du monument historique et la circulation des habitants.
Vân Anh/CVN