Repoussé par Musk, Twitter chute à Wall Street et se met en ordre de bataille judiciaire

Twitter a été touchée de plein fouet lundi 11 juillet à Wall Street par l'abandon par Elon Musk de son projet de racheter le réseau social, une décision "invalide et injustifiée" selon la plateforme qui exige que le multimilliardaire respecte ses engagements.

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Le ralentissement de la croissance économique devait "affecter de façon significative les revenus publicitaires" de Twitter

Le titre de l'entreprise a chuté de 11,3% à la Bourse de New York pour finir à 32,65 USD, soit 40% de moins que ce qu'avait offert l'entrepreneur lorsqu'il avait annoncé son intention de mettre la main sur Twitter mi-avril.

Mais après plusieurs mois d'atermoiements et de menaces plus ou moins directes, M. Musk a fait savoir vendredi dans une lettre à Twitter qu'il mettait fin à cet accord.

L'entreprise, estime-t-il, n'a pas respecté ses engagements en ne communiquant pas suffisamment d'informations sur les faux comptes et les spams, et en minimisant leur nombre.

Pour justifier son renoncement, M. Musk invoque aussi plusieurs décisions récentes de Twitter comme le gel des recrutements, contraire selon lui à l'obligation pour l'entreprise de continuer à fonctionner normalement.

Faux, ont officiellement répondu les avocats de Twitter dans une lettre adressée dimanche à M. Musk et ses représentants légaux, et publiée lundi soir 11 juillet sur le site de l'autorité américaine des marchés financiers.

"Contrairement aux affirmations de votre lettre, Twitter n'a enfreint aucune des obligations prévues dans l'accord", écrivent-ils.

Le réseau social exige en conséquence que le multimilliardaire tienne ses engagements.

Twitter affirme notamment avoir transmis les informations demandées par M. Musk sur le nombre de comptes inauthentiques sur sa plateforme, qu'il affirme être inférieur à 5% alors que le multimilliardaire l'estime beaucoup plus élevé.

Les raisons avancées par l'entrepreneur ne permettent pas de motiver légalement une rupture de contrat, avancent plusieurs spécialistes.

Les deux camps sont donc désormais engagés dans un bras de fer juridique, qui pourrait coûter plusieurs milliards de dollars à M. Musk s'il venait à perdre.

Risques pour la réputation

Plus tôt dans la journée, M. Musk avait partagé lundi 11 juillet sa première réaction sur Twitter depuis l'annonce de son retrait en publiant une image contenant quatre photos où il apparaît hilare.

"Ils ont dit que je ne pouvais pas acheter Twitter. Ensuite ils ont refusé de révéler les informations sur les faux comptes. Maintenant ils veulent me forcer à racheter Twitter au tribunal. Maintenant ils sont obligés de révéler les informations sur les faux comptes", peut-on lire à côté de chaque cliché.

Il a publié peu après une photo de l'acteur Chuck Norris gagnant aux échecs, simplement accompagnée de l'expression "Chuckmate", jeu de mot entre "échec et mat" et le nom de l'acteur.

Pour Dan Ives de Wedbush Securities, "il s'agit pour Twitter et son conseil d'administration d'une situation de +danger extrême+ au moment où l'entreprise va affronter Musk dans une bataille juridique digne de Game of Thrones pour sauver la transaction ou récupérer au moins les indemnités de rupture d'un milliard de dollars (américains)".

"Nous ne voyons aucun autre enchérisseur se démarquer à l'heure actuelle, alors que la procédure judiciaire va débuter devant les tribunaux", ajoute l'analyste.

Ali Mogharabi, analyste pour Morningstar, estime toutefois qu'au niveau où l'action évolue actuellement, "d'autres parties pourraient s'intéresser à Twitter". Il existe toujours le scénario où Elon Musk finit par racheter le groupe, mais à un prix renégocié à la baisse, ajoute-t-il dans une note.

Sans s'avancer sur le résultat de la bataille judiciaire, les analystes de l'agence de notation S&P Global Ratings notent que dans tous les cas, cela "accroît l'incertitude et les risques pour la réputation" de la plateforme.

Le ralentissement de la croissance économique devait "affecter de façon significative les revenus publicitaires" de Twitter qui constituent environ 90% de son chiffre d'affaires, avancent-ils également.

Ils prévoient d'abaisser la note de Twitter d'un ou plusieurs crans si la transaction est confirmée au prix initial ou si elle est annulée. Ils pourraient en revanche décider de la laisser à son niveau actuel si les deux parties parviennent à un accord et que la réputation du réseau social, aussi bien auprès de ses utilisateurs que des annonceurs, n'est pas trop entamée.

AFP/VNA/CVN

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