Rencontre Sarkozy-Merkel à l'ombre de la taxe sur les échanges financiers

Le président français Nicolas Sarkozy est arrivé le 9 janvier à Berlin pour évoquer avec la chancelière allemande Angela Merkel un projet français de taxation des transactions financières au moment où la crise de la dette en zone euro repart de plus belle.

Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, le 9 janvier à Berlin.


L'Allemagne est elle-même partisane d'une telle taxe. Mais Steffen Seibert, porte-parole de Mme Merkel, a répété le 9 janvier que "la priorité restait une adoption à l'échelle des 27 États membres de l'Union européenne" et qu'il s'agissait pour l'instant avant tout de clarifier la position des uns et des autres.

Plusieurs pays, Grande-Bretagne en tête, sont farouchement opposés à une telle taxe. La réunion à Berlin doit préparer le sommet européen du 30 janvier et en particulier préciser les contours du nouveau pacte de discipline budgétaire entre pays européens, dont le principe avait été adopté fin décembre.

Christian Schulz, économiste de Berenberg Bank, s'attend ainsi à ce que Paris et Berlin accompagnent leur discours d'austérité "d'initiatives de croissance", mais précise qu'aucune des deux capitales "ne sera prête, ou en mesure d'investir de grosses sommes d'argent". Et surtout pas la France, qui s'attend à une dégradation de sa note de solvabilité AAA.

Dirk Schumacher, économiste de Goldman Sachs, évoque un autre "point de divergence" entre Paris et Berlin : selon lui, l'Allemagne souhaiterait lier plus étroitement que Paris le futur pacte de discipline budgétaire et le futur fonds d'aide européen MES.

Ces débats de moyen et long terme jurent avec le caractère d'urgence qu'a repris ces derniers jours la crise de la dette en zone euro, avec en particulier une résurgence des inquiétudes sur la Grèce, sous perfusion de l'aide internationale depuis le printemps 2010.

Le Fonds monétaire international (FMI), l'un de ses créanciers, a de plus   en plus de doutes sur la capacité du pays à réduire durablement son endettement faramineux, croit savoir le Spiegel. La directrice générale du FMI Christine Lagarde est attendue à Berlin pour une rencontre "informelle" avec Mme Merkel le 10 janvier dans la soirée.

Qui dit participation potentiellement plus importante des créanciers privés dit stress supplémentaire pour les banques de la zone euro, déjà mal en point comme l'illustrent les déboires de l'italienne UniCredit. Elle a été contrainte de brader ses actions pour procéder à partir du 9 janvier à une augmentation de capital de 7,5 milliards d'euros.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a encore un peu plus plombé l'ambiance en reconnaissant le 9 janvier que l'actuel fonds de secours européen, le FESF, avait du mal à convaincre les investisseurs privés de lui prêter l'argent nécessaire à son fonctionnement. Le FESF aide jusqu'ici la Grèce, l'Irlande et le Portugal.

 

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