Sherry Garland se confie : «Comme beaucoup d’Américains atteignant l’âge adulte dans les années 1960, je savais très peu du Vietnam et de sa culture, ne pouvant même pas localiser ce pays sur la carte du monde. Les livres scolaires ne mentionnaient pas le terme +Sud-Est asiatique+. Tout ce que je savais du Vietnam se limitait aux nouvelles données par la TV du soir et les journaux. Le Vietnam était pour moi un pays déchiré par la guerre, un pays de jungle et de rizières, un peuple de paysans en pantalon noir flottant et coiffés de chapeau comique.
Toute cela a complètement changé en moi au cours des dernières années 1970 quand des milliers de réfugiés Vietnamiens commençaient à venir dans la région de Houston. J’ai lié amitié avec plusieurs familles vietnamiennes appartenant à différentes catégories sociales, des paysans cultivateurs de riz aux enseignants cultivés. Ils m’ouvraient leur cœur et leur home, ce qui m’a rendu amoureux de leur culture. De plus en plus attaché à la communauté vietnamienne, j’ai appris tout de suite une chose : la poésie fait partie intégrale de l’âme vietnamienne. Il me semble que tout Vietnamien que je rencontre est lié à la poésie.
… Des simples soldats rimant dans leurs lettres envoyées à leur famille aux riches dirigeants et aux bonzes pieux, les Vietnamiens ont employé au fil des années la poésie comme mode d’expression personnelle. Au cours des dernières années, on a publié nombre de poèmes de guerre vietnamiens traduits en anglais, mais il y a peu de recueils de poèmes du passé et de poèmes reflétant tous les aspects de la société vietnamienne nouvelle».
Un médecin attaché à la culture et aux lettres
Sherry Garland pense que l’ouvrage de Vu Dinh Dinh pourrait combler cette lacune : Selected vietnamese poetry (R & M - Stafford - Texas). Comme écrivain, il a lu depuis plusieurs années pas mal d’ouvrages sur le Vietnam, mais il estime que c’est la poésie qui lui a révélé de manière affective et profonde l’essence de la vietnamité. La lecture des poèmes choisis et traduits par Vu Dinh Dinh permet de communier avec les Vietnamiens dans leurs sentiments et aspirations au sujet de l’amour, de la famille, de la nature, du sens du devoir, bien mieux que les textes historiques.
Célébration de la Journée de la poésie vietnamienne (15e jour du premier mois lunaire) 2012 au Temple de la Littérature à Hanoi. |
Vu Dinh Dinh est homme de science. La littérature est son violon d’Ingres. Octogénaire, il est né et a grandi au Vietnam avant de s’installer aux États-Unis il y a plus d’un demi-siècle. Il s’est formé dans plusieurs universités américaines, North Carolina à Chapel Hill, Chicago, Hawaï. Il a enseigné dans plus d’un établissement, publié ses travaux dans la presse scientifique internationale et obtenu plusieurs distinctions scientifiques.
Parmi ses publications littéraires, figurent In search of a traditionnel code of behavior in Cochinchina, Reassessement of the origin and use of a Weternized place name, Selected vietnamese poetry. N’oublions pas sa traduction très élaborée (en anglais), d’un document fondamental de l’histoire du Vietnam, la Proclamation sur la pacification des Ngô (XVe siècle) rédigée par Nguyên Trai au nom de Lê Loi (futur roi Lê Thai Tô) après une guerre de résistance de dix ans contre l’occupant chinois.
Les préoccupations littéraires du Docteur Vu Dinh Dinh montrent son profond attachement à la culture de son pays d’origine. Son Seleted vietnamese poetry, une œuvre d’amour est un choix de cent poèmes vietnamiens écrits au fil de mille ans d’histoire, du XIe siècle jusqu’à nos jours. Chaque poème est publié conjointement avec son original vietnamien, ce qui donne un plaisir double aux lecteurs bilingues.
Les œuvres sont classées selon les thèmes qui révèlent le mieux l’âme vietnamienne de toujours :
1. La terre que nous chérissons
2. Appels patriotiques
3. Liens familiaux
4. L’amour : style vietnamien
5. La nature humaine
6. Guerre et paix - Spiritualité
7. Liens sociaux
L’auteur ajoute une note personnelle en plus à son œuvre en s’occupant lui-même du design. Sherry Garland conclut sa préface : «La lecture de cet ouvrage révèle que la nature et les sentiments de l’homme sont universels, les mêmes en tout temps et dans n’importe quelle culture. M. Dinh a fait un don magnifique aussi bien aux Vietnamiens qu’aux anglophones épris de poésie».
Huu Ngoc/CVN